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Si vous lisez ce texte, il y a de fortes chances que quelqu’un de votre entourage vous a dit récemment qu’il avait vécu du harcèlement sexuel au travail. Ça peut être choquant d’apprendre ça et difficile de savoir quoi dire ou comment réagir. Voici quelques suggestions pour vous aider à bien réagir.

Plutôt que de faire ça:

Éviter la personne ou changer de sujet.

Essayez plutôt de dire ceci:

Je ne sais pas trop quoi dire, mais je suis ici pour t’écouter.

Plutôt que de dire ça:

C’est vrai que ç’a l’air terrible, mais qu’est-ce que t’as fait pour que ça en arrive là?

Essayez plutôt de dire ceci:

Tu n’as rien fait pour mériter ça.

Plutôt que de dire ça:

Je ne sais pas comment t’aider.

Essayez plutôt de dire ceci:

Il faut beaucoup de courage pour parler de ça. Merci de me faire confiance.

Plutôt que de dire ça:

Si j’étais à ta place, je me serais plus défendu.

Essayez plutôt de dire ceci:

C’est dur de savoir comment on réagirait si on était dans cette situation.

Plutôt que de dire ça:

Ça ne serait pas arrivé si tu n’avais pas…

Essayez plutôt de dire ceci:

Ne te blâme pas. Ce qui t’est arrivé n’est pas ta faute.

Plutôt que de dire ça:

C’est pas si grave, ça arrive tout le temps.

Essayez plutôt de dire ceci:

Tu n’es pas seul. Malheureusement, ça arrive beaucoup trop souvent.

Plutôt que de dire ça:

Je sais exactement comment tu te sens…

Essayez plutôt de dire ceci:

Comment te sens-tu?

Plutôt que de dire ça:

Ben, tu t’attendais à quoi?

Essayez plutôt de dire ceci:

Personne ne mérite d’être harcelé au travail.

Plutôt que de dire ça:

Voici ce que je pense que tu devrais faire…

Essayez plutôt de dire ceci:

De quoi as-tu besoin maintenant?

Plutôt que de dire ça:

Comment tu sais si c’est ce qu’il voulait vraiment dire?

Essayez plutôt de dire ceci:

Peu importe ce qu’il voulait dire, ça ne se fait pas.

Plutôt que de dire ça:

Peut-être qu’il faisait juste flirter?

Essayez plutôt de dire ceci:

Ce qui t’est arrivé est inacceptable.

Plutôt que de dire ça:

Ah, c’est malaisant.

Essayez plutôt de dire ceci:

Je suis désolé que ça te soit arrivé.

Plutôt que de dire ça:

Dis-moi tout!

Essayez plutôt de dire ceci:

Tu veux en parler? Tu n’as pas besoin de me donner des détails à moins que tu sois à l’aise de le faire.

Plutôt que de dire ça:

J’appelle la police!

Essayez plutôt de dire ceci:

Tu veux le signaler à la police?

Plutôt que de dire ça:

Alors, qu’est-ce qui va se passer? Vas-tu démissionner? Qu’est-ce qui va arriver si tu perds ton emploi? Qu’est-ce qui va arriver si t’arrives pas à trouver un nouvel emploi? Vas-tu porter plainte? Alors?

Essayez plutôt de dire ceci:

Tu dois te sentir dépassé. Prends du temps pour toi. Tu n’as pas besoin de prendre de grosses décisions tout de suite.

Plutôt que de dire ça:

Qu’est-ce que t’as fait pour que ça arrive?

Essayez plutôt de dire ceci:

Ce n’est pas ta faute.

Plutôt que de dire ça:

Oh, wow, je n’arrive pas à y croire!

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

Plutôt que de dire ça:

Es-tu certain?

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

Plutôt que de dire ça:

Tu te trompes peut-être.

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

Plutôt que de dire ça:

J’ai de la misère à croire que c’est arrivé.

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

Plutôt que de dire ça:

Mais il est tellement gentil!

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

Plutôt que de dire ça:

Est-ce que tu exagères?

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

Plutôt que de dire ça:

Je suis certain qu’il plaisantait.

Essayez plutôt de dire ceci:

Je te crois.

La plupart des réponses ci-dessus sont des choses que les gens pensent ou disent souvent au début, lorsqu’ils apprennent la nouvelle. Si vous avez dit quelque chose au début que vous regrettez maintenant, songez à parler à la personne et à vous excuser ou à clarifier ce que vous vouliez dire.

Il est également utile de réfléchir à la façon dont vous pouvez soutenir la personne au fil du temps. Il est commun que les gens se sentent dépassés, tristes, en colère, effrayés et bouleversés pendant de longues périodes. Si vous pensez à l’une des choses suivantes…

  • Vas-tu toujours te sentir comme ça?
  • Quand vas-tu passer par-dessus ça?
  • Pourquoi tu ne peux pas simplement passer par-dessus?
  • Ces choses-là arrivent tout le temps, mais on peut pas juste pleurer à cause de ça.

…il est probable que vous pensiez à ces choses parce qu’il est difficile de voir cette personne souffrir et de ne pas savoir comment l’aider. Vous voulez peut-être l’aider à aller de l’avant, mais vous ne savez pas quoi dire.

Il peut être utile de se rappeler que, même si c’est difficile pour vous de voir cette personne avoir de la peine et souffrir, c’est beaucoup plus difficile pour la personne qui traverse cette épreuve.

Au lieu d’exercer de la pression sur les gens pour qu’ils se dépêchent à se sentir plus heureux, nous vous demandons d’être patient. Donner à la personne de l’espace et du temps pour parler de ses émotions lui permet de passer en revue ce qu’elle ressent et de commencer à se sentir mieux. La durée exacte dépend de chaque personne.

N’oubliez pas que l’une des meilleures façons d’aider la personne est d’écouter, sans lui mettre de pression pour qu’elle se sente différemment. Voici une vidéo qui peut vous aider à mieux comprendre.

Vous pouvez aussi demander à la personne ce dont elle a besoin. Plutôt que de faire des suppositions ou de lui dire ce qui l’aidera, posez-lui directement la question. Elle pourrait ne pas toujours le savoir, mais ça peut quand même être utile pour elle de savoir que vous êtes là pour elle et que vous êtes prêt à les aider.

Si vous êtes affecté par le fait que cette personne a été harcelée sexuellement, demandez-vous qui d’autre dans votre entourage peut vous offrir un soutien émotionnel. Il est probable que la personne qui est aux prises avec le harcèlement sexuel doive se concentrer sur ses propres besoins en ce moment. Alors, demandez-vous qui d’autre peut vous aider. Vous pouvez tout de même respecter la vie privée de la personne harcelée puisque vous n’avez pas nécessairement besoin de donner à la personne qui vous soutient des détails au sujet de ce que la personne harcelée vit. Cet article pourrait vous aider à mieux comprendre cette idée.

Si vous voulez en savoir plus sur la façon d’aider quelqu’un de votre entourage, veuillez consulter cet article.


Imaginez que vous vous réveillez un jour et que vous découvrez un raton laveur dans votre maison. Vous n’aimez pas ce raton laveur; il sent mauvais, il n’est pas gentil, et il fait des dégâts. Vous voulez vous en débarrasser, mais vous ne savez pas comment.

Sérieusement, vous n’avez aucune idée de ce que vous devez faire.

Il commence à courir partout, à briser des choses et à causer des problèmes.

Désespéré, vous décidez d’éteindre les lumières. Le raton laveur est toujours là, mais au moins, pour quelques instants, vous pouvez l’ignorer et faire semblant que tout va bien.

Pendant un certain temps, les choses semblent normales et vous vous dites qu’il n’y a pas de raton laveur dans votre maison.

Mais quelque chose ne va pas.

Finalement, les lumières se rallument. Vous voyez que le raton laveur est encore dans votre maison et que les dégâts sont pires.

Le fait d’éteindre les lumières n’a pas vraiment aidé. Cela vous a simplement permis de faire semblant que le raton laveur n’était pas là pendant un moment.

Vous voulez vraiment que ce raton laveur parte, mais encore une fois, vous ne savez pas quoi faire.

Vous craignez que le raton laveur ne parte jamais. C’est très effrayant et accablant.

Ne sachant pas ce que vous pouvez faire d’autre, vous éteignez de nouveau les lumières.

Lorsque les lumières s’allument pour la seconde fois, vous vous rendez compte que le raton laveur a causé encore plus de dommages. Pire encore, il n’est pas seul. Il y a maintenant une mouffette dans votre maison.

Vous vous précipitez pour éteindre les lumières. Vous essayez de faire semblant que le raton laveur et la mouffette sont partis, mais une partie de vous sait que c’est qu’une question de temps avant que les lumières se rallument. Même si les lumières sont éteintes, les animaux sont toujours là. Plus ils restent longtemps cachés dans votre maison, plus ils risquent de causer des dommages.

Plus tard, lorsque les lumières s’allument de nouveau, vous ne reconnaissez plus votre maison. Le raton laveur et la mouffette ont causé beaucoup de dommages, et il y a maintenant un renard, deux cerfs et trois écureuils qui courent partout.

Vous vous rendez compte que cette habitude d’éteindre les lumières n’aide en rien et ne fait qu’empirer les choses.

Le problème, c’est que vous ne savez toujours pas comment sortir ces animaux de chez vous.

Vous vous sentez coincé, mais vous vous promettez d’arrêter d’éteindre les lumières.

Vous décidez que vous devez développer une nouvelle compétence. Vous lisez peut-être sur la façon de sortir les animaux de la maison, ou vous parlez peut-être à quelqu’un qui a vécu la même chose. Vous essayez peut-être de vous souvenir d’autres fois où vous aviez des animaux chez vous, et de ce qui a fonctionné à l’époque. Vous essayez peut-être de penser à un conseil que vous donneriez à un ami qui a des animaux dans sa maison.

Vous commencez enfin à voir la lumière au bout du tunnel.

En gardant les lumières allumées, vous trouvez des façons d’écouter les animaux de manière sécuritaire et de comprendre ce dont ils ont besoin. Lentement, vous vous rendez compte qu’en écoutant et en essayant de comprendre pourquoi chaque animal est là, vous pouvez mieux répondre à ses besoins. Finalement, les animaux finissent par partir de leur propre gré.

Certains animaux prennent un peu plus de temps que d’autres, mais ils finissent tous par disparaître.

Mais la vérité, c’est que les animaux reviendront encore dans votre maison. En fait, elle est censée accueillir des animaux de temps à autre.

La différence maintenant, c’est que lorsque les animaux reviennent chez vous, vous savez mieux comment réagir. Vous n’avez pas besoin de les ignorer ou de vous distraire. Les lumières peuvent rester allumées. À la place, vous écoutez et essayez de comprendre pourquoi ces animaux sont là.

Réflexion

Quelles sont les émotions inconfortables (ratons laveurs) desquelles vous essayez de détourner votre attention?

Que faites-vous pour détourner votre attention de vos émotions—éteindre les lumières (alcool, jeux d’argent, jeux vidéo, sexe, magasinage, drogues, travail, exercice, médias sociaux, prendre soin des autres, nourriture, etc.)?

Si vous décidiez d’arrêter d’éteindre les lumières, que pourriez-vous faire d’autre?


Voici une liste d’études et d’articles que nous avons utilisés pour créer ce site. Si vous voulez nous faire part d’un article, veuillez nous envoyer un courriel à [email protected]. Merci!


 « Why Didn’t She Just Report Him? The Psychological and Legal Implications of Women’s Responses to Sexual Harassment » (1995, Journal of Social Issues) est une méta-analyse visant à découvrir pourquoi les femmes ne signalent pas le harcèlement sexuel. La méta-analyse a découvert que les femmes craignaient de subir des représailles et croyaient que rien ne serait fait même si elles signalaient le harcèlement. Les auteures sont arrivées à la conclusion que « malheureusement, ces croyances sont souvent bien fondées », soulignant qu’une étude a révélé qu’un tiers des personnes ayant signalé du harcèlement avaient déclaré que le signalement avait « empiré les choses ». Une autre étude a découvert que le signalement était associé à « des résultats plus négatifs à tous les égards (travail, santé psychologique et physique) ». De nombreuses études ont découvert que « les plaignants n’ont pas beaucoup de succès devant les tribunaux » et que, même lorsqu’ils avaient gain de cause, les montants accordés dans le cadre des règlements étaient généralement assez petits. La moitié des personnes qui ont signalé le harcèlement sexuel ont perdu leur emploi, et un autre 25 % l’ont quitté par peur ou par frustration. La méta-analyse conclut que « malgré l’opinion répandue au sein du public selon laquelle les femmes devraient “gérer” le harcèlement avec aplomb, confronter immédiatement l’auteur du harcèlement et signaler ce dernier aux autorités compétentes, les réactions à ce genre de réponse ne sont généralement pas favorables aux personnes qui dénoncent ». L’un des chercheurs fait la remarque suivante: « Étant donné les coûts psychologiques et économiques immenses pour les personnes qui ont recours à une procédure officielle par rapport aux gains potentiellement faibles pouvant en être tirés, il n’est pas surprenant que si peu de victimes choisissent cette voie. » 🇺🇸

« The (Un)reasonableness of Reporting: Antecedents and Consequences of Reporting Sexual Harassment » (2002, Journal of Applied Psychology) révèle que le signalement déclenche souvent des représailles et « peut causer du tort aux victimes comme une réduction de la satisfaction au travail et une augmentation de la détresse psychologique. Ces résultats suggèrent que, du moins dans certains environnements de travail, l’approche la plus “raisonnable” pour les victimes consiste à éviter de signaler l’incident ». 🇺🇸

« Sexual Harassment in the Private Sector » (2003, Academic and Workplace Sexual Harassment: A Handbook of Cultural, Social Science, Management and Legal Perspectives) fait référence à un certain nombre d’études décrivant quel genre de personne signale le harcèlement sexuel et ce qui arrive ensuite. Le pourcentage de survivants qui ont signalé ce qui leur est arrivé est étonnamment faible: selon les 6 études citées, ce nombre varie de moins de 5 % à 18 %. Les personnes qui ont signalé l’incident avaient tendance à avoir vécu ce qui a été caractérisé comme des types de harcèlement plus « offensants ». Parmi les personnes qui ont signalé un incident, environ un tiers ont déclaré que la situation avait empiré. C’était en grande majorité le cas pour les personnes qui se sont plaintes directement à leur harceleur. 🇺🇸

« “I’m Not Thinking of It as Sexual Harassment”: Understanding Harassment across Race and Citizenship » (2006, Gender & Society) révèle que les femmes noires trouvent qu’il est impossible de séparer le harcèlement sexuel du harcèlement racial, et qu’elles ont l’impression que le harcèlement sexuel est plus facile à gérer et moins « urgent » que le harcèlement et la discrimination basés sur la race. Les femmes noires de l’étude avaient l’impression que les femmes blanches étaient moins habiles que les femmes noires pour gérer le harcèlement sexuel par elles-mêmes. L’étude a découvert que les Philippines travaillant comme aides familiales avec des visas limités avaient des opinions plus ambiguës par rapport au harcèlement sexuel. Travaillant majoritairement pour des employeurs blancs au sein de leurs résidences, elles n’étaient pas toujours certaines de savoir où se trouve la limite entre un comportement approprié et un comportement inapproprié. Les travailleuses philippines ont aussi établi un lien avec le fait qu’elles n’avaient pas tous les droits liés à la citoyenneté en réfléchissant aux répercussions de leur situation sur leur capacité à faire quelque chose à propos de leurs expériences. 🇨🇦

« Workplace Harassment: Double Jeopardy for Minority Women » (2006, Journal of Applied Psychology), un sondage réalisé auprès de 238 travailleurs syndiqués dans des milieux de travail diversifiés sur le plan racial, a découvert que « les femmes issues de groupes minoritaires étaient beaucoup plus harcelées que les hommes issus de groupes minoritaires, et que les femmes et les hommes issus de groupes majoritaires lorsque le harcèlement ethnique et le harcèlement sexuel étaient combinés en une mesure globale du harcèlement ». 🇨🇦

« The Moderating Roles of Race and Gender-Role Attitudes in the Relationship Between Sexual Harassment and Psychological Well-Being » (2007, Psychology of Women Quarterly) a découvert que plus on vit de harcèlement sexuel, plus on signale de la détresse et du stress post-traumatique, et moins on est satisfait de sa vie en général. L’étude révèle que les femmes blanches féministes qui ont vécu du harcèlement sexuel subissaient moins de répercussions négatives que les femmes blanches qui ne sont pas féministes. Selon l’hypothèse des auteures, cela s’expliquerait par le fait que les femmes blanches féministes sont peut-être capables d’attribuer les expériences de harcèlement à des injustices sociales basées sur le genre, ce qui leur permettrait de « mieux se protéger contre les conséquences psychologiques néfastes du harcèlement sexuel ». Les femmes noires féministes, par contre, ont subi plus de répercussions négatives découlant du harcèlement sexuel par rapport aux femmes noires non féministes. Selon l’hypothèse des auteures, étant donné que « les femmes noires appartiennent à plusieurs groupes marginalisés, elles pourraient se sentir touchées personnellement par de multiples systèmes d’iniquité; en d’autres mots, une conscience accrue des enjeux relatifs aux genres pourrait entraîner une conscience accrue des difficultés et de l’oppression basées sur la race ainsi qu’une conscience accrue de l’oppression qui les cible à l’intersection de leur race et de leur genre. Pour ces femmes, le harcèlement sexuel pourrait renforcer l’impression d’être ciblée personnellement et à risque de harcèlement supplémentaire, ce qui pourrait mener aux répercussions plus négatives sur le bien-être psychologique que nous avons observées ». L’étude mentionne également: « Par ailleurs, après le harcèlement, les femmes blanches pourraient avoir un meilleur accès aux ressources juridiques et de santé mentale que les femmes noires. Les attitudes féministes pourraient encourager les femmes blanches à tirer avantage de ces ressources, leur permettant ultimement de gérer plus efficacement les expériences de harcèlement sexuel. De l’autre côté, les femmes noires qui ont des attitudes plus féministes pourraient être plus sceptiques et critiques quant à la possibilité de remédier à la situation en recourant à des mesures juridiques, à des plaintes ou à des services de consultation ». 🇺🇸

« Examining the Job-Related, Psychological, and Physical Outcomes of Workplace Sexual Harassment: A Meta-Analytic Review » (2008, Psychology of Women Quarterly) a analysé 49 études primaires et découvert que « les expériences de harcèlement sexuel ont une association négative avec les résultats liés au travail ainsi qu’à l’état de santé psychologique et physique ». L’analyse a constaté que les employés harcelés tirent moins de satisfaction de leur travail et sont moins engagés au sein de leur organisation. Les personnes harcelées subissent une diminution de leur rendement au travail et sont plus susceptibles de quitter leur emploi ou de se désengager de leur travail (incluant des taux plus élevés d’absentéisme et d’évitement des responsabilités professionnelles). Elles ont une plus faible estime de soi et des taux plus élevés de dépression. « Comme le harcèlement sexuel est habituellement inattendu et qu’il viole souvent les présomptions d’un milieu de travail solidaire et non violent, les victimes de harcèlement sont susceptibles d’avoir des symptômes psychologiques semblables à ceux qui vivent des événements traumatisants. » Elles sont plus susceptibles d’avoir des maux de tête, des troubles gastro-intestinaux, des problèmes de sommeil et « un mauvais état de santé ». 🇺🇸

« Aboriginal Mental Health: The Statistical Reality » (2008, journal Visions) contient des statistiques du gouvernement canadien sur les personnes autochtones et la santé mentale. Il révèle que « les Autochtones ont une vision holistique de la santé mentale. La santé est vue comme un état d’équilibre avec la famille, la communauté et l’environnement en général. Pour cette raison, les modèles européens de traitement qui retirent la personne de son environnement ont tendance à ne pas fonctionner pour ce groupe. La culture et la spiritualité sont les cadres de traitement développés par les communautés des Premières Nations et inuites. La famille et la communauté jouent un rôle clé pour aider les individus à retrouver leur équilibre ». 🇨🇦

« In Harm’s Way: Factors Related to Psychological Distress Following Sexual Harassment » (2009, Psychology of Women Quarterly) énumère les facteurs ayant une influence sur le degré de préjudice causé à une personne par le harcèlement sexuel et révèle que « certaines caractéristiques de l’expérience, comme le fait d’être physique, la présence d’une menace, l’accès limité à des voies de secours et le fait d’être la seule personne ciblée, sont des indicateurs importants permettant de prévoir les TSPT et les autres formes de détresse psychologique ». L’étude constate qu’« en général, plus la victime se blâme elle-même, plus elle vit des perturbations psychologiques ». Elle soutient également que participer à une démarche judiciaire pourrait nuire à la capacité du survivant à guérir: « Les femmes qui sont impliquées dans une poursuite en cours sont certainement obligées de rester concentrées sur le passé en raison des exigences liées au témoignage, et les procès civils sont malheureusement connus pour leurs longs délais, ce qui entrave davantage la guérison. Pour les professionnels, cela signifie que le traitement pour les femmes qui se remettent d’un incident de harcèlement sexuel pourrait être mieux servi en mettant l’accent sur la gestion du présent, plutôt qu’en cherchant à jeter le blâme sur une personne ou une entité. Cela ne veut pas dire que les particuliers et les organisations ne devraient pas être tenus responsables des actions qui ont été posées et de leur défaut d’agir, mais plutôt que la guérison devrait se concentrer sur des stratégies de gestion du présent et le développement d’un sentiment de contrôle sur le processus de guérison. » 🇺🇸

« An Examination of the Workplace Experiences of Police Patrol Officers: The Role of Race, Sex, and Sexual Orientation » (2009, Police Quarterly) révèle que les policières noires sont confrontées à des taux plus élevés de harcèlement sexuel au travail que les policières blanches. 🇺🇸

« Compensating Differentials for Sexual Harassment » (2011, The American Economic Review: Papers and Proceedings) indique que les femmes qui travaillent dans des milieux dominés par les hommes obtiennent un salaire plus élevé en échange du harcèlement subi. L’auteure tire la conclusion suivante: « Cette étude montre que, tout compte fait, les travailleuses reçoivent une prime salariale pour compenser leur exposition à un risque de harcèlement sexuel, un peu comme les travailleurs reçoivent une prime salariale lorsqu’il y a un risque de mort ou de blessure. » 🇺🇸

« An Overview of the Literature on Antecedents, Perceptions and Behavioural Consequences of Sexual Harassment » (2012, Journal of Sexual Aggression) révèle que « les plaintes officielles et informelles aux autorités compétentes » est la stratégie la moins utilisée par les travailleurs qui ont vécu du harcèlement sexuel. En ce qui concerne les personnes qui ont signalé le harcèlement vécu, environ la moitié ont indiqué que leur situation s’était légèrement améliorée, alors que 33 % ont affirmé que leur situation s’était empirée. Les personnes qui ont signalé un incident de harcèlement ont déclaré avoir une opinion plus négative de la justice organisationnelle après avoir recouru au signalement comparativement aux personnes qui n’ont pas signalé le harcèlement. 🇺🇸

« Labour Arbitration of Co-Worker Sexual Harassment Cases in Canada » (2012, Revue canadienne des sciences de l’administration). L’auteure Susan M. Hart a analysé 26 affaires qui ont été soumises à un arbitrage syndical au Canada entre 1992 et 2008. Toutes les affaires mettaient en cause des femmes qui avaient signalé avoir subi du harcèlement sexuel de la part d’un collègue faisant partie du même syndicat. Sur les 26 affaires, 3 concernaient un grief déposé par le syndicat au nom de la femme. Le reste concernait des griefs déposés au nom des hommes qui avaient fait l’objet de mesures disciplinaires de la part d’un employeur en raison du harcèlement sexuel. (Une affaire a donné lieu à trois griefs.) Vingt-trois des hommes impliqués avaient été renvoyés et deux d’entre eux avaient été suspendus pour moins de deux semaines. Les deux hommes suspendus ont réintégré leur emploi avec une indemnisation complète. Parmi ceux qui avaient été congédiés, 61 % ont pu réintégrer leur emploi. L’article conclut ceci: « Les résultats de la présente étude… indiquent que la procédure d’arbitrage est susceptible d’avoir un effet paralysant sur les femmes qui envisagent de déposer une plainte officielle pour harcèlement sexuel, ce qui nuit à leurs droits en milieu de travail au lieu de les protéger. » 🇨🇦

« The Career Experiences of Male-to-Female Transsexuals » (2012, The Counseling Psychologist) comprend des citations de femmes trans concernant le harcèlement qu’elles ont subi au travail. 🇺🇸

« Framing Sexual Harassment through Media Representations » (2013, Women’s Studies International Forum), une analyse de la couverture médiatique des cas de harcèlement sexuel au travail au Canada, en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni, dévoile que la couverture médiatique du harcèlement sexuel en milieu de travail a accordé une attention démesurée à ce que l’étude qualifie de « harcèlement sexuel classique », c’est-à-dire « des cas de harcèlement perpétrés par un homme ayant plus d’ancienneté que la plaignante, comme un gestionnaire hiérarchique envers une employée subalterne ». En revanche, l’étude révèle que les médias d’information ont accordé une moindre importance aux cas de harcèlement perpétrés par des pairs ou des collègues, ainsi qu’aux cas de harcèlement perpétrés par un collègue ayant moins d’ancienneté ou des clients. De plus, l’étude révèle que les médias d’information ont accordé une attention démesurée aux « cas où la personne ciblée occupait un poste spécialisé ou faisant autorité, comme législatrice, haute fonctionnaire et gestionnaire, professionnelle et technicienne et professionnelle adjointe ». L’étude a aussi constaté que les médias d’information avaient accordé une attention démesurée aux cas de harcèlement physique graves au détriment des formes de harcèlement non physique, qui sont plus communes, comme les insultes, l’affichage de matériel offensant, les commentaires offensants et les gestes non verbaux. L’étude mentionne que les médias d’information ont accordé une attention démesurée à la sexualisation au détriment de l’intimidation. 🇦🇺

« Three-in-Ten Canadians Say They’ve Been Sexually Harassed at Work, but Very Few Have Reported This to Their Employers » (2014, Angus Reid Institute) a découvert que 28 % des Canadiens déclarent avoir subi « du harcèlement sexuel ou des contacts non désirés » dans leur milieu de travail ou dans le cadre de leurs fonctions professionnelles, les femmes étant près de 4 fois plus susceptibles que les hommes de dire qu’elles ont été harcelées sexuellement. Les mesures que ces personnes ont déclaré avoir prises en réaction au harcèlement sont les suivantes, en ordre de fréquence: confronter directement le harceleur (40 %), parler à un ami ou un membre de la famille (34 %), signaler le harcèlement à son employeur (22 %), ne rien faire (19 %), quitter son emploi (16 %) et demander un transfert (7 %). Des personnes qui ont signalé le harcèlement sexuel, 40 % ont indiqué que leur employeur « s’est montré réceptif et a mené une enquête sérieuse et a pris des mesures appropriées », environ le tiers ont indiqué que leur employeur « s’est montré réceptif, mais n’a pas pris de mesures concrètes » et environ le quart ont indiqué que leur employeur avait été « insensible ou méprisant ». 🇨🇦

« Voices from Beyond: A Thematic Content Analysis of Transgender Employees’ Workplace Experiences » (2014, Psychology of Sexual Orientation and Gender Diversity) cite un sondage américain de 2006 mené auprès de 6 450 personnes transgenres et non conformes aux normes en matière de genre qui a révélé que 90 % des personnes sondées avaient déclaré avoir vécu du harcèlement ou de mauvais traitements au travail, ou avoir pris des mesures pour les éviter. L’étude cite une autre étude qualitative ayant révélé que les personnes transgenres signalant ces expériences de harcèlement « se font exposer [en tant que personnes transgenres], se font délibérément appeler par leur ancien nom ou pronom de genre, se font renvoyer ou se font refuser un emploi, se font refuser l’accès aux toilettes et sont menacées physiquement ou abusées émotionnellement ». Dans une autre étude, les employés transgenres ont déclaré que leur identité de genre avait été remise en question comme étant non authentique. Un exemple concerne le cas d’une personne à qui on a expliqué comment s’habiller convenablement pour son genre. Il en est résulté « du stress, de l’anxiété, de l’appréhension, de la dépression et des perspectives professionnelles limitées ». Sa satisfaction au travail a diminué. Elle s’est sentie moins en contrôle et moins optimiste, ce qui a parfois mené à la consommation de substances ou à des tentatives de suicide. Les personnes trans ont indiqué que les bons milieux de travail avaient organisé des séances de formation ou de sensibilisation pour leurs collègues (afin que la personne trans n’ait pas à le faire elle-même), avaient facilité leur accès aux espaces genrés appropriés, comme les toilettes et les vestiaires, et avaient facilité la modification de leur adresse courriel professionnelle après leur transition. 🇺🇸

 « Voicing Their Complaints? The Silence of Students Working in Retail and Hospitality and Sexual Harassment from Customers » (2014, Labour & Industry) a interviewé 10 étudiants postsecondaires travaillant ou ayant travaillé dans le secteur du service à la clientèle et ayant vécu du harcèlement sexuel de la part de clients. L’étude révèle que les étudiants ont réagi au harcèlement sexuel en employant des stratégies conçues pour gérer les événements au lieu de les contester. 🇦🇺

« Work, Bodies and Boundaries: Talking Sexual Harassment in the New Economy » (2014, Gender, Work & Organization) examine le harcèlement sexuel dans le contexte d’un milieu de travail en évolution. Les auteures ont constaté que parce que les frontières entre le travail et la vie personnelle étaient de plus en plus brouillées, les travailleurs étaient de moins en moins certains de savoir si un comportement particulier constituait un cas de harcèlement sexuel au travail ou un événement s’étant produit dans le cadre de leur vie personnelle. L’étude révèle aussi que « l’obligation de plus en plus répandue pour les travailleurs de s’autogérer pourrait éroder leur capacité et/ou leur volonté à interpréter le harcèlement sexuel comme une préoccupation légitime du milieu de travail, le renvoyant plutôt dans la sphère de l’échec personnel et de la responsabilité individuelle ». 🇺🇸

« Harmful Workplace Experiences and Women’s Occupational Well-being: A Meta-Analysis » (2015, Psychology of Women Quarterly) a découvert que « des expériences néfastes plus intenses, mais moins fréquentes (comme la coercition sexuelle ou l’attention sexuelle non désirée) et les expériences néfastes moins intenses, mais plus fréquentes (comme un climat organisationnel sexiste ou du harcèlement basé sur le genre) ont des effets nuisibles similaires sur le bien-être des femmes ». 🇺🇸

« Workplace Sexual Harassment at the Margins » (2015, Work, Employment and Society) a analysé 282 plaintes de harcèlement sexuel signalées à des commissions sur l’égalité des chances en Australie en 2009. Cette analyse révèle que 78 % des plaintes de harcèlement sexuel concernaient des femmes portant plainte contre des hommes, 11 % concernaient des hommes portant plainte contre des hommes, 6 % concernaient des femmes portant plainte contre des femmes et 5 % concernaient des hommes portant plainte contre des femmes. L’étude révèle que 89 % des harceleurs allégués étaient des hommes, contre 11 % pour les femmes. Environ la moitié des cas de harcèlement sexuel n’étaient pas physiques, et comprenaient des commentaires à caractère sexuel, des blagues offensantes, des rumeurs et des questions intrusives. 🇦🇺

« Law and the Construction of Institutionalized Sexual Harassment in Restaurants » (2015, La Revue Canadienne Droit et Société) soutient que la précarité de l’emploi peut limiter le droit d’une personne à travailler dans un environnement libre de harcèlement sexuel. Utilisant l’industrie de la restauration à titre d’exemple, l’étude décrit comment les environnements de travail précaires restreignent la capacité des gens à résister au harcèlement sexuel, et énumère les facteurs qui contribuent à cette situation, comme la dépendance aux pourboires, l’insécurité du revenu et les horaires imprévisibles. 🇨🇦

« Hostility or Hospitality? A Review on Violence, Bullying and Sexual Harassment in the Tourism and Hospitality Industry » (2015, Current Issues in Tourism) identifie six types d’intimidation en milieu de travail: « 1) changer les tâches professionnelles de la victime d’une quelconque façon négative, ou les rendre plus difficiles à réaliser; 2) isolement social ou boycottage en ne communiquant pas avec quelqu’un ou en l’excluant des activités sociales; 3) les remarques insultantes et les attaques personnelles (entre autres sur la vie privée de la victime); 4) les menaces verbales dans le cadre desquelles la victime est humiliée en public; 5) répandre des rumeurs au sujet de la victime » et 6) la cyberintimidation. Cet examen indique que l’ensemble de la recherche universitaire affirme que l’industrie de l’accueil est un milieu très agressif où l’on trouve des niveaux élevés de violence, d’intimidation et de harcèlement. L’étude indique que c’est parce que les travailleurs de ce secteur sont vulnérables (« femmes, jeunes et minorités »), non syndiqués et mal rémunérés, ce qui en fait des cibles faciles. C’est aussi parce que les gestionnaires de ce secteur sont faibles et inefficaces. Et la culture du « client d’abord » contribue à la tolérance au harcèlement sexuel, tout en attirant des personnes qui sont insensibles par rapport au harcèlement. L’étude suggère que les médias sociaux pourraient donner une voix aux personnes qui n’en avaient pas auparavant, ce qui pourrait entraîner une sensibilisation au problème et dissuader certains harceleurs. 🇮🇱

« “But It’s Your Job to Be Friendly”: Employees Coping with and Contesting Harassment from Customers in the Service Sector » (2016, Gender, Work & Organization) révèle que les employés du secteur du service à la clientèle ont tendance à répondre de façon rapide et informelle au harcèlement sexuel. Les gens du secteur du service à la clientèle « se retrouvent à définir eux-mêmes les limites du comportement inacceptable, certains réservant l’étiquette de harcèlement sexuel aux cas de contact physique ». Ils se « sentent aussi responsables de mettre au point une réponse appropriée au harcèlement, soupesant leur inconfort personnel et le travail émotionnel exigé par leurs fonctions en vue d’offrir un service à la clientèle amical et personnalisé ». Plusieurs ont « réfléchi à leurs conditions de travail et au statut de l’emploi, conceptualisant leur emploi comme temporaire. Ils ont internalisé l’idée que l’emploi n’était “pas réel”, c’est-à-dire un emploi qui ne constitue pas une carrière à temps plein et qui ne mérite donc pas l’effort de porter plainte ». Comme les serveurs sont formés pour respecter la loi lorsqu’ils servent de l’alcool, certains ont coupé l’alcool en vue de mettre un terme au harcèlement sexuel ou pour manifester leur mécontentement. Plusieurs ont fait des blagues. D’autres se sont plaints à leurs collègues ou ont échangé des conseils avec leurs collègues sur les façons d’éviter ou d’interrompre le harcèlement sexuel. Lorsque nécessaire, certains ont demandé à un concierge ou à un membre de la sécurité d’intervenir. Essentiellement, personne n’a signalé le harcèlement sexuel à son patron, entre autres parce que la plupart des milieux de travail du secteur du service à la clientèle n’ont pas de politiques ou de pratiques officielles en lien avec le harcèlement sexuel commis par les clients. 🇺🇸

« Law’s Gendered Subtext: The Gender Order of Restaurant Work and Making Sexual Harassment Normal » (2016, Feminist Legal Studies) soutient qu’une des raisons pour lesquelles les systèmes judiciaires conçus pour lutter contre le harcèlement sexuel échouent est parce que ces systèmes exigent que les gens ayant vécu du harcèlement sexuel s’y opposent de manière répétée. (Ceci renvoie au critère de la raisonnabilité, qui demande « si le harceleur allégué “sait ou aurait raisonnablement dû savoir” que son comportement sexuel n’était pas le bienvenu ».) L’article soutient que d’exiger des objections répétées au harcèlement n’est pas raisonnable dans un milieu de travail où la sexualisation et/ou le harcèlement sont la norme, comme dans les restaurants et les bars. Comme le dit l’auteure: « [D]éfinir le harcèlement sexuel à l’aide du cadre bienvenu/pas le bienvenu, et exiger qu’une “personne raisonnable” aurait dû savoir que le comportement en question n’était pas le bienvenu n’est pas un critère pertinent dans le contexte de milieux de travail où le harcèlement sexuel est construit comme un aspect normal de l’emploi. » 🇨🇦

« Harcèlement en milieu de travail au Canada » (2016, Statistique Canada) révèle que parmi les femmes qui s’identifient comme étant « autochtones », 10 % déclarent avoir été harcelées sexuellement au travail au courant de la dernière année, contre 4 % des femmes qui ne s’identifient pas comme étant autochtones. 🇨🇦

« To Confront Versus not to Confront: Women’s Perception of Sexual Harassment » (2017, European Journal of Psychology Applied to Legal Context) a découvert que les croyances des femmes par rapport aux conséquences et aux réactions négatives possibles en dissuadaient plusieurs de confronter les personnes qui les harcèlent et de signaler les incidents. 🇪🇸

« Sexual Harassment: Have We Made Any Progress? » (2017 Journal of Occupational Health Psychology) caractérise le harcèlement sexuel au travail comme « un problème de santé au travail chronique et continu » et souligne que les femmes membres du personnel militaire qui ont signalé un cas de harcèlement sexuel n’ont pas vécu d’améliorations sur le plan du travail, de la santé psychologique ou de la santé physique par la suite. 🇺🇸

« Sexual Harassment in Care Work—Dilemmas and Consequences: A Qualitative Investigation » (2017, International Journal of Nursing Studies) porte sur des entrevues avec 39 travailleurs du domaine des soins travaillant dans des milieux de travail danois, incluant des hôpitaux, des centres d’hébergement de soins de longue durée, des centres de santé communautaires, des centres de réadaptation et des établissements psychiatriques résidentiels, au sujet de leurs expériences de harcèlement sexuel au travail. L’étude révèle que les travailleurs du domaine des soins vivaient très fréquemment du harcèlement sexuel, et qu’ils recevaient peu de soutien pour les aider à gérer ces situations. « Les travailleurs du domaine des soins font souvent la distinction entre les comportements intentionnels et non intentionnels initiés par les patients ayant une déficience cognitive. Par conséquent, ils évitent souvent d’utiliser le mot “harcèlement”, car il laisse entendre que les gestes posés étaient intentionnels. Toutefois, les entrevues révèlent qu’en pratique, cette distinction est très difficile à faire… Souvent, les gestionnaires, les délégués syndicaux et les représentants de la sécurité ayant participé à cette étude n’étaient pas au courant de la fréquence de ces épisodes et de leurs répercussions sur les travailleurs. Les milieux de travail qui ont participé à cette étude avaient rarement des politiques ou des lignes directrices en place pour la gestion et/ou la prévention du harcèlement sexuel et des comportements sexuels inappropriés, gérant la plupart du temps ces épisodes de façon ponctuelle, au cas par cas. » 🇩🇰

« The Economic and Career Effects of Sexual Harassment on Working Women » (2017, Gender & Society) révèle que le harcèlement sexuel au travail augmente le stress financier, largement parce qu’il peut précipiter le changement d’emploi ou altérer de manière importante les possibilités de carrière des femmes. Plus particulièrement, l’étude constate que le fait de quitter un emploi en raison du harcèlement sexuel peut entraîner des répercussions négatives importantes sur la carrière des femmes. Les femmes qui quittent leur emploi vivent ensuite « “une série d’expériences stressantes” passant par le chômage, la recherche d’emploi, la reconversion professionnelle et la reprise d’emploi “souvent dans un poste de qualité inférieure et moins bien rémunéré” ». Le harcèlement sexuel peut être « un événement traumatisant majeur qui vient perturber “le parcours normal d’emplois stables avec la possibilité de gravir les échelons qui génère normalement une augmentation du salaire” ». De plus, « en coupant les ponts avec un employeur, les travailleurs doivent aussi renoncer au capital humain propre à la société, qui a un lien étroit avec les revenus. Les personnes ciblées par le harcèlement pourraient d’ailleurs avoir de la difficulté à obtenir des lettres de recommandation de la part de leurs gestionnaires et de leurs collègues. Les personnes qui trouvent un nouvel emploi pourraient découvrir que le manque d’ancienneté vient limiter la croissance salariale et augmenter la vulnérabilité par rapport aux mises à pied et à l’instabilité professionnelle. L’interruption de la carrière peut être particulièrement coûteuse au début de celle-ci ». Et « nos résultats quantitatifs et qualitatifs indiquent que le harcèlement vécu par les femmes durant leur vingtaine et au début de leur trentaine fait dévier plusieurs d’entre elles de leur voie durant cette étape formative de leur carrière ». Les femmes « se retrouvent dans une situation intenable où elles doivent choisir entre participer à des cultures misogynes au travail, ce qui ne les aide pas en tant que femmes, ou résister à ces cultures, ce qui leur donne peu de chances de progresser au sein de leur entreprise ». 🇺🇸

« The Effects of Resource Extraction on Inuit Women and Their Families: Evidence from Canada » (2017, Gender & Development) a examiné les répercussions sociales genrées de l’extraction de ressources à Qamani’tuaq, au Nunavut, révélant que les agressions et le harcèlement sexuels figuraient parmi les trois principales raisons citées par les femmes inuites lorsqu’elles expliquent pourquoi elles ont quitté leur emploi à la mine Meadowbank. Ces femmes occupaient principalement des postes d’entrée en tant que femmes de ménage ou d’employées de cuisine, ce qui comprenait de nettoyer les chambres à coucher des employés masculins et augmentait ainsi, selon elles, leur vulnérabilité. Près de 50 % des personnes qui ont participé à l’étude ont mentionné que les agressions sexuelles à la mine étaient un problème, et plusieurs se sont plaintes plus particulièrement du viol. 🇨🇦

« Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux » (2017, gouvernement du Canada) révèle que parmi les employés qui se sont identifiés comme étant autochtones, 28 % ont déclaré avoir été harcelés au courant de la dernière année, contre 17 % pour les personnes qui ne s’identifient pas comme autochtones. 🇨🇦

« Why Doesn’t She Just Report It?: Apprehensions and Contradictions for Women Who Report Sexual Violence to the Police » (2017, Revue Femmes et droit) a étudié 36 signalements d’agression sexuelle faits à la police par des femmes d’Ottawa et a analysé l’échec général de la justice procédurale. L’auteure mentionne que les attentes sociales augmentent quant à l’obtention d’une réponse positive de la part de la police lorsqu’on lui signale une agression sexuelle, 61 % des femmes agressées s’attendant à une telle réponse depuis 2010, contre un taux qui était autrefois de 28 %. Néanmoins, elle précise que rien n’indique que le nombre d’accusations et de poursuites s’est amélioré. De nombreuses femmes qui ont participé à l’étude indiquent « qu’elles ont fait face à des réponses inappropriées aux traumatismes et à d’autres comportements insensibles, à de l’incrédulité et à des menaces de répercussions s’il s’avérait qu’elles avaient inventé leur histoire ». 🇨🇦

« Sexual Harassment in the Workplace: Where Were the Unions? » (2018, Labor Studies Journal) rapporte que les syndicats « ont un bilan assez mitigé en matière de lutte contre le harcèlement sexuel, surtout dans les cas impliquant le comportement de membres du syndicat » et que les syndicats dominés par les hommes, surtout, « se rangent trop souvent du côté des harceleurs masculins ». « Une tendance troublante émerge de ces cas », indique l’étude, au sens où « la victime porte plainte au syndicat, et le représentant syndical décide de l’ignorer ou de la renvoyer à l’employeur, l’encourageant à déposer une plainte en vertu de la politique sur le harcèlement sexuel de l’employeur… Lorsque l’employeur prend des mesures disciplinaires à l’endroit du harceleur, le syndicat dépose un grief contre ces mesures, forçant la victime et l’employeur à se positionner contre le syndicat et le harceleur. En effet, les griefs relatifs au harcèlement sexuel qui font l’objet d’arbitrage en matière de relations de travail concernent largement des hommes qui contestent les mesures disciplinaires prises à leur encontre pour leur comportement de harcèlement sexuel. » 🇺🇸

« Initial Assessment of the Psychometric Properties of the Sexual Harassment Reporting Attitudes Scale » (2018, Cogent Psychology) reprend les conclusions de beaucoup d’autres recherches sur les raisons pour lesquelles les gens ne signalent pas le harcèlement sexuel — principalement parce qu’ils ne croient pas que signaler l’incident entraînera des changements, parce qu’ils n’estiment pas que le harcèlement était suffisamment grave pour que ça vaille la peine de le signaler, parce qu’ils craignent les représailles et/ou parce qu’ils estiment que le signalement empirera la situation. L’étude révèle également que la meilleure façon de prédire si une personne signalera un incident ou non est de déterminer si elle croit en avoir l’obligation morale ou non. En d’autres mots, l’étude révèle que le signalement n’est pas motivé par des objectifs pratiques comme la volonté de mettre un terme au harcèlement ou d’être indemnisé pour ce qui est arrivé. La motivation qui pousse les gens à signaler est plutôt d’ordre moral: les gens le font parce que c’est, selon eux, la bonne chose à faire, même s’ils croient aussi que le signalement sera inefficace. 🇺🇸

« Harcèlement en milieu de travail au Canada » (2018, Statistique Canada) utilise les données de l’Enquête sociale générale de 2016 sur les Canadiens au travail et à la maison. (Remarque: l’étude va au-delà du harcèlement sexuel pour inclure la violence verbale, la violence physique et d’autres types de harcèlement.) L’étude révèle que le groupe visé par le plus grand nombre de signalements pour harcèlement envers les femmes au travail est le groupe « client », suivi par le groupe « collègue ou pair » et le groupe « superviseur ou gestionnaire ». En ce qui concerne le harcèlement subi par les hommes, le groupe de harceleurs le plus commun est le groupe « client », suivi du groupe « superviseur ou gestionnaire » et du groupe « collègue ou pair ». L’étude révèle que la probabilité qu’une personne ait été harcelée au travail augmente au fil du temps, et atteint son sommet dans la tranche de 45 à 54 ans. L’étude révèle également que plus une personne a cumulé d’années de scolarité, plus elle est susceptible de dire qu’elle a été harcelée au travail. Toutefois, l’étude indique également que moins la personne gagne d’argent, plus elle est susceptible de dire qu’elle a vécu du harcèlement au travail. 🇨🇦

« “I Made Myself Small Like a Cat and Ran Away”: Workplace Sexual Harassment, Precarious Immigration Status and Legal Violence » (2019, Journal of Gender Studies) est une étude portant sur des entrevues avec 21 migrantes mexicaines de Toronto qui ont fait du travail précaire (du travail souvent payé comptant, ou effectué par l’intermédiaire d’une agence ou d’un sous-traitant). Les entrevues révèlent que les femmes ont fréquemment vécu du harcèlement sexuel au travail, mais qu’elles n’ont pas signalé ce harcèlement aux autorités par crainte d’être déportées. 🇨🇦

« Race, Threat and Workplace Sexual Harassment: The Dynamics of Harassment in the United States, 1997-2016 » (2019, Gender, Work & Organization), une analyse des données de la Equal Employment Opportunity Commission des États-Unis de 1997 à 2016, révèle que durant cette période, les cas de harcèlement sexuel signalés par les femmes blanches ont diminué alors que les cas signalés par les femmes noires ont augmenté, et que la détérioration des conditions économiques a mené à une augmentation des signalements de harcèlement sexuel. Les auteurs de l’étude ont observé que la cible du harcèlement sexuel était passée des femmes blanches aux femmes noires lorsque les femmes blanches avaient commencé à gagner du pouvoir dans le milieu de travail, arrivant à la conclusion que les harceleurs sont conscients des relations de pouvoir et choisissent de cibler les femmes plus vulnérables de leur milieu de travail. Le lien entre les changements sur le plan du taux de chômage et les changements sur le plan du harcèlement sexuel dans les mois qui suivent indique, selon les chercheurs, que les hommes sont plus susceptibles d’adopter un comportement de harcèlement lorsqu’ils ont une raison de croire que leur position économique au sein de la société est menacée. Les chercheurs ont conclu que, plutôt que d’être une question de désir sexuel ou une conséquence inévitable du travail conjoint entre hommes et femmes, le harcèlement sexuel au travail est une expression de pouvoir et une façon pour les hommes d’affirmer leur dominance. En résumé, les auteurs disent que les hommes réagissent à la perte potentielle de leur statut en manifestant des formes extrêmes de surcompensation masculine, incluant le harcèlement sexuel, comme une démonstration genrée de pouvoir et de dominance. 🇺🇸

« The Penalties for Self-Reporting Sexual Harassment » (2019, Gender & Society) a découvert que les participants à l’étude étaient moins susceptibles de recommander une femme pour une promotion lorsqu’elle a signalé un incident de harcèlement sexuel en présence d’autres femmes autrement identiques, ce qui a mené à la conclusion que « les femmes pourraient hésiter à signaler le harcèlement sexuel parce qu’elles ont perçu, à juste titre, que cela pourrait entraîner des préjugés à leur endroit ». 🇺🇸

« How Women Are Penalized at Work for Reporting Sexual Harassment » (2019, Gender and the Economy) révèle que lorsque les femmes signalent le harcèlement au travail, « elles sont pénalisées sur le plan des possibilités d’avancement ». 🇺🇸

« Why Women Are Blamed for Being Sexually Harassed: The Effects of Empathy for Female Victims and Male Perpetrators » (2019, Psychology of Women Quarterly) est une étude qui révèle que, lorsque les femmes signalent un cas de harcèlement au travail, elles font souvent face à des attitudes rejetant le blâme sur la victime, surtout de la part des hommes. 🇺🇸

« Workplace Sexual Harassment: Assessing the Effectiveness of Human Rights Law in Canada » (2019, Allard Faculty Publications) est une analyse des décisions en matière de harcèlement sexuel rendues par les tribunaux des droits de la personne de la Colombie-Britannique (C._B.) et de l’Ontario de 2000 à 2018. L’étude révèle qu’au cours de ces 18 années, un total de 66 plaintes pour harcèlement sexuel ont passé au travers du processus complet en C.-B., du signalement à la décision; et que ce nombre est de 116 pour l’Ontario. En C.-B., 68 % des plaintes ont ultimement été reconnues comme justifiées, contre 64 % en Ontario, le reste des plaintes ayant été rejetées. Les plaintes des plaignants qui se sont représentés eux-mêmes étaient moins susceptibles d’être reconnues comme justifiées comparativement aux plaignants qui ont été représentés par des avocats. L’analyse révèle que les décisions des tribunaux des droits de la personne privilégient le harcèlement sexuel de type physique ou donnant-donnant par rapport aux formes plus cachées ou subtiles de harcèlement, et que les plaignants sont submergés par des questions au sujet de leur crédibilité, de leur personnalité et de leur consentement. Néanmoins, l’étude révèle qu’au Canada, les demandes juridiques en lien avec le harcèlement sexuel et les inconduites sexuelles sont de plus en plus poursuivies auprès des tribunaux des droits de la personne, car ces tribunaux sont perçus comme de meilleurs véhicules que les autres tribunaux en raison de leurs normes plus souples sur le plan de la preuve et de l’interrogatoire, leur atmosphère moins antagoniste et leurs indemnisations plus élevées. 🇨🇦

« Unofficial Reporting in the #MeToo Era » (2019, University of Chicago Legal Forum) porte sur les nouveaux mécanismes facilités par les technologies dont les gens se servent pour signaler le harcèlement sexuel, comme Twitter, les tableurs participatifs et l’application Blind, qui permettent d’outrepasser les mécanismes officiels de responsabilité. 🇺🇸

« The Sociology of Gaslighting » (2019, American Sociological Review) soutient qu’il « faut comprendre que le détournement cognitif est enraciné dans les inégalités sociales, incluant le genre, et qu’il est exercé dans le cadre de relations intimes où il y a une dynamique de pouvoirs. Selon la théorie élaborée ici, le détournement cognitif est important lorsque les auteurs mobilisent les stéréotypes basés sur le genre et les inégalités structurelles et institutionnelles contre les victimes afin de manipuler leur réalité. En s’appuyant sur la violence conjugale comme une étude de cas stratégique pour identifier les mécanismes par lesquels le détournement cognitif fonctionne, [l’auteure révèle] comment l’abuseur mobilise les stéréotypes liés au genre, les vulnérabilités structurelles liées à la race, la nationalité et la sexualité ainsi que les inégalités institutionnelles contre la victime en vue d’éroder sa réalité ? Ces tactiques sont basées sur le genre, au sens où elles reposent sur l’association de la féminité à l’irrationalité. Le détournement cognitif offre l’occasion aux sociologues de théoriser des formes de pouvoir genrées peu reconnues ainsi que leur mode de mobilisation dans le cadre de relations interpersonnelles ». 🇺🇸

« Limiting Our Livelihoods: The Cumulative Impact of Sexual Harassment on Women’s Careers » (2019, American Association of University Women) révèle que « les femmes qui ont vécu du harcèlement sexuel rapportent des répercussions négatives graves et durables sur leur santé mentale, comme de la dépression ou du stress post-traumatique. Le harcèlement sexuel a aussi été lié à un risque plus élevé d’effets négatifs à long terme sur la santé physique, conséquence directe et indirecte des effets négatifs sur la santé mentale. L’impact destructeur du harcèlement sexuel sur la santé et le bien-être peut durer des années après l’incident… Les effets négatifs sur la santé mentale et physique peuvent diminuer le moral et le rendement au travail. Le temps perdu à l’extérieur du travail et la nécessité de changer d’emploi prématurément peuvent mener à un plus faible revenu et, par conséquent, réduire la contribution aux programmes de sécurité sociale et de fonds de retraite, compromettant ainsi les perspectives économiques à long terme des femmes ». 🇺🇸

« Measuring the Economic Costs of Workplace Sexual Harassment on Women » (2019, Scripps Senior Theses) résume les résultats d’une revue de la littérature. « Selon le Merit Systems Protection Board (MSPB) des États-Unis, les femmes qui sont harcelées sexuellement ont tendance à prendre plus de congés de maladie, à rapporter un plus faible rendement au travail, à être plus insatisfaites de leur emploi, et à quitter souvent leur emploi. Selon une étude, de nombreuses femmes sont ignorées lorsqu’il vient le temps des promotions si elles ne participent pas au harcèlement de leurs collègues ou si elles ne le tolèrent pas. Si les femmes décident de quitter leur emploi, elles subissent souvent des reculs professionnels en acceptant un emploi offrant un moins bon salaire, en recommençant à zéro dans un poste moins prestigieux au sein d’une nouvelle entreprise ou en quittant carrément l’industrie. Les changements d’emploi involontaires entraînent du stress financier et nuisent au parcours professionnel des femmes sur le plan individuel. De plus, les entreprises et les industries où il y a des niveaux élevés de harcèlement sexuel nuisent à l’ensemble des femmes, les plaçant “dans une situation intenable où elles doivent choisir entre participer à des cultures misogynes au travail, ce qui ne les aide pas en tant que femmes, ou résister à ces cultures, ce qui leur donne peu de chances de progresser au sein de leur entreprise”. Cela empêche les femmes de poursuivre certaines carrières et d’intégrer certaines industries. » L’étude indique aussi que « l’une des études les plus actuelles et les plus approfondies sur ce sujet examine le stress financier immédiat et à long terme des femmes qui ont vécu du harcèlement sexuel tôt dans leur carrière. En se fondant sur les données de la Youth Development Study, McLaughlin et coll. ont constaté que les femmes qui ont vécu du harcèlement sexuel entre 29 et 30 ans ont un stress financier accru au début de la trentaine. Cela s’explique principalement par le fait que les femmes quittent leur emploi afin d’éviter les harceleurs, ou parce qu’elles sont insatisfaites de leur milieu de travail. Dans le cadre de cette étude, des entrevues ont aussi été menées auprès de personnes ciblées par le harcèlement sexuel. Ces entrevues ont révélé que les femmes étaient plus susceptibles de changer d’industrie ou de carrière et de réduire leurs heures de travail, ce qui se traduit souvent par une réduction de salaire. L’impact général sur l’atteinte des objectifs professionnels et la stabilité financière est semblable à celui d’une blessure ou d’une maladie grave, de l’emprisonnement ou de l’agression.Il s’agit d’une des rares études qui met l’accent sur les répercussions du harcèlement sur la situation financière des femmes, et elle intègre brillamment des données qualitatives pour soutenir les constatations quantitatives ». L’étude comporte d’autres constatations intéressantes. Plus vous êtes jeune, plus vous êtes susceptible d’être harcelé: les personnes ayant dépassé la mi-quarantaine sont beaucoup moins susceptibles d’être harcelées que les plus jeunes. Mais les personnes qui signalent le harcèlement sexuel au travail ont tendance à être plus âgées: aux États-Unis, l’âge moyen des travailleurs qui signalent un cas est de 47. Trente-huit pour cent des femmes qui ont signalé un cas étaient âgées de 46 à 50 ans et 36 % étaient âgées de 51 à 55 ans, alors que le taux était de 0 % pour les femmes âgées de 30 à 35 ans. « Les femmes plus âgées ont une plus grande stabilité d’emploi et une meilleure stabilité financière, ainsi que possiblement plus d’expérience dans la gestion de ces problèmes, et elles signalent donc plus fréquemment les incidents de harcèlement sexuel. Les femmes qui font une différence et qui attirent l’attention sur le harcèlement sexuel sont majoritairement des femmes plus âgées. » De plus, « les femmes qui font partie des cols bleus font face à plus de harcèlement sexuel », alors que les femmes blanches sont disproportionnellement plus susceptibles de signaler les cas. 🇺🇸

« Putting People Down and Pushing Them Out: Sexual Harassment in the Workplace » (2020, Annual Review of Organizational Psychology and Organizational Behavior), une méta-analyse de la recherche universitaire, indique que « la manifestation la plus fréquente du harcèlement sexuel est de loin le harcèlement basé sur le genre, au cœur duquel se trouve du mépris » et dont « le but est de rabaisser les gens et de les exclure, et non de les convaincre à s’adonner à une activité sexuelle ». La méta-analyse indique que « le harcèlement basé sur le genre est beaucoup plus commun que l’attention sexuelle non désirée et la coercition ». « En ce qui concerne les personnes qui se livrent au harcèlement sexuel, la recherche montre que les harceleurs sont plus souvent des hommes que des femmes » et « même lorsque des hommes sont victimes de harcèlement sexuel, le harceleur est habituellement un autre homme. Le harcèlement sexuel des hommes envers d’autres hommes a tendance à prendre une forme unique de harcèlement basé sur le genre consistant à humilier la personne qui s’écarte des rôles hétérosexuels masculins ». Les hommes trans déclarent subir moins de harcèlement sexuel après leur transition, alors que les femmes trans en déclarent plus. En ce qui concerne la façon dont les gens réagissent au harcèlement sexuel, la recherche révèle que seulement 15 % des femmes harcelées et 11 % des hommes harcelés déposent des plaintes officielles, et que « le signalement est habituellement une réponse de dernier recours utilisée seulement lorsque tous les efforts visant à mettre un terme au harcèlement ont échoué ». L’étude révèle que la réticence des gens à signaler les incidents est bien fondée, car le signalement est souvent suivi par « de l’indifférence, de la banalisation et des représailles ». 🇺🇸

« A Discussion Paper: Ending Sexual Violence and Sexual Exploitation in First Nation Communities » (2020, Chiefs of Ontario) critique la façon dont la violence sexuelle et l’exploitation sexuelle sont abordées dans les communautés des Premières Nations de l’Ontario, disant que l’approche s’appuie largement sur des modèles canadiens de justice et d’intervention sans inclure et sans être conçue à partir des connaissances de base sur les Premières Nations. 🇨🇦

« Fem or Foe?: Non-Communal Women Who Report Sexual Harassment Receive Fewer Career Advancement Opportunities » (2020, PDX Scholar) révèle que « les femmes qui signalent le harcèlement obtiennent des résultats plus faibles concernant la manière dont est perçu leur admissibilité à des promotions, à être embauchées et à des augmentations salariales que les femmes qui ne signalent pas le harcèlement  ». 🇺🇸

« Discounting Credibility: Doubting the Stories of Women Survivors of Sexual Harassment » (2020, Seton Hall Law Review) soutient que la raison pour laquelle le harcèlement sexuel est toujours un problème aussi important est que notre culture a « le réflexe d’ignorer la crédibilité des femmes, surtout lorsque ces femmes racontent leurs expériences d’abus perpétrés par des hommes plus puissants ». L’étude indique que « les gestionnaires, les superviseurs, les représentants syndicaux, les agents de ressources humaines et les juges ont tendance à écarter abusivement les histoires de harcèlement des femmes comme étant invraisemblables, parce qu’ils ne comprennent ni le traumatisme psychologique causé par un traitement abusif ni les réalités pratiques qui restreignent les options des femmes par la suite ». De plus, l’étude soutient que « les autorités ignorent injustement la fiabilité des femmes en se basant sur leur comportement (lui-même affecté par le traumatisme qu’elles ont souvent vécu), sur les stéréotypes culturels négatifs à propos des motifs des femmes pour chercher à redresser les torts et sur nos croyances profondément enracinées culturellement selon lesquelles les femmes, en tant que groupe, sont par nature moins dignes de confiance ». 🇺🇸

« Should I Stay or Should I Go? Employment Discrimination and Workplace Harassment against Transgender and Other Minority Employees in Canada’s Federal Public Service » (2020, Journal of Homosexuality) révèle que les fonctionnaires diversifiés sur le plan du genre (transgenres, non binaires ou de genre queer) font face à un taux beaucoup plus élevé de harcèlement au travail comparativement aux hommes et aux femmes cisgenres. Mis à part les personnes handicapées, les employés diversifiés sur le plan du genre ont un taux plus élevé de discrimination et de harcèlement autodéclaré comparativement aux femmes cisgenres, aux minorités visibles et aux personnes autochtones. Cette étude révèle que l’intersection de plusieurs identités minoritaires augmente la discrimination et le harcèlement autodéclarés. 🇨🇦

« Building Inclusion for Indigenous Peoples in the Canadian Workplaces » (2020, Catalyst) porte sur un sondage mené auprès de 86 personnes autochtones vivant au Canada, et révèle que 67 % d’entre elles ont déclaré rester aux aguets par rapport aux préjugés lorsqu’elles sont au travail, et plus de la moitié d’entre elles ont déclaré ne pas se sentir en sécurité au travail sur le plan psychologique. 🇨🇦

« To Stop Gender Discrimination at Work, Canada Has all the Laws It Needs—but the System Enforcing Them Is Broken » (2021, Globe and Mail): La journaliste Robyn Doolittle explore toutes les options dont disposent les femmes vivant du harcèlement sexuel au travail et dénonce le système comme étant complètement brisé. 🇨🇦

« Expériences de comportements sexualisés inappropriés, d’agressions sexuelles et de discrimination fondée sur le genre vécues par les travailleurs dans les provinces canadiennes, 2020 » (2021, Statistique Canada), une gigantesque enquête globale réalisée juste avant la pandémie, confirme beaucoup de choses que nous avons apprises par d’autres sources concernant le harcèlement sexuel au travail: que les femmes sont les plus susceptibles d’être harcelées sexuellement, que les harceleurs sont presque toujours des hommes, que ce type de harcèlement est plus commun dans les industries dominées par les hommes et dans le secteur du service à la clientèle (surtout les bars et les restaurants), que dans le secteur du service à la clientèle, le harcèlement sexuel est souvent perpétré par des clients et des patients, et que les personnes ciblées sont souvent jeunes, handicapées, 2SLGBTQIA+, etc. L’enquête révèle que près du tiers des travailleurs ont déclaré que leur employeur ne les avait pas informés du processus à suivre pour signaler un cas de harcèlement sexuel au travail. L’enquête révèle que les auteurs du harcèlement sexuel sont plus fréquemment des pairs qu’un patron ou un subalterne. Elle révèle que moins de la moitié des personnes qui ont vécu du harcèlement sexuel au travail en ont parlé avec quelqu’un du travail. Parmi les personnes qui l’ont fait, seulement 6 % en ont parlé aux RH, 3 % en ont parlé à un représentant syndical et un peu moins de la moitié en ont parlé à un patron ou à un superviseur, et environ 70 % en ont parlé à un collègue. Les personnes qui ont décidé de ne pas en parler ont donné les raisons habituelles, qui sont les suivantes par ordre de fréquence: elles estimaient que l’incident n’était pas suffisamment grave; elles ont résolu l’incident par elles-mêmes; elles croyaient que le signalement ne changerait rien; elles avaient peur des représailles; le comportement a cessé et elles estimaient qu’on ne les croirait pas. Ces personnes ont déclaré avoir vécu les répercussions négatives habituelles: que leur rendement au travail avait souffert; qu’elles avaient perdu confiance en leur employeur; environ le tiers d’entre elles ont songé à quitter leur emploi, environ 40 % ont indiqué qu’elles avaient souffert émotionnellement, et un petit nombre d’entre elles (environ 5 %) ont déclaré avoir recouru à la drogue ou à l’alcool pour supporter la situation. 🇨🇦

« Paying Today and Tomorrow: Charting the Financial Costs of Workplace Sexual Harassment » (2021, Institute for Women’s Policy Research, Time’s Up Foundation) tente de quantifier le coût financier du harcèlement sexuel pour les survivants à l’aide d’entrevues menées auprès d’experts en harcèlement sexuel au travail et de 16 survivants. L’étude révèle que le coût à vie du harcèlement et des représailles est particulièrement élevé pour les personnes qui sont chassées d’un emploi bien rémunéré dans une industrie dominée par les hommes, comme les métiers. Les principaux facteurs qui contribuent aux répercussions financières négatives sont la perte d’emploi et les périodes de chômage, la perte du fonds de pension et des avantages liés à l’assurance maladie, les coûts liés à la reconversion professionnelle pour intégrer une nouvelle industrie et le fait d’être chassé d’emplois bien rémunérés vers des emplois qui rapportent moins. Les effets sont particulièrement importants chez les personnes qui occupent des emplois précaires et à faible revenu, et peuvent entraîner des coûts financiers plus élevés comme une augmentation des taux d’intérêt et des frais de retard, une diminution de la cote de crédit, l’accumulation des dettes étudiantes, la saisie du véhicule, l’éviction du logement, l’itinérance temporaire et la réduction de la sécurité de la retraite. L’étude révèle que les politiques conçues pour prévenir le harcèlement sexuel au travail ne fonctionnent pas: les personnes responsables de prévenir le harcèlement et de résoudre les cas ne le font pas, et les représailles sont communes. Les personnes ayant un risque accru de subir des pertes financières liées au harcèlement comprennent celles qui travaillent dans des industries dominées par les hommes, dans des milieux de travail physiquement isolés, ou dans des situations où il y a un important déséquilibre des pouvoirs (notamment en raison du statut d’immigration), et celles qui n’ont pas de moyens clairs pour signaler le harcèlement en raison de leur situation d’emploi (parce qu’elles sont sous-traitantes, franchisées ou autrement « décentralisées »). L’étude révèle que le coût à vie du harcèlement sexuel au travail peut atteindre des nombres aussi élevés que 1,3 million de dollars pour les personnes chassées d’un emploi bien rémunéré dans une industrie dominée par les hommes. Sur les 16 personnes interrogées, toutes ont subi un type quelconque de perte financière en raison du harcèlement. 🇺🇸


Conseil

Il se peut que vous ne soyez pas d’accord avec tous ces conseils ou que vous ne les trouviez pas tous pertinents. C’est correct. Les mêmes conseils ne conviennent pas à tout le monde. Nous espérons que certains d’entre eux vous seront utiles.

  1. Sachez que vous n’êtes pas seul.

    Le harcèlement sexuel est incroyablement commun. Ça arrive à beaucoup de gens. Si vous pensez à cinq personnes que vous connaissez, il est presque certain qu’au moins une d’entre elles (et probablement plus) a été harcelée sexuellement. Mais les gens ne parlent pas ouvertement de harcèlement, et ça veut dire que, lorsque ça nous arrive, on se sent souvent isolé et seul. Si vous vous sentez comme ça, vous trouverez peut-être utile de lire au sujet des expériences des autres. Si vous pensez que la lecture de cas réels de harcèlement pourrait être difficile pour vous, essayez de trouver des documents qui portent sur la façon dont les gens se sentent après, sur la façon dont ils ont géré la situation et sur la façon dont ils sont passés à autre chose.

  2. Sachez que ce n’est pas votre faute.

    Vous n’avez rien fait pour causer le harcèlement, et ce n’était pas votre faute. Pour bien des gens, c’est vraiment difficile à croire. Mais c’est incroyablement important. Ce qui vous est arrivé n’était pas votre faute. Vous ne l’avez pas causé. Vous n’avez rien fait de mal. La personne qui a fait quelque chose de mal est celle qui vous a harcelé. Si vous vous blâmez, veuillez lire cet article pour savoir pourquoi on se blâme et ce qui peut aider.

  3. Tenez compte des effets de vos décisions sur votre santé mentale.

    Vous avez probablement des décisions à prendre. Allez-vous signaler ce qui s’est passé? Allez-vous simplement rester au travail et essayer de tolérer le harcèlement? Allez-vous quitter votre emploi? Les décisions que vous prenez auront des effets sur votre santé mentale. Il peut être tentant de juste mettre ça de côté et de vous dire que tout ira bien. Mais votre santé et votre bonheur sont importants. Lorsque vous décidez quoi faire, nous vous recommandons d’accorder la priorité à votre propre santé mentale et à votre bien-être.

  4. Apprenez-en davantage sur le traumatisme et ses effets.

    Le harcèlement sexuel est souvent traumatisant et peut entraîner différentes réactions. Les gens se sentent souvent différents par la suite ou disent ne plus se sentir comme eux-mêmes. Le fait d’en apprendre davantage sur le traumatisme vous permettra de mieux comprendre pourquoi vous réagissez d’une certaine façon et comment vous pourriez mieux gérer la situation.

  5. Trouvez une stratégie de respiration qui vous convient.

    Le but des exercices de respiration est de vous permettre de vous calmer lorsque vous le souhaitez. « Box breathing » (la respiration carrée) est un exercice où vous imaginez un carré devant vous et déplacez lentement votre regard le long des côtés du carré pendant quatre secondes pour chaque côté. Avec le premier côté, inspirez pendant que votre regard se déplace le long du carré. Puis retenez votre souffle en déplaçant votre regard le long du haut de votre carré. Ensuite, lorsque vous descendez votre regard de l’autre côté du carré, expirez lentement en comptant jusqu’à quatre. Enfin, en déplaçant votre regard le long du bas de votre carré, retenez votre souffle en comptant une dernière fois jusqu’à quatre. Si ça semble trop compliqué, vous pouvez simplement respirer profondément, puis expirer lentement. Répétez l’exercice jusqu’à ce que vous commenciez à vous sentir plus calme.

  6. Soyez conscient de votre corps et des endroits où vous ressentez des émotions différentes.

    En étant conscient de vos sensations physiques, vous pourriez mieux comprendre comment vous vous sentez. Vous remarquerez peut-être des serrements musculaires, des changements dans votre respiration ou votre rythme cardiaque, de la lourdeur ou de la légèreté, des nausées, des maux de tête ou d’autres sensations qui vous aideront à mieux remarquer certaines émotions. En comprenant mieux comment votre corps se sent pendant que vous vivez différentes émotions, vous pouvez être plus conscient de la façon dont vous vous sentez physiquement et émotionnellement.

  7. Essayez de ne pas juger vos sentiments.

    Il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » réaction émotionnelle. Essayez plutôt de vous rappeler que vos réactions émotionnelles sont logiques et peuvent vous en dire plus sur votre expérience. Remarquez si vous dites souvent « je devrais ». Ça peut se manifester de différentes façons, dont « je devrais me sentir mieux maintenant », « je ne devrais pas me sentir comme ça » ou « je ne sais pas ce qui ne va pas avec moi, mais je devrais me sentir ____ ». Souvent, « je devrais » indique que vous vous jugez vous-même parce que vous ne vous sentez pas de la bonne façon. Acceptez plutôt vos émotions comme des indicateurs utiles de la façon dont vous vivez différentes situations.

  8. Reconnaître la différence entre la vraie culpabilité et la fausse culpabilité.

    La vraie culpabilité survient lorsque vous avez fait quelque chose de mal, intentionnellement ou non. C’est un guide pour vous aider à comprendre vos valeurs et votre code d’éthique. La fausse culpabilité donne l’impression que vous avez fait quelque chose de mal, même si vous ne l’avez pas fait. La vraie culpabilité peut nous pousser à agir, mais la fausse culpabilité nous bloque parce que nous n’avons pas de faute à expier. Ça peut aider de vous demander: « Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ou ai-je simplement l’impression d’avoir fait quelque chose de mal? » Les gens ressentent souvent un faux sentiment de culpabilité après avoir vécu du harcèlement sexuel. Rappelez-vous que ce qui vous est arrivé n’était pas votre faute.

  9. Comprenez vos émotions.

    Après le harcèlement, nos émotions peuvent être très déroutantes. Si vous avez de la difficulté à déterminer comment vous vous sentez, il y a de nombreuses façons de commencer à identifier vos sentiments. Trouvez un moment dans votre journée pour vous demander: « Comment est-ce que je me sens en ce moment? » Utilisez une roue des sentiments pour identifier différentes émotions. Ou commencez par les cinq émotions principales (joie, colère, tristesse, dégoût et peur). Posez-vous la question suivante: « Laquelle de ces émotions (ou quelle combinaison d’émotions) je ressens en ce moment? » Certaines personnes trouvent utile de consigner leurs émotions dans un journal, tandis que d’autres trouvent préférable de les dire à voix haute à un ami, à un animal de compagnie ou même à une plante.

  10. Faites attention à ne pas comparer vos souffrances à celle des autres.

    Parfois, on se dit que d’autres personnes vivent des choses bien pires que nous. Ou d’autres personnes nous le disent dans une tentative pour nous remonter le moral. S.V.P., faites attention avec ça. Le fait de se comparer à d’autres personnes qui vivent une situation « bien pire » peut nous donner l’impression de nous aider à être plus forts ou plus courageux. Mais ça peut aussi nous amener à avoir honte de nos propres sentiments ou à penser que nous n’avons pas le droit de nous sentir comme ça. La douleur ou les difficultés d’une autre personne n’ont rien à voir avec les vôtres: une expérience ne légitime pas ou ne dévalorise pas une autre expérience. Chacun a droit à ses propres sentiments.

  11. Demandez de l’aide.

    Si vous éprouvez des difficultés, il peut être difficile de parler avec les autres. Ce n’est pas nécessairement agréable. On ne veut pas nécessairement le faire. Mais ça peut être incroyablement utile. La clé, c’est de choisir des gens qui se soucient de vous et à qui vous pouvez faire confiance. Vous pouvez également choisir ce que vous partagez ou la quantité de détails que vous fournissez. Pour en savoir plus à ce sujet, lisez cet article sur la façon de bâtir un réseau de soutien.

  12. Dites aux gens comment vous aider.

    Parfois, vous avez besoin d’une oreille empathique, tandis que d’autres fois, vous avez besoin d’une distraction amusante ou d’une aide pratique. Les gens dans votre vie ne savent peut-être pas ce dont vous avez besoin. Prenez un moment pour déterminer le type de soutien que vous voulez et dites-le aux gens. Il n’y a rien de mal à demander différents types d’aide à différentes personnes, et il n’y a rien de mal à vouloir différentes choses à différents moments.

  13. Soyez conscient de vos besoins (et rappelez-vous qu’ils peuvent changer).

    Essayez de prendre l’habitude de vous demander ce dont vous avez besoin. Il y a beaucoup de choses dont vous pourriez avoir besoin, comme de la sécurité, du repos, de la nourriture, du mouvement, du soutien, de la validation ou de la justice. Vous avez peut-être besoin d’être cru, d’être aimé ou d’être compris. Vos émotions peuvent être un indicateur utile, alors plus vous êtes à l’écoute de vos sentiments, plus vous pourrez comprendre vos besoins.

  14. Trouvez un équilibre entre pousser vos limites et vous reposer.

    Parfois, vous devez vous mettre au défi pour prendre soin de vous en faisant des choses comme travailler, faire de l’exercice, manger ou faire du ménage. Parfois, vous devez faire preuve de gentillesse envers vous-même lorsque vous éprouvez des difficultés et simplement vous reposer. Il peut être difficile de savoir de quoi vous avez besoin à quel moment, alors faites attention à ce qui vous aide à vous sentir mieux. Une approche peut être d’essayer de faire une chose chaque jour qui vous aide à vous sentir productif et une chose que vous aimez. Dépendamment de votre niveau d’énergie au cours d’une journée donnée, vous pourriez être en mesure de vous pousser à en faire plus ou moins. Une chose aussi simple que se brosser les dents peut compter comme une « tâche productive » ce jour-là, tandis qu’une chose aussi brève que d’écouter l’une de vos chansons préférées que vous n’avez pas écoutée depuis longtemps peut être un moyen facile d’avoir un moment agréable.

  15. Essayez de trouver le positif dans le négatif (spirale ascendante).

    Souvent, des comportements mènent à d’autres comportements. Si vous avez de la difficulté à bien dormir, ça peut vous amener à vous sentir faible en énergie et incapable de préparer un repas sain ou de faire de l’exercice. Au fil du temps, chaque habitude peut contribuer à rendre les choses plus difficiles. Toutefois, l’inverse est également vrai. Chaque fois que vous prenez soin de vous et faites un choix sain, il devient plus facile de faire la prochaine chose positive pour vous-même. Dans cette perspective, vous pouvez réaliser que même un petit changement peut avoir un grand impact sur votre bien-être global.

  16. Consultez un professionnel si vous en avez besoin.

    Si vous êtes en crise, et surtout si vous risquez de vous faire du mal, il est important de demander l’aide d’un professionnel — par exemple d’un thérapeute, d’une infirmière ou d’un médecin. Mais nous savons que ça peut être très difficile d’avoir accès à ce type d’aide. Si vous ne pouvez pas parler à un thérapeute, à une infirmière ou à un médecin, vous pouvez appeler une ligne d’écoute téléphonique. Le Canada a une ligne d’assistance nationale pour la prévention du suicide que vous pouvez appeler ou texter, et à partir de là, ils pourront peut-être vous diriger vers d’autres ressources. De même, il existe des lignes d’assistance régionales pour quiconque est victime de violence basée sur le sexe. Vous voudrez aussi regarder du côté des groupes de soutien par les pairs, des groupes d’entraide ou des ressources d’entraide. Vous pouvez également composer le 211.

  17. Sachez qu’il n’y a pas de date limite pour vous sentir mieux.

    Si vous vivez une rechute ou une journée difficile, rappelez-vous que la guérison n’est pas une ligne droite. Ce dessin et celui-là l’illustrent très bien. Après une rechute, vous aurez peut-être l’impression d’être « de retour à la case départ », mais vous aurez toujours avec vous des choses que vous avez apprises de vos expériences passées. Pour cette raison, vous ne pouvez jamais revenir au début, même si vous en avez l’impression. Si vous avez régressé un peu, sachez que vous pouvez toujours progresser de nouveau.

  18. Trouvez des moyens de rétablir la confiance avec des personnes fiables.

    Si vous avez vécu du harcèlement sexuel, vous avez été trahi. Ça peut vous donner l’impression que la confiance a été brisée entre vous et de nombreuses personnes ou de nombreux systèmes dans votre vie. Nous vous recommandons de vous donner le temps de rétablir la confiance avec ceux qui ont prouvé qu’ils se souciaient de vous. Ça peut aussi aider d’établir de nouvelles relations avec d’autres personnes dans votre vie qui ne vous ont pas fait de mal.

  19. Établissez un lien avec quelque chose de plus grand que vous.

    Lorsqu’on a été traumatisé, le fait de se connecter à quelque chose de plus grand que nous-mêmes peut nous donner de la force. Vous pouvez passer du temps dehors et connecter avec la nature. Explorez ou redécouvrez vos croyances spirituelles ou religieuses. Écoutez ou créez de la musique. Joignez-vous à un groupe de défense des droits ou à un autre groupe communautaire avec des personnes à qui vous pouvez vous identifier ou avec qui vous voulez passer du temps. Le fait de trouver un lien avec quelque chose de plus grand que soi peut être puissant et inspirant.

  20. Trouvez votre propre voie.

    Les personnes qui ont vécu du harcèlement sexuel recevront souvent beaucoup de conseils contradictoires (incluant ici, de notre part!). Ça peut être déroutant. Nous vous encourageons avant tout à vous faire confiance et à faire confiance à votre propre instinct. Si quelqu’un suggère quelque chose qui ne vous semble pas bon ou qui, selon vous, n’est pas dans votre intérêt, respectez cette intuition. Il peut quand même être avantageux pour vous de demander des suggestions ou des conseils à d’autres personnes, mais n’oubliez pas que chaque décision vous revient. C’est vrai pour les choix que vous pourriez faire au sujet de votre carrière, au sujet du signalement et aussi de la décision de prendre soin de vous-même. Vous êtes le meilleur expert de vous-même et de votre propre vie, et nous vous encourageons à vous faire confiance.


En vivant ensemble au Canada, nous avons élaboré une série d’ententes sur la façon de se comporter les uns avec les autres.

Certaines ententes sont établies depuis longtemps et sont appuyées par presque tout le monde. Comme « c’est mal de voler » ou « nous n’avons pas le droit de nous entretuer ». Ces ententes ont habituellement été transformées en lois.

D’autres ententes sont plus récentes et ne sont peut-être pas appuyées par tout le monde. Comme « les gens devraient être traités équitablement, peu importe leur genre ou leur race ». Ces ententes sont parfois inscrites dans des lois, mais les violations peuvent être fréquentes, sans nécessairement être reconnues ou punies.

Lorsqu’on a une entente et qu’une personne ne la respecte pas, cette dernière brise l’entente et c’est une forme de trahison.

Pourquoi le harcèlement sexuel est une forme de trahison

Si vous avez été harcelé sexuellement au travail, vous avez été trahi d’au moins deux façons:

  1. Le Canada a décidé que ce n’est pas acceptable de harceler sexuellement quelqu’un. Lorsque quelqu’un vous harcèle sexuellement, il brise cette entente.
  2. Le Canada a décidé que les employeurs sont responsables de fournir à leurs employés un milieu de travail sécuritaire où ils ne seront pas harcelés. En ne respectant pas cette obligation, votre employeur a brisé cette entente.

Voici d’autres ententes que nous avons établies au Canada en tant que société qui sont brisées lorsqu’il y a harcèlement. Certaines de ces ententes obtiennent un appui général, alors que d’autres sont plus fragiles.

  • Nous avons convenu que les contacts sexuels sont seulement acceptables lorsque toutes les personnes concernées les désirent et y consentent.
  • Nous avons convenu qu’il n’est pas acceptable de traiter une personne différemment au travail en raison de son genre.
  • L’employeur est censé mettre en place des protections contre le harcèlement sexuel au travail. Lorsqu’une personne est harcelée au travail, l’employeur est censé prendre le problème au sérieux et essayer de le régler.
  • Lorsqu’une personne nous dit qu’elle a été harcelée, nous sommes censés la croire, à moins qu’il existe une bonne raison de ne pas le faire.
  • Lorsqu’une personne est harcelée, le problème est la personne qui harcèle, pas la personne qui l’a signalée.
  • Lorsqu’une personne est une victime, nous ne la jugeons pas et nous ne la blâmons pas.
  • Lorsqu’une personne demande l’aide d’une institution publique, comme la police ou le système de santé, l’institution a la responsabilité d’essayer de l’aider.
  • Lorsqu’une personne essaie d’obtenir justice en passant par le système judiciaire, elle devrait pouvoir y arriver.
  • Tout le monde mérite un traitement juste et équitable.

Comment on se sent après une trahison

Lorsqu’une personne ou une institution nous trahit en brisant les ententes établies, voici quelques exemples de ce qu’on peut ressentir.

  • Je n’arrive pas à croire ce qui se passe.
  • C’est tellement déconcertant. Pourquoi les gens agissent-ils ainsi?
  • Je n’arrive pas à croire que personne ne m’aide.
  • Je suis tellement déçu.
  • J’ai l’impression d’avoir été tellement naïf.
  • Comment ai-je pu être aussi stupide?
  • Je pensais pouvoir compter sur eux, mais je ne peux pas.
  • Pourquoi les gens sont-ils aussi horribles?
  • Je savais que je ne pouvais pas leur faire confiance.
  • Je savais que personne ne m’aiderait.
  • Ça ne me surprend pas du tout. C’est exactement ce à quoi je m’attendais.
  • On ne m’a dit que des mensonges.
  • Ça fait chier.

Nous allons vous aider à faire le ménage dans ces émotions.

Si vous vous sentez surpris, bizarre, mélangé ou hésitant

Ce genre de réaction est commun et se produit lorsque la situation semble compliquée.

Ça pourrait se produire lorsque la personne qui vous a harcelé vous a déjà aidé par le passé, lorsqu’elle est respectée dans votre communauté, ou lorsqu’elle est gentille avec les autres.

Ça pourrait se produire lorsque la personne est très puissante, ou lorsque vous êtes (ou avez été) dépendant d’elle.

Ça pourrait se produire lorsque les gens autour de vous admirent, valorisent ou respectent le harceleur, ou bien lorsqu’ils le craignent ou lorsqu’ils en dépendent.

Dans de telles circonstances, il peut être difficile de reconnaître que ce qui est arrivé est vrai. Parce que si vous le faites, vous pourriez ressentir le besoin de confronter la personne, ce qui pourrait être risqué ou inapproprié. Vous pourriez perdre le soutien des personnes qui sont importantes pour vous. Vous pourriez perturber et diviser un groupe qui vous tient à cœur.

Dans de telles circonstances, il peut être plus facile, voire nécessaire, de faire semblant que vous n’avez pas été trahi du tout.

Lorsqu’on ignore ou qu’on minimise la trahison qu’on a vécue, ça s’appelle un « déni de la trahison ».

On vit du déni de la trahison parce qu’on en a besoin. C’était ou c’est nécessaire de nier que ce qui nous est arrivé était vrai afin de se sentir en sécurité.

Si vous commencez à réaliser que vous avez été trahi, c’est peut-être parce que la preuve de cette trahison est devenue évidente et indéniable. Ou ça peut vouloir dire que vous ayez atteint un point dans votre vie où vous êtes suffisamment en sécurité pour reconnaître ce qui s’est produit.

Vous pourriez vous retrouver dans un cycle d’acceptation et de déni. Vous pourriez trouver ces choses faciles à accepter certains jours et puis, un autre jour, vous pourriez vous retrouver à minimiser ou à nier ce qui s’est produit.

Ça signifie simplement que vous êtes encore en train de démêler tout ça. Sachez que c’est un phénomène commun, et soyez patient envers vous-même.

Si vous vous sentez fâché, abandonné ou déçu

Ces sentiments peuvent vous aider à comprendre ce qui s’est produit. Ils sont un signal vous indiquant qui sont les personnes en qui vous aviez confiance, et qui sont celles qui vous ont déçu.

Dépendamment de ce qui vous est arrivé, vous pourriez avoir l’impression que plusieurs personnes vous ont déçu et laissé tomber:

  • la personne qui vous a harcelé
  • votre boss
  • les autres dirigeants à votre travail
  • les ressources humaines
  • vos collègues
  • votre famille ou vos amis
  • votre communauté professionnelle
  • la police
  • les professionnels de la santé
  • le système judiciaire
  • votre communauté
  • l’ensemble de votre pays

Plus il y a de groupes et de gens qui vous ont trahis, plus vous vous sentirez déçu et abandonné. Si vous avez été trahi par des institutions ou des systèmes entiers, vous risquez de vous sentir très seul et vulnérable. Ça peut ébranler votre vision du monde dans lequel vous vivez, et vous faire remettre en question vos croyances.

Pendant que vous êtes aux prises avec cette situation, vous pourriez avoir l’impression qu’on vous a ouvert les yeux. Vous pourriez avoir l’impression que, jusqu’à maintenant, vous étiez puéril, naïf ou excessivement confiant. Vous pourriez avoir l’impression de grandir. Vous pourriez avoir un sentiment de perte ou de chagrin.

Si vous n’êtes pas surpris

Que se passe-t-il si votre confiance a été brisée il y a très longtemps? Nous sommes censés vivre dans une société juste et équitable. Et si ça n’avait jamais été vrai pour nous?

  • Si on est une personne racialisée, on pourrait avoir vu ou avoir été la cible de racisme dès un très jeune âge.
  • Si on est une personne 2SLGBTQIA+, on peut avoir été harcelé ou abusé en raison de ça, surtout durant l’enfance ou à l’adolescence.
  • On a peut-être vu notre mère se battre contre le sexisme ou le harcèlement.
  • On a peut-être été témoin ou la cible d’autres formes de harcèlement, d’abus ou de violence, que ce soit au travail, à l’école, dans notre communauté ou dans notre famille.

Et peut-être que dans ces situations, les personnes censées régler le problème ne l’ont pas fait.

S’il y a longtemps qu’on a perdu confiance, c’est difficile de ressentir la trahison aujourd’hui. Quand les gens nous laissent tomber, on peut juste ne rien ressentir ou être cynique. On peut juste y trouver une confirmation de ce qu’on sait déjàque le système est brisé, que les choses sont injustes et qu’il n’y a pas de justice.

Si c’est vrai pour vous, vous pourriez avoir beaucoup de difficulté à faire confiance aux autres. Vous avez peut-être décidé que vous pouvez seulement faire confiance aux personnes comme vous. Ou vous pourriez sentir que vous ne pouvez faire confiance à personne.

Que faire de ces sentiments

Il est important d’être capable de raconter ses histoires de trahison, parce que cela peut nous aider à les démêler et à mieux comprendre ce qui s’est passé.

Il s’agit d’un processus. Ça ne se produit pas immédiatement ou tout d’un coup.

Ça peut aider de raconter votre histoire seulement à vous-même. Le simple fait de la mettre sur papier pourrait vous aider. Ça pourrait aussi vous aider de vous inspirer de votre histoire pour créer de l’art, comme une chanson ou un dessin.

Vous pourriez avoir envie de raconter votre histoire à d’autres gens. Ça peut sembler risqué parce que, si les autres réagissent mal, ça pourrait vous dérouter ou vous mêler.

Lorsque vous réfléchissez à qui vous pourriez raconter votre histoire, voici quelques questions que vous pourriez vouloir vous poser.

  • Puis-je être honnête et authentique avec cette personne?
  • Après avoir parlé avec cette personne, est-ce que je me sens habituellement mieux ou pire?
  • Est-ce que cette personne semble vraiment me comprendre?
  • Est-ce qu’être avec cette personne me fait habituellement sentir plus fort et plus confiant?
  • Est-ce que ma relation avec cette personne m’a aidé à grandir en tant que personne?

Si vous racontez votre histoire à une personne et que sa réaction vous fait sentir pire à propos de vous-même ou moins certain au sujet de ce qui s’est passé, ça pourrait être bon d’arrêter. Ça pourrait ne pas être possible pour cette personne présentement de vous écouter d’une façon qui peut vous aider.

Sachez que votre histoire peut changer au fil du temps, et que ça ne la rend pas moins vraie. Ça signifie simplement que vous êtes encore en train de la démêler.

Cherchez les occasions de rebâtir la confiance. Pas nécessairement avec les personnes qui vous ont blessé, mais avec les autres. Soyez à l’affût de ce que les autres peuvent faire pour gagner votre confiance. Ce processus sera différent pour chaque personne. Donnez-vous du temps pour y réfléchir et décider ce dont vous avez besoin pour retrouver un sentiment de sécurité.

Permettez-vous de changer vos attentes sans y aller avec une logique du « tout ou rien ». Portez attention à votre emploi de mots comme « toujours », « jamais », « tout le monde » ou « personne ». Souvent, ces mots apparaissent lorsqu’on a une perception extrême du monde. Si vous vous surprenez à penser « personne ne se soucie de moi » ou « tout le monde est dangereux », rappelez-vous qu’il existe des exceptions à ces affirmations.

Donnez-vous du temps pour voir le monde sous un nouvel angle. Souvent, lorsqu’on vit une trahison importante, ça peut changer notre perspective générale du monde. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, mais vous pourriez avoir besoin de temps pour vous adapter à ce changement de perspective.

Sachez que c’est un travail difficile et soyez patient envers vous-même.

Pendant que vous effectuez ce travail, ça pourrait aider de faire d’autres choses qui apportent de la beauté et de la joie dans votre vie. La musique et les autres formes d’art peuvent vous aider, tout comme la religion ou les activités à l’extérieur. Faire des pâtisseries ou cuisiner peuvent aider certaines personnes, alors que nager en aide d’autres. Prendre soin d’un animal de compagnie peut aider, tout comme sortir manger entre amis.

Bienvenue à votre « nouveau moi »

La trahison a transformé votre monde.

Vous avez été déçu, et vous avez subi des pertes.

Peut-être que ça vous a poussé à rester à l’écart des autres et à rejeter l’idée de dépendre de qui que ce soit. Peut-être que c’est difficile, voire impossible, de faire confiance.

Mais la trahison ne se résume pas juste à une perte. L’acceptation de la trahison peut vous inspirer à repenser votre vision du monde et vous aider à trouver de nouvelles valeurs, de nouvelles croyances, de nouveaux comportements et de nouvelles allégeances.

Vous pourriez vouloir prendre en considération ces énoncés.

  • Je veux pouvoir être honnête et authentique.
  • Je veux me sentir encouragé.
  • Je veux me sentir proche.
  • Je veux être compris.
  • Je veux pouvoir partager mes pensées et mes sentiments les plus profonds.
  • Je veux me sentir capable de changer positivement.
  • Je veux grandir de façon importante.
  • Je veux avoir un sentiment d’appartenance.
  • Je veux être soutenu.
  • S’il y a quelque chose qui me dérange, je veux qu’on me demande ce qui me tracasse.
  • Je veux être libre d’être moi-même.
  • Je ne veux pas me sentir comme si j’avais besoin de cacher des parties de moi-même.
  • Je veux être vu et apprécié.
  • Je veux être curieux par rapport à l’avenir.
  • Je veux être inspiré.

Beaucoup de ces souhaits peuvent venir de vous et d’un exercice de réflexion sur vous-même. Certains dépendent de nos connexions avec les autres et de notre confiance envers eux. Cette confiance peut prendre du temps à établir et vaut la peine qu’on la recherche.

La trahison est accompagnée d’une prise de conscience nouvelle et profonde.

Vous pourriez vous sentir ébranlé ou dégrisé par ce que vous avez appris.

Mais la trahison, aussi horrible soit-elle, peut vous offrir de nouvelles possibilités sur le plan de l’intimité et de la croissance personnelle. Sur le plan de la sécurité, de la loyauté, de la liberté et de l’inspiration.

Vous cherchez peut-être encore comment en arriver à ce point, mais ce n’est pas grave. Vous êtes sur la bonne voie.


Après avoir été harcelé sexuellement, vous pourriez être traumatisé. Voici quelques points à garder à l’esprit:

  • Toute expérience de harcèlement sexuel peut être traumatisante.
  • Au début, il peut être difficile de dire si le traumatisme vous affecte, et comment il vous affecte.
  • Deux personnes peuvent avoir la même expérience, et l’une peut être traumatisée, alors que l’autre, non.
  • Vivre quelque chose de traumatisant ne signifie pas nécessairement que vous développerez un trouble de stress post-traumatique (TSPT).
  • Si vous avez vécu beaucoup de traumatismes au fil des années, il est possible de développer un TSPT complexe.

Lorsqu’on parle de traumatisme, il y a un concept très utile qui s’appelle la fenêtre de tolérance.

Fenêtre de Tolérance, Sophie C

L’idée est que nous avons tous un niveau (ou une fenêtre) de stress que nous pouvons tolérer. Chaque jour, vous vivrez des hauts et des bas en ce qui concerne votre niveau de vigilance. Ce qui se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur de votre fenêtre est propre à vous et peut changer au fil du temps.

Au cours d’une journée typique, nous vivons différents événements stressants. Vous êtes peut-être arrivé en retard au travail, ou vous avez eu une dispute avec un membre de votre famille ou quelqu’un vous a presque frappé avec sa voiture dans un stationnement. Chaque événement stressant peut temporairement vous amener à un point plus élevé dans votre fenêtre. Si ces événements se produisent en succession rapide et qu’il n’y a pas assez de temps pour vous calmer entre eux, vous vous retrouverez probablement près de la limite de votre fenêtre, ou peut-être même à l’extérieur de celle-ci.  

Certaines personnes sont presque toujours près de la limite de leur fenêtre de tolérance. Cela peut arriver si votre vie est très stressante. Vous pourriez être stressé au sujet de l’argent, des problèmes de santé, des conflits familiaux, des difficultés au travail ou d’autres défis. Ça peut également se produire si vous êtes régulièrement victime de discrimination, par exemple si vous êtes une personne autochtone, une personne racialisée ou une personne 2SLGBTQIA+.

Lorsque vous êtes harcelé, vous pouvez être poussé hors de votre fenêtre. C’est surtout probable si le harcèlement était vraiment grave ou si vous étiez déjà près de la limite de votre fenêtre de tolérance. Nous sortons de notre fenêtre de tolérance chaque fois qu’il y a un danger réel ou perçu. Le harcèlement sexuel est une menace pour votre bien-être, alors votre esprit et votre corps se mettent en mode survie pour essayer de vous protéger.

Cela entraîne habituellement l’une des quatre réactions suivantes: lutter, fuir, figer ou amadouer.

Lutter, fuir, figer et amadouer

Quelqu’un vous harcèle sexuellement. Vous lui criez d’arrêter ou de vous laisser tranquille. Vous le frappez ou vous le poussez physiquement loin de vous. Ou vous vous retenez peut-être de le frapper, même si votre corps veut vraiment le blesser. Vous allez directement voir votre boss pour vous plaindre. Ces réactions appartiennent toutes à la catégorie « lutter ».

Quelqu’un vous harcèle sexuellement. Vous voulez immédiatement quitter la pièce. Vous vous enfuyez rapidement ou vous quittez même votre lieu de travail. Vous pourriez éviter d’aller au travail ou même quitter votre emploi sur-le-champ. Vous vous sauvez ou vous voulez désespérément vous éloigner de tout danger. Ces réactions sont toutes une façon pour vous de fuir.

Quelqu’un vous harcèle sexuellement. Vous figez sur place. Vous ne pouvez plus bouger. Vous ne dites rien ou vous ne faites rien. Votre cœur bat la chamade. Si vous étiez une voiture, ce serait comme si l’on pesait sur votre accélérateur et votre frein en même temps sans que vous ne puissiez aller nulle part. C’est ce qu’on appelle figer.

Quelqu’un vous harcèle sexuellement. Vous souriez ou vous riez. Vous essayez de désamorcer la situation. Vous essayez de ne pas faire quoi que ce soit qui pourrait fâcher le harceleur. Vous essayez de le charmer. Si quelqu’un vous voyait, il pourrait mal interpréter la situation et penser que vous êtes à l’aise, ou même que vous aimez ça. C’est amadouer.

Parce que chacune de ces réactions se produit lorsque vous êtes en dehors de votre fenêtre de tolérance, aucune d’entre elles ne relève complètement de votre contrôle. Ce sont des réactions automatiques qui visent exclusivement à assurer votre sécurité et votre survie. Elles ne sont pas toujours logiques. Elles sont souvent déroutantes, car ce n’est probablement pas la façon dont vous agiriez si vous étiez calme et aviez le temps de réfléchir à la situation.

Pourquoi avez-vous réagi comme vous l’avez fait?

Votre réponse est probablement basée sur un mélange de ce qui était disponible comme option sur le moment, de ce que vous avez rapidement évalué comme étant la meilleure réaction compte tenu des circonstances, et de ce qui vous a aidé dans le passé lorsque vous vous êtes senti en danger.

Peut-être que votre réaction était tout à fait logique, et que vous pensiez avoir bien géré les choses.

Mais le plus souvent, ce n’est pas ce que les gens pensent. La plupart des gens qui ont été harcelés sexuellement se sentent totalement confus par rapport à leur réaction.

Peut-être que vous vous voyez comme quelqu’un de résilient, ou de déterminé, ou d’intelligent, ou de courageux, et pourtant, quand vous avez été harcelé, vous avez agi d’une manière totalement différente. Peut-être que vous craignez maintenant de ne pas être la personne que vous pensiez être.

Si c’est votre cas, sachez que la façon dont vous réagissez à une menace ne reflète en rien votre caractère, vos valeurs ou qui vous êtes en tant que personne. Ce n’est tout simplement pas le cas.

  • Si vous avez lutté, cela ne veut pas dire que vous êtes impulsif ou insouciant.
  • Si vous avez fui, cela ne veut pas dire que vous êtes lâche.
  • Si vous avez figé, ça ne fait pas de vous quelqu’un de passif.
  • Si vous avez tenté d’amadouer le harceleur, ça ne fait pas de vous un complice.

Parfois, les gens finissent par regretter la façon dont ils ont réagi parce que leur réaction a vraiment gâché les choses pour eux. Par exemple, vous avez peut-être été congédié parce que vous avez explosé ou crié, ou vous avez peut-être quitté spontanément un emploi dont vous aviez vraiment besoin. Ou vous souhaiteriez avoir été capable de vous défendre et vous vous demandez pourquoi vous n’avez rien fait à ce moment-là.

Parfois, les gens ont l’impression d’avoir réagi de façon excessive. C’est très commun parce que, encore une fois, ce n’est pas un choix conscient où vous êtes en total contrôle de vos actions.

Lorsque vous sortez de la fenêtre de ce que vous pouvez tolérer, vous ne pouvez plus penser à vos objectifs à court ou à long terme. Vous ne vous concentrez que sur votre objectif immédiat de survivre à la situation dangereuse dans laquelle vous vous trouvez. À ce moment-là, votre cerveau a évalué rapidement ses options et a décidé de réagir de la façon qu’il estimait être la meilleure pour vous protéger et minimiser les dégâts.

La menace de recours à la violence sexuelle est, en soi, un événement traumatisant. Si ç’a provoqué une réaction d’urgence, c’est logique.

Comment le traumatisme pourrait vous affecter

Voici quelques signes communs de traumatisme que vous pourriez ressentir après le harcèlement sexuel. Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle peut être un bon point de départ pour comprendre ce que vous vivez.

Pensées ou humeurs négatives: Se sentir mal à propos de soi-même, déprimé, en colère, isolé, honteux ou effrayé.

Hypervigilance: Se sentir nerveux ou être facilement effrayé. Vous pourriez ressentir le besoin de toujours être à l’affût du danger. Vous remarquerez peut-être que vos muscles sont tendus, que vous avez le cœur qui palpite ou que vous avez d’autres signes physiques qui montrent que vous êtes prêt à passer à l’action à tout moment.

Autres symptômes physiques: Comme des douleurs corporelles, une tension artérielle plus élevée, des maux de tête, des nausées ou des troubles respiratoires.

Flashbacks ou cauchemars: Lorsque les souvenirs de l’événement réapparaissent dans votre esprit ou que vous avez l’impression de les revivre.

Rumination: Lorsque vous ne pouvez pas cesser de penser à ce qui s’est passé ou que vous continuez de vous demander pourquoi vous n’avez pas réagi différemment.

Fuite: Éviter de penser à l’événement traumatisant ou éviter certains endroits, certaines personnes ou certaines situations. Il peut aussi s’agir de fuir le toucher ou toute intimité physique ou sexuelle.

Fatigue ou difficulté à dormir: Difficulté à s’endormir ou à rester endormi, ou besoin de dormir beaucoup plus que d’habitude.

Chacun de ces symptômes est normal lorsque nous pensons à ce que votre corps ressent et à la façon dont il essaie de vous aider à rester en sécurité. Même si votre esprit sait que vous n’êtes plus dans une situation d’urgence, votre corps peut mettre beaucoup plus de temps à s’en rendre compte. Bon nombre de ces symptômes sont nécessaires si vous devez être prêt à « passer à l’action ».

Ce qui aide

Essayez de comprendre que votre réaction initiale ne dit rien de vous en tant que personne. Si vous regrettez ce que vous avez fait ou que vous vous jugez vous-même, essayez de vous rappeler que nos réactions automatiques de lutter, de fuir, de figer et d’amadouer ne sont pas des choix conscients. Au lieu d’être fâché contre vous-même au sujet de la façon dont vous « auriez dû réagir », essayez de vous pardonner.

Accordez la priorité à votre propre sécurité. Si nous passons beaucoup de temps en dehors de notre fenêtre de tolérance, la fenêtre peut commencer à rétrécir. Avec une fenêtre plus petite, les expériences que vous pouviez tolérer auparavant peuvent maintenant être en dehors de votre fenêtre de tolérance. Si vous êtes facilement surpris ou provoqué, c’est peut-être parce que votre fenêtre a temporairement rétréci. Votre fenêtre peut s’agrandir avec le temps, à condition que vous puissiez demeurer à l’intérieur. Ce n’est pas toujours sous votre contrôle, mais il peut être utile d’envisager des façons d’être et de vous sentir plus en sécurité.

Si l’événement menaçant est terminé et que vous sentez que vous pouvez maintenant penser plus facilement, ça pourrait aider de réfléchir à la façon dont vous voudriez gérer le harcèlement si vous étiez harcelé de nouveau. Réfléchissez à la façon dont vous pourriez vouloir réagir à différents scénarios de harcèlement. Envisagez de vous exercer avec un ami.

Exercez-vous à respirer calmement. Il existe de nombreuses façons de le faire, notamment en ralentissant votre respiration ou en utilisant une technique appelée « box breathing » ou respiration carrée. C’est une technique où vous devez imaginer un carré. Vous pouvez décider de la couleur, de la taille ou de la texture du carré. Imaginez-le devant vous et laissez votre regard se déplacer lentement le long du haut, du côté, du bas et de l’autre côté du carré. Pour chaque côté, comptez jusqu’à quatre pendant que vous inspirez lentement, faites une pause, expirez et faites une pause.

Box breathing relaxation technique: how to calm feelings of stress or anxiety, Sunnybrook Hospital

Apprenez des stratégies d’ancrage qui fonctionnent pour vous. Il existe de nombreuses stratégies d’ancrage différentes qui peuvent vous aider. Souvent, elles se classent dans trois catégories: l’ancrage mental, l’ancrage physique et l’ancrage apaisant. Voici une liste de stratégies communes qui peuvent vous aider. Vous n’avez pas besoin de toutes les apprendre, mais essayez-en quelques-unes pour voir lesquelles vous semblent utiles et apaisantes.

Pratiquez la relaxation musculaire progressive. C’est une technique très utile que vous pouvez pratiquer régulièrement. C’est une façon de relaxer intentionnellement les différentes parties de votre corps. Plus précisément, si vous êtes physiquement tendu, cela vous permet de serrer délibérément chaque section de votre corps, de la tenir, puis de relaxer ces sections. Beaucoup de gens trouvent cela utile au début ou à la fin de la journée. Cette vidéo montre comment faire.

Mindful Breathing: Progressive Muscle Relaxation, American Lung Association

Apprenez-en plus sur l’établissement de limites saines. Le harcèlement sexuel est une violation de vos limites. Souvent, les gens trouvent que ces expériences font en sorte qu’il est plus difficile d’avoir des limites personnelles claires dans différents domaines de leur vie. Lire des livres comme celui-ci ou s’abonner à des comptes Instagram comme celui-ci peut vous aider à en apprendre davantage sur les limites saines et malsaines. 

Prenez votre temps. Il est important, lorsque vous parlez du traumatisme, de prendre les choses un jour à la fois et de continuer à vérifier comment vous vous sentez. Même en lisant cet article ou d’autres documents sur ce site Web, prenez le temps de noter certaines émotions ou sensations physiques et de prendre autant de pauses que vous en avez besoin.

Pratiquez l’autocompassion. Il y a un excellent site Web de la Dre Kristin Neff qui contient beaucoup de ressources autoguidées différentes sur l’autocompassion. Souvent, il peut être difficile d’en voir les bienfaits au départ, alors essayez quelques exercices avant de décider s’ils vous conviennent.

Vous pourriez avoir de la difficulté à vous remettre du traumatisme que vous avez vécu. Cela peut se produire si le harcèlement était vraiment grave, ou si le traumatisme lié à celui-ci s’ajoute à beaucoup de traumatismes antérieurs non résolus, par exemple si vous avez eu une enfance difficile ou que vous avez vécu beaucoup d’adversité à l’âge adulte.

Pensez à lire des livres sur les traumatismes, comme The Body Keeps the Score de Bessel van de Kolk.

Si vous êtes préoccupé par le niveau de traumatisme que vous avez vécu et que vous vous sentez dépassé, envisagez d’essayer un groupe de soutien ou une thérapie individuelle. Nous savons qu’il peut être difficile de trouver de l’aide professionnelle. Songez à appeler une ligne d’urgence où vous pouvez parler à un conseiller formé. Ou composez le 211, un service qui pourrait vous aider à obtenir du soutien professionnel. Ou jetez un coup d’œil à notre Roulette de ressources, où vous trouverez des liens vers des livres, des jeux-questionnaires, des balados et d’autres formes de médias qui pourraient vous aider.

Essayez de comprendre

N’oubliez pas que si vous avez subi un traumatisme, ce n’est pas votre faute. Vous n’avez rien fait de mal. Mais le traumatisme vous a laissé une responsabilité envers vous-même—la responsabilité de reconnaître comment le traumatisme vous a affecté. De comprendre vos déclencheurs. De parler à des personnes dans votre vie qui vous soutiennent et d’obtenir l’aide dont vous avez besoin. De trouver des façons de composer avec la situation. Ce sont des choses que vous vous devez à vous-même. Vous en valez la peine et vous le méritez.


Dans cet article, nous parlerons de qui dénonce le harcèlement et pourquoi, ce qui leur arrive par la suite, et comment ils se sentent après coup. Il y a beaucoup de citations directes dans cet article. C’est parce que nous voulions que vous entendiez, dans leurs propres mots, pourquoi ces personnes ont dénoncé le harcèlement et comment elles se sont senties après.

Voici la version courte:

Les dénonciateurs sont des personnes d’une grande moralité qui sont indignées par les mauvais comportements. Lorsqu’elles dénoncent une situation, elles ne reçoivent habituellement aucune récompense pour l’avoir fait; elles sont plutôt punies. Elles finissent généralement par regretter de l’avoir fait parce que le prix à payer s’avère très élevé. Mais elles disent aussi qu’elles le feraient encore parce qu’elles n’arriveraient pas à se regarder dans le miroir sinon.

Allons-y. Commençons par définir la dénonciation.

[La dénonciation] est le signalement, par des employés ou d’anciens employés, du comportement illégal, contraire à l’éthique ou autrement inapproprié d’une personne qui a le pouvoir de prendre des mesures correctives.

Terance D. Miethe, Whistleblowing at Work: Tough Choices in Exposing Fraud, Waste, and Abuse on the Job, Avalon Publishing, 1999.

Pour qu’il s’agisse d’une dénonciation, vous devez sortir de votre propre chaîne de commandement. Si vous en parlez à votre patron ou aux RH, vous ne faites pas une dénonciation; vous ne faites que signaler. Link to regional Reporting to employer guides.

Pour qu’il s’agisse d’une dénonciation, vous devez dénoncer la situation à une personne à l’extérieur de votre organisation. Ça signifie dévoiler votre histoire publiquement en parlant sur les médias sociaux ou avec un journaliste, ou en alertant un organisme chargé de surveiller votre employeur, comme un conseil d’administration, un organisme de réglementation ou une association liée à l’industrie.

Pour qu’il s’agisse d’une dénonciation, les experts affirment que le dénonciateur doit essayer d’empêcher que du tort soit fait à d’autres personnes et pas seulement à lui-même. Souvent, les dénonciations concernent des torts en lien avec l’environnement ou la santé (par exemple, si une entreprise relâche des substances toxiques dans l’eau ou dans l’air), de nature financière (par exemple, si une banque surfacture les services offerts à ses clients) et/ou de nature légale (par exemple, si un gouvernement espionne ses propres citoyens).

Certains experts estiment que le signalement du harcèlement ne compte pas comme une dénonciation parce qu’ils pensent que les gens signalent le harcèlement pour se protéger eux-mêmes et non pour protéger les autres. Nous ne sommes pas d’accord. Presque tous les gens qui signalent un cas de harcèlement sont au moins en partie motivés par la volonté d’empêcher que d’autres personnes soient harcelées. Nous sommes donc d’avis que le signalement d’un incident de harcèlement sexuel devrait compter comme une dénonciation.

Pourquoi les gens dénoncent le harcèlement sexuel

Les dénonciateurs sont habituellement motivés par un mélange d’indignation morale et de désir de protéger les autres. Voici le genre de choses auxquelles les dénonciateurs ont tendance à penser lorsqu’ils dénoncent:

  • Quelque chose de mal est en train de se passer.
  • Des gens se font blesser.
  • Les personnes qui sont censées régler le problème ne respectent pas leurs responsabilités.
  • On essaie de cacher ou de dissimuler ce qui se passe.
  • Ça dure depuis trop longtemps et il faut que ça arrête.
  • Le public mérite de connaître la vérité et il y a des gens qui doivent être tenus responsables.
  • Je ne peux pas supporter d’être associé à ça.
  • Je ne pourrais pas me regarder dans le miroir si je gardais le silence à ce sujet.

Voici quelques citations de vraies personnes ayant dénoncé le harcèlement sexuel qui expliquent pourquoi elles l’ont fait.

C’est beaucoup trop répandu et j’en ai fucking assez. Ce n’était pas seulement à propos de moi, ça concernait tout le monde dans l’industrie qui devait faire face à ça régulièrement.

En 2017, Brittany Lyne Rudyck, qui était alors barmaid et gestionnaire des médias sociaux pour Needle Vinyl Tavern à Edmonton, a quitté son emploi et publié un billet sur Facebook dans lequel elle s’est plainte que l’un des copropriétaires du bar lui avait fait subir du harcèlement sexuel.

Mon combat ne s’est jamais limité qu’à moi-même. Mon objectif principal était d’apporter des changements positifs au milieu de travail afin d’éviter que ça n’arrive aux autres.

En 2019, l’ancien agent correctionnel T. M. a déposé une plainte à la Commission des droits de la personne du Manitoba, soutenant qu’il avait enduré des années de harcèlement de la part de ses collègues au Centre manitobain de la jeunesse parce qu’il est gai.

Mon intention a toujours été de dénoncer le harcèlement dans le but de me protéger, et pour améliorer le milieu de travail et le rendre plus sécuritaire.

En 2007, l’ancienne pompière Liane Tessier a déposé une plainte à la Commission des droits de la personne de la Nouvelle-Écosse, soutenant qu’elle avait enduré des années de traitement abusif et dénigrant de la part de ses collègues parce qu’elle est une femme.

Je veux m’assurer qu’en me défendant, je défends aussi les personnes gaies ou trans ou lesbiennes ou bisexuelles de notre communauté qui ont l’impression de ne pas avoir de voix ou qui se sentent oppressées ou incapables de parler. Faites entendre votre voix et soyez fiers.

En 2019, Jason McDonald, un cadre de la Légion royale canadienne de New Waterford, en Nouvelle-Écosse, a déposé une plainte auprès de la Légion et de la Commission des droits de la personne de la Nouvelle-Écosse, soutenant qu’il était la cible de moqueries et d’injures homophobes parce qu’il est gai.

Qu’est-ce qui arrive aux dénonciateurs?

« S’opposer à l’organisation », a écrit C. Fred Alford dans son livre au sujet des dénonciateurs, « c’est risquer l’annihilation. »

Voici ce qui arrive aux dénonciateurs, selon les experts:

  • Ils se font très fréquemment renvoyer.
  • Lorsqu’ils ne sont pas renvoyés, ils se font mettre de côté et exclure au travail.
  • Leurs collègues se retournent contre eux.
  • Leur industrie les met souvent sur une liste noire.
  • Leurs causes peuvent traîner pendant des années et leur coûter beaucoup plus de temps et d’argent qu’ils avaient prévu.
  • Leurs familles se fâchent contre eux pour avoir fait passer une « cause » avant leur famille, et leurs relations principales —époux, partenaire —ont tendance à se briser.
  • Leur santé mentale en souffre, souvent gravement. Beaucoup se retrouvent aux prises avec une dépression ou de l’alcoolisme. Beaucoup pensent au suicide.
  • Ils souffrent de problèmes financiers à court terme et à long terme.
  • Ils finissent par accepter un emploi qui est de loin pire que celui qu’ils avaient avant.

Voici, dans leurs propres mots, ce que ces gens ont à dire sur ce qui leur est arrivé après avoir dénoncé le harcèlement.

Lorsque vous dénoncez, vous devenez un poison aux yeux de l’entreprise. Votre présence les rend malades.

Dénonciateur anonyme, tel que cité dans Whistleblowers: Broken Lives and Organizational Power par C. Fred Alford.

Depuis que je me suis plainte, les hommes se réunissent et parlent de moi et disent que la “petite bitch” ne sera pas contente tant que quelqu’un n’aura pas été renvoyé.

Billie Jo Barnes, opératrice de machinerie lourde dans un camp de travail accessible par voie aérienne à la mine de Mary River au Nunavut, se plaignant de harcèlement sexuel en 2018.

Je m’attendais à des représailles au sein de l’unité. Je ne m’attendais pas, lorsque le bras exécutif de l’armée, lorsque les hauts responsables sont intervenus, à ce qu’ils ne me soutiennent pas.

Krystina MacLean, ancienne employée civile du ministère de la Défense nationale, qui a déposé un grief pour signaler du harcèlement sexuel et racial avant d’être suspendue et éventuellement renvoyée.

Ça prend des années, et ça prend tout notre argent. J’ai déjà dépensé près de 60 000 $ de ma poche pour un procès au Tribunal des droits de la personne qui n’a même pas encore commencé.

Effy Zarabi-Majd, ancienne agente de police de Toronto, parlant des coûts humains et financiers en lien avec le dépôt d’une plainte contre ses collègues devant le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario.

Si vous faites une dénonciation, vous courrez le risque d’être poursuivi pour diffamation

Si vous parlez en mal d’une personne ou d’une entreprise, vous risquez d’être poursuivi pour diffamation. « Diffamation » est un terme juridique. Il décrit les situations où une personne dit publiquement des choses qui ne sont pas vraies et qui causent du tort à la réputation d’une autre personne ou d’une compagnie. Il peut s’agir d’un message publié, ce que l’on appelle souvent un « libelle », ou de paroles prononcées —dans certaines régions du pays, on appelle ça des « propos diffamatoires ».

Les poursuites pour diffamation sont des plaintes civiles et ne relèvent pas du droit criminel, ce qui signifie qu’elles n’impliquent pas la police.

Consultez la page intitulée Comment décider s’il faut intenter une poursuite (et à quoi vous attendre si vous le faites). N’importe qui peut déposer une plainte pour diffamation. Il n’est pas nécessaire d’avoir un dossier solide; il faut seulement avoir assez d’argent pour se payer un avocat.

Est-ce que les dénonciateurs regrettent d’avoir dénoncé?

Je pense que j’ai été fou de dénoncer. Mais je pense que je n’ai jamais eu le choix. C’était parler ou partir.

Le dénonciateur John Brown, tel que cité dans Whistleblowers: Broken Lives and Organizational Power par C. Fred Alford.

Si un dénonciateur pouvait remonter le temps, sachant exactement comment les choses allaient se passer, est-ce qu’il dénoncerait quand même? Les chercheurs disent que oui. Presque tous les dénonciateurs disent qu’ils dénonceraient encore même s’ils savaient exactement ce qui allait arriver par la suite.

Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de regrets. Beaucoup de dénonciateurs en ont. Les pertes qu’ils ont subies sont importantes.

Alors, pourquoi le feraient-ils encore? Les experts disent que c’est parce que les dénonciateurs sont des personnes profondément idéalistes qui croient fermement en leurs obligations et en leurs responsabilités. Ils n’arriveraient tout simplement pas à se regarder dans le miroir en sachant qu’une injustice cause du tort aux gens et est passée sous silence s’ils n’essayaient pas au moins de faire quelque chose.

C’est en partie la raison pour laquelle la dénonciation est si difficile pour les gens. Parce que les dénonciateurs sont idéalistes, ce qui se produit par la suite leur font perdre confiance en leurs boss, leurs collègues, leurs familles, leurs amis et le système de justice.

Tirée du livre Whistleblowers de C. Fred Alford, voici une liste de choses que, selon Alford, les dénonciateurs croyaient avant de dénoncer et auxquelles ils ont dû renoncer après:

  • Qu’on peut se fier à la loi et à la justice.
  • Qu’une personne ne sera pas sacrifiée au nom du groupe.
  • Que vos amis resteront loyaux même lorsque vos collègues ne le sont pas.
  • Que l’organisation n’est pas fondamentalement immorale.
  • Qu’il y a quelqu’un, quelque part, en position de pouvoir qui connaît la vérité, qui s’en préoccupe et qui fera la bonne chose.
  • Que la vérité est importante et que quelqu’un voudra la connaître.
  • Que si quelqu’un a raison et est persistant, les choses finiront par s’arranger pour le mieux.
  • Que même si les choses tournent mal, les autres comprendront.
  • Que la famille est un havre de paix dans un monde sans cœur, et que votre époux et vos enfants ne vous abandonneront pas.

Comment décider de dénoncer ou non

Nous ne pouvons pas vous dire si la dénonciation est la bonne chose à faire pour vous. C’est une décision très personnelle.

Voici ce que nous pouvons dire.

la dénonciation ne vous permettra probablement pas d’obtenir justice.

Mais pour certaines personnes, la dénonciation est la bonne solution de toute façon.

Si vous êtes le genre de personne qui serait portée à dénoncer, vous le savez probablement déjà. Si vous n’êtes pas sûr, demandez-vous comment ces énoncés vous font sentir:

C’est important de dire la vérité.
C’est important de respecter ses promesses.
J’ai un grand sens des responsabilités.
Le véritable test de caractère consiste à faire la bonne chose même quand c’est difficile.
Le fait de garder le silence face à une injustice est un acte de lâcheté.
Je n’arriverais pas à vivre en paix avec moi-même si je ne me comportais pas avec honneur.
Je ne pourrais pas supporter de m’associer avec des personnes qui ne respectent pas leurs obligations.
L’intégrité, c’est faire la bonne chose, même si on finit par se faire punir.
Les privilèges viennent avec des responsabilités, et les responsabilités exigent de rendre des comptes.

Nous pensons qu’il n’y a pas de « bonne » façon de vous comporter. Il n’y a pas d’option qui vous permettra d’obtenir justice et de protéger les autres tout en garantissant votre bonheur par la suite. Cette option n’existe tout simplement pas.

À notre avis, ça veut dire que vous devriez juste faire ce qui vous semble le mieux pour vous. Ne vous inquiétez pas de plaire aux autres ou d’être à la hauteur des idéaux présentés dans les films hollywoodiens où les personnes qui dénoncent gagnent à la fin. Contentez-vous de faire ce qui vous semble le mieux pour vous.

Si vous êtes le genre de personne qui serait portée à dénoncer, vous le savez probablement déjà. Si ce profil vous correspond, nous espérons que cet article vous aide à comprendre à quoi vous attendre pour que vous puissiez vous protéger autant que possible.

Mais si vous êtes le genre de personne qui choisira de garder le silence, eh bien, nous pensons qu’étant donné les circonstances, c’est une décision tout à fait honorable et raisonnable.

Peu importe votre décision, nous vous souhaitons bonne chance.


Après avoir été harcelé sexuellement, vous pourriez éprouver un sentiment de deuil et de perte. Ça pourrait sembler bizarre, et vous pourriez d’abord avoir de la difficulté à reconnaître ce que vous ressentez, parce que nous associons souvent le sentiment de deuil avec la mort. Mais on peut éprouver un sentiment de deuil chaque fois qu’on vit une perte importante dans notre vie.

Voici quelques exemples de choses que vous pourriez avoir le sentiment d’avoir perdues:

  • La perte de votre confiance envers la personne qui vous a harcelé.
  • La perte de votre confiance envers votre milieu de travail ou vos collègues.
  • La perte de ce que vous pensiez savoir sur les autres.
  • La perte de ce que vous pensiez savoir sur vous-même.
  • La perte de votre foi ou de votre confiance envers le système de justice.
  • La perte de votre sécurité ou de votre sérénité.
  • La perte du temps que vous avez passé à essayer de gérer ce que vous avez vécu.
  • La perte du temps que vous avez passé à lutter contre la dépression, l’anxiété et l’épuisement.
  • La perte d’un rêve, d’un plan d’avenir ou de possibilités que vous aviez imaginées.
  • La perte du sentiment d’être à l’aise dans votre propre corps.
  • La perte de votre emploi ou de votre sécurité d’emploi.
  • La perte de votre stabilité financière.
  • La perte de votre confiance envers votre propre jugement.

Cette liste n’est pas complète. Il pourrait y avoir d’autres choses que vous avez perdues et dont vous devez faire le deuil.

Il peut être difficile de déterminer exactement ce qui provoque le sentiment de deuil. Mais vous n’avez pas besoin de trouver la raison exacte. Ça pourrait aider de juste avoir conscience que vous avez subi une perte, et vous pourriez remarquer que votre sentiment de deuil change et évolue à mesure que vous apprenez à composer avec ce qui vous est arrivé.

Il est commun que les gens se méfient de leur sentiment de deuil. Vous pourriez vous inquiéter parce que vous estimez que vous ne réagissez pas assez ou trop. Si vous vous sentez comme ça, sachez que cette impression est commune. Le sentiment de deuil n’est pas un état constant. Il y a sans doute des moments de la journée où vous le ressentirez plus intensément et d’autres où vous le ressentirez moins intensément. Au point le plus intense, vous pourriez avoir l’impression que le sentiment de deuil est une vague qui déferle sur vous ou que vous tombez dans le puits noir du désespoir. À d’autres moments, votre sentiment de deuil pourrait sembler plus facile à gérer, plus distant ou plus petit.

Vous pourriez même vous sentir comme engourdi, dans un état où il est difficile de ressentir quoi que ce soit. C’est souvent une façon pour votre corps de vous aider à composer avec la situation lorsque celle-ci serait autrement intolérable. Lorsque ça se produit, c’est possible que votre sentiment de deuil refasse surface plus tard. Il n’y a pas de calendrier précis permettant de prédire quand, comment et pendant combien de temps vous ressentirez un sentiment de deuil.

Le sentiment de deuil et de perte peut souvent réveiller d’autres pertes survenues dans le passé. Surtout si ces expériences passées ne sont pas résolues. Si votre sentiment de deuil vous semble « démesuré » par rapport à la situation actuelle, vous pourriez réfléchir aux autres fois où vous vous êtes senti de cette façon. Votre réaction pourrait être attribuable en partie à ce qui vous arrive actuellement et en partie à ce qui vous est arrivé dans le passé. Comprendre ça peut vous aider à mieux interpréter et à confirmer vos réactions.

Vous pourriez sentir le besoin de vous distraire ou d’ignorer le problème. Vous pourriez commencer à vous dire : « Si je n’y pense pas et que je n’en parle pas, il n’y a pas de problème. » La réalité, cependant, c’est que le fait d’ignorer ou de refouler le sentiment de deuil a tendance à le faire durer plus longtemps.

Vous pourriez remarquer que certains comportements se manifestent plus souvent, comme une tendance à vous distraire avec de la nourriture, la consommation de substances, les jeux de hasard, le magasinage, ou d’autres activités capables de vous divertir ou de dissimuler comment vous vous sentez de façon temporaire. C’est quelque chose de très commun et de compréhensible. Mais vous devriez peut-être surveiller ces comportements afin de vous assurer que vos efforts pour vous distraire ne causent pas d’autres difficultés dans votre vie.

La vérité, c’est que même s’il peut être tentant d’ignorer ou de refouler votre sentiment de deuil, cette stratégie ne vous permettra pas de guérir ou de vous rétablir. En fait, essayer de refouler le sentiment de deuil peut ultimement causer plus de tort.

Ce qui pourrait aider

Ça peut être important de vous donner de l’espace et du temps pour vivre vos émotions. Pendant que vous faites ça, essayez d’être gentil avec vous-même et d’éviter de vous juger pour ce que vous ressentez.

Évitez de minimiser ce que vous ressentez. Dépendamment de ce que vous avez vécu, vous pourriez avoir envie d’ignorer ce qui vous est arrivé ou le sentiment de deuil que vous ressentez. Souvenez-vous que, même si personne n’est décédé, vous avez vécu une ou des pertes importantes, et que ces pertes peuvent justifier une réaction émotive comme le sentiment de deuil.

Discutez de ce que vous vivez avec une personne qui peut vous soutenir. Essayez de choisir quelqu’un qui saura vous écouter et qui n’essayera pas de changer comment vous vous sentez, et qui ne vous poussera pas à vous sentir mieux. Ça peut aider de dire directement à la personne quelle est la meilleure façon de vous aider. Dire souvent des choses comme « je n’ai pas besoin que tu règles ça pour moi, j’ai juste besoin que tu m’écoutes » peut aider. Pour d’autres suggestions sur la façon dont cette personne pourrait vous aider, envisagez de lui montrer cet article.

Reposez-vous. Éprouver un sentiment de deuil, c’est épuisant. Mentalement, physiquement et émotionnellement épuisant. De l’extérieur, vous pourriez avoir l’air de ne pas faire grand-chose, mais intérieurement, vous faites beaucoup de travail émotionnel. Le sentiment de deuil exige que vous acceptiez le monde tel qu’il se présente à vous après avoir vécu cette perte. C’est une lourde tâche qui peut prendre beaucoup de temps et d’énergie. Prenez soin de vous et demandez de l’aide lorsque vous en avez besoin. Pour en apprendre davantage sur les différents types de repos dont vous pourriez avoir besoin, visionnez cette vidéo. Si le fait de découvrir qu’il existe plusieurs types de repos peut sembler accablant au départ, gardez à l’esprit que ce ne sont pas toutes les formes de repos qui nécessitent du temps; certains types de repos consistent plutôt à changer votre façon de voir les choses.

The real reason why we are tired and what to do about it | Saundra Dalton-Smith MD | TEDxAtlanta

Sachez qu’il y a une différence entre se reposer et se distraire. Même si se distraire a sa place dans nos vies, ça n’offre pas les mêmes bienfaits que le repos. Portez attention au temps que vous passez à être dans la lune et à perdre la notion du temps. Portez également attention à ce que vous ressentez après une telle activité. Si vous passez beaucoup de temps à écouter la télévision, à consulter les médias sociaux ou à jouer aux jeux vidéo, portez attention à ce que vous ressentez avant et après l’activité. Parfois, on peut avoir l’impression que c’est bon, ou même nécessaire, de se distraire pendant qu’on le fait, mais une fois que l’activité est terminée, nous nous sentons de nouveau fâchés ou dépassés. Si cette description correspond à votre expérience, envisagez d’effectuer d’autres activités susceptibles de vous faire sentir mieux.

Lorsqu’on éprouve un sentiment de deuil, c’est important de mettre de côté nos anciens standards. Essayez d’être patient avec vous-même. C’est possible qu’avant que tout ça arrive, vous étiez capable de travailler plus longtemps ou de gérer plus de choses en même temps. Vous pouvez accorder la priorité à ce qui doit être fait et vous permettre de lâcher prise pour le reste.

Peut-être qu’obtenir un congé payé est possible—discutez avec vos supérieurs ou votre syndicat de la possibilité d’avoir du temps pour vous concentrer sur votre guérison.

Ça peut aider d’écrire ou de faire des activités créatives. Trouvez une façon de vous exprimer en écrivant dans un journal ou au moyen de l’art, de la danse, du chant ou d’autres formes d’expression. Vous n’avez pas besoin d’être particulièrement artistique ou créatif pour faire ça parce que vous n’avez pas à créer quelque chose de bon. L’important, c’est de vous exprimer, ce n’est pas le résultat final.

Réfléchissez aux émotions qui se cachent peut-être derrière le sentiment de deuil. Portez attention à ce qui ressort. Ça pourrait aider de lire nos autres articles au sujet de la confusion, de l’anxiété, de la tristesse ou de la colère si vous ressentez ces émotions.

Essayez d’éviter les affirmations du genre « j’aurais dû ». Souvent, ces affirmations correspondent aux attentes que les autres nous imposent ou que nous nous imposons nous-mêmes par rapport à la façon dont on devrait se sentir. Le sentiment de deuil, c’est quelque chose de très unique et de très personnel. Même si deux personnes subissent la même perte, leurs réactions peuvent quand même être différentes parce qu’elles sont toutes les deux uniques. Au lieu de vous juger pour ce que vous ressentez, essayez de remarquer quelles émotions font surface et ce qu’elles vous disent à propos de ce dont vous avez besoin.

Envisagez de lire les histoires d’autres personnes. Entendre d’autres personnes ayant eu des expériences similaires peut aider à mettre des mots sur ce que vous avez vécu.

Souvenez-vous que tout le monde a la capacité naturelle de s’adapter à une perte. Aussi difficile et souffrant que ça puisse être, vous êtes résilient et vous pouvez y arriver. Demandez-vous ce dont vous avez besoin. Parfois, il faut prendre son temps; parfois, il faut se pousser à faire quelque chose. Faites-vous confiance.


Les quatre types de milieux de travail avec un degré élevé de harcèlement

Les chercheurs ont constaté qu’il y a quatre types d’environnements de travail où le harcèlement sexuel et basé sur le genre est le plus fréquent. Les voici.

Les milieux de travail où la plupart des travailleurs sont des hommes.

On les appelle parfois des milieux de travail « majoritairement masculins » ou « à prédominance masculine ». Et il y en a beaucoup, surtout dans des domaines comme la science et la technologie, la construction, le commerce, le transport et l’entreposage, les mines, les carrières et l’extraction de pétrole et de gaz, la pêche et la foresterie, les services de police et l’armée. Dans ces milieux de travail, le harcèlement est plus susceptible d’être ce que les experts appellent du « harcèlement basé sur l’hostilité ». Ça signifie que certaines personnes pensent que vous n’avez pas votre place dans leur milieu de travail ou leur industrie, et elles vous harcèlent pour vous pousser à démissionner.

Les milieux de travail où la plupart des clients sont des hommes.

C’est vrai pour une grande partie de l’industrie de l’accueil (services de bar, service aux tables, et services d’hébergement). C’est vrai pour le travail du sexe. C’est vrai pour certains emplois liés aux soins de santé et au soutien de la personne (préposé aux bénéficiaires, nounou, préposé à l’entretien, assistant personnel) et pour beaucoup d’emplois dans les domaines des ventes, de la consultation et des services aux entreprises. Pour ce genre d’emplois, le harcèlement est plus susceptible d’être ce que les experts appellent du « harcèlement basé sur le désir », ce qui signifie que certaines personnes croient que c’est correct d’adopter un comportement sexuel avec vous même si vous ne voulez pas qu’elles le fassent.

Les milieux de travail où la plupart des gens sont blancs (si vous ne l’êtes pas).

Pour les personnes racialisées, il peut être difficile de déterminer si elles sont harcelées en raison de leur sexe ou de leur genre, ou en raison de leur race. Souvent, ce sont les deux. Si vous êtes une personne racialisée, les milieux de travail majoritairement blancs pourraient être des environnements à degré élevé de harcèlement pour vous. Ce type de harcèlement peut être basé sur l’hostilité ou sur le désir, ou sur un mélange des deux.

Les milieux de travail où la majorité des personnes n’appartiennent pas à la communauté 2SLGBTQIA+ (si vous en faites partie).

Si vous faites partie de la communauté 2SLGBTQIA+, un milieu de travail à degré élevé de harcèlement peut être n’importe quel milieu où les personnes 2SLGBTQIA+ ne représentent qu’une toute petite minorité ou ne semblent pas du tout présentes. C’est particulièrement vrai si vous êtes trans, ou si les gens vous perçoivent comme autre chose qu’un homme. Ce genre de harcèlement est habituellement basé sur l’hostilité. Certaines personnes sont offensées de votre présence (parfois même de votre existence), et elles essaient donc de vous pousser à démissionner, ou à vous comporter d’une façon qu’elles approuvent.

Qu’est-ce qui pousse les gens à changer de carrière?

Si vous êtes harcelé dans un milieu de travail comme ceux décrits plus haut, et que vous essayez de décider si c’est assez pour vous faire changer complètement de carrière ou non, la première chose que vous devez savoir c’est que vous n’êtes pas seul. Ce que vous vivez est très, très commun.

C’est assez simple.

Si une personne se fait harceler au travail et n’arrive pas à trouver une manière de faire cesser le harcèlement, elle va habituellement envisager de quitter son emploi. Si elle pense qu’elle est tout aussi susceptible de se faire harceler à son prochain emploi, c’est là que les gens envisagent de faire un plus gros changement.

  • Ils veulent pouvoir relaxer au travail au lieu d’avoir à être constamment sur leur garde et méfiants.
  • Ils veulent être en sécurité sur le plan physique et émotionnel.
  • Ils veulent pouvoir se concentrer sur leur travail au lieu d’être distraits par le harcèlement.
  • Ils veulent être entourés de personnes qu’ils aiment et avec qui ils peuvent entretenir des relations amicales—ou au moins éviter les personnes qui ont des comportements hostiles ou prédateurs.
  • Ils veulent être traités avec un minimum de respect.
  • Ils veulent que leur travail soit jugé en fonction de leur rendement réel.
  • Ils veulent avoir accès à des possibilités d’avancement normales. Être félicités et promus, et gagner plus d’argent.
  • Ils veulent pouvoir être eux-mêmes au travail au lieu d’avoir à cacher ou à modifier des parties d’eux-mêmes pour éviter le harcèlement.

Voici quelques histoires vraies de personnes qui ont changé de carrière pour fuir le harcèlement. Certaines de ces histoires proviennent de discussions que nous avons eues nous-mêmes, et d’autres sont tirées de livres ou d’articles de journaux. Il y a beaucoup d’exemples:

  • Une ingénieure en logiciel a été harcelée sexuellement pendant plus de 10 ans alors qu’elle travaillait pour des géants de la haute technologie. Elle a quitté l’industrie pour travailler dans le secteur des organismes à but non lucratif.
  • Une soudeuse a été harcelée dès son premier jour de travail, et tous les jours par la suite. Après deux ans, elle a démissionné et est maintenant artisane du verre.
  • Une personne non binaire a occupé toutes sortes d’emplois pendant environ une décennie, et iel a subi du harcèlement dans chacun d’entre eux. Aujourd’hui, iel travaille à son propre compte dans la réparation de vélos.
  • Après sa transition, une auditrice dans une grande firme comptable a commencé à se faire harceler par beaucoup de ses collègues. Elle a démissionné et a accepté un poste de comptable dans un hôtel 2SLGBTQIA+.
  • Une femme issue des Premières Nations est devenue conseillère municipale avant de démissionner parce que son emploi l’exposait à trop de racisme et de sexisme. Elle est aujourd’hui une militante autochtone et une artiste.

Comment décider si changer de carrière est le bon choix pour vous

En fait, c’est un compromis assez simple.

Les études indiquent que les personnes qui changent de carrière pour fuir les environnements à degré élevé de harcèlement finissent par être plus heureuses, mais plus pauvres. C’est aussi simple que ça.

  • Elles sont plus heureuses parce qu’elles ont l’impression de pouvoir être elles-mêmes au travail, et parce qu’elles finissent par travailler avec des personnes qu’elles apprécient beaucoup plus que leurs anciens collègues.
  • Elles sont plus pauvres parce qu’elles passent souvent un moment sans emploi ou sous-employées, parce qu’elles doivent parfois dépenser de l’argent afin de suivre une formation pour une nouvelle carrière, ou parce que leur nouvelle carrière est moins payante. (Nous expliquons ce point en plus de détails un peu plus loin dans l’article.)

Alors, c’est une question assez simple. Pouvez-vous vous permettre de gagner moins d’argent pour être plus heureux?

(D’accord, ce n’est pas aussi simple que ça à 100 %. Si vous occupez déjà un emploi peu rémunéré, il est tout à fait possible de retourner à l’école, de suivre une formation et de finir par faire plus d’argent au bout du compte. C’est quelque chose qui arrive; ce n’est même pas quelque chose d’inhabituel. Mais si vous voulez plus d’argent et moins de harcèlement, ce n’est pas toujours facile à obtenir.)

Comment entamer votre changement de carrière

La première chose que vous devez savoir, et la plus importante, c’est que vous ne devez pas attendre trop longtemps.

Si vous pensez vouloir changer de carrière, lancez rapidement le processus. Ça va prendre beaucoup de planification et d’efforts, alors que chaque jour passé dans une industrie où il y a beaucoup de harcèlement vous coûtera cher—émotionnellement, et peut-être même physiquement.

Vous voudrez donc commencer immédiatement.

Voici quelques points auxquels vous devriez réfléchir:

  • Nous voulons vous encourager à faire confiance à votre propre instinct. Si vous pensez qu’il serait préférable de partir, vous avez raison. Nous vous disons tout ça parce que les autres—vos amis, votre famille, votre réseau professionnel—pourraient vous encourager à rester. S’ils le font, vous pouvez les ignorer. Ils ne sont pas dans vos souliers et ils ne savent pas ce que vous vivez. Nous vous encourageons fortement à vous faire confiance. Vous êtes l’expert de vous-même.
  • Voici un renseignement important que beaucoup de gens ne connaissent pas: les industries où il y a un degré élevé de harcèlement paient mieux que les industries où le harcèlement est faible.C’est ce que les économistes appellent un « avantage salarial », et c’est la raison pour laquelle presque toutes les personnes qui changent de carrière pour fuir le harcèlement finissent par gagner moins d’argent. Si vous envisagez un changement, c’est quelque chose que vous devez savoir. Vous devriez essayer d’économiser le plus d’argent possible avant de démissionner. C’est aussi une bonne idée de commencer à réduire vos dépenses. Vous pourrez trouver des conseils à ce sujet dans notre article sur comment vous protéger financièrement.
  • Vous pourriez envisager de rester dans le même domaine, mais avec un peu plus d’indépendance. Par exemple, en devenant un consultant ou un entrepreneur indépendant. C’est quelque chose que beaucoup de gens font. Mais les chercheurs disent que, pour plusieurs, c’est seulement une étape par laquelle ils passent. Quelque cinq ans plus tard, la plupart des gens font quelque chose de complètement différent de ce qu’ils faisaient lorsqu’ils ont été harcelés pour la première fois.
  • Une fois qu’elles ont quitté une industrie avec un degré élevé de harcèlement, beaucoup de personnes cherchent pendant un moment avant de finalement trouver ce qu’elles veulent vraiment faire. C’est normal de se retrouver sans emploi ou sous-employé pendant un an ou deux, ou même plus. C’est quelque chose qui pourrait facilement vous arriver. C’est un autre argument pour vous encourager à économiser et à passer beaucoup de temps sur la planification avant de quitter votre emploi.
  • Voici une vérité qui dérange: le genre de carrières où vous êtes le plus à risque d’être harcelé a aussi tendance à avoir plus de prestige que les environnements sans harcèlement. Ark, mais c’est comme ça. Vous voudrez peut-être réfléchir à l’importance que vous—et vos amis et votre famille—accordez au prestige. Si c’est très important, ça pourrait rendre la décision plus difficile à prendre.
  • Lorsque les gens quittent un environnement avec un degré élevé de harcèlement, il est normal qu’ils passent par une période durant laquelle ils ne veulent plus du tout travailler avec d’autres personnes. Le fait de vouloir travailler seul, selon les experts, est un aspect assez commun du processus de guérison, et qui prendra probablement fin naturellement. Si vous voulez travailler seul pendant un moment, c’est normal, et il n’y a pas de raison de vous inquiéter.
  • Beaucoup de gens finissent par se recycler dans un autre domaine. Ça vaut la peine de réfléchir à savoir si vous souhaitez retourner sur les bancs d’école ou non. Y a-t-il un domaine en particulier qui vous a toujours intéressé? Si vous développez de nouvelles compétences, est-ce que ça vous permettra de vous qualifier pour un emploi que vous pourriez aimer? Vous pourriez avoir l’impression que vous êtes trop vieux pour retourner à l’école, ou que ce serait trop cher. Mais si ça vous permettait d’avoir plus de plaisir à travailler, ça vaut vraiment la peine de l’envisager.
  • Les chercheurs disent que les gens les plus heureux et les plus en santé après un changement de carrière sont souvent ceux qui ont changé pour une industrie ou un domaine où ils peuvent travailler avec des gens qui leur ressemblent plus. (Comme une femme trans travaillant avec d’autres personnes trans, ou une femme issue des Premières Nations travaillant avec d’autres Autochtones). Si c’est une chose à laquelle vous songez, c’est une bonne idée de commencer à bâtir un réseau de personnes qui vous ressemblent. Trouvez où ces personnes travaillent, et ce qu’elles font. Demandez-leur si elles aiment leur travail. Demandez-leur comment elles se sont retrouvées là. Demandez-leur s’il y a des postes vacants.

Les points à retenir

Si vous travaillez dans un environnement avec un degré élevé de harcèlement, vous devriez vraiment envisager de changer de carrière afin de fuir le harcèlement.

Pour la plupart des gens, c’est un compromis assez simple: si vous le faites, vous gagnerez moins d’argent, mais vous serez plus heureux. Vous pourrez relaxer au travail, vous vous sentirez plus en sécurité, et vous apprécierez davantage les gens autour de vous.

Si c’est quelque chose que vous envisagez sérieusement, nous vous conseillons de commencer sans attendre.

Nous espérons que vous pourrez trouver le temps de bien réfléchir à ce qui est le plus important pour vous, et que vous pourrez établir un plan pour obtenir ce que vous voulez. Vous méritez un milieu de travail où vous êtes en sécurité et heureux, et nous espérons que vous le trouverez.


Attention

Si vous songez à quitter votre emploi, nous vous encourageons à parler d’abord avec un avocat. Un avocat pourra vous aider à déterminer s’il est possible de forcer votre employeur à vous verser de l’argent pour compenser le harcèlement. Consultez Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui.

Si vous êtes harcelé sexuellement au travail, vous pourriez songer à quitter votre emploi.

Pour certaines personnes, c’est une décision facile. Mais si vous aimez votre emploi ou que vous avez besoin d’argent, ça peut être plus difficile.

Dans le présent article, nous vous aiderons à déterminer si vous devriez quitter ou non votre emploi, et comment le faire tout en protégeant votre carrière.

Pourquoi quitter votre emploi

C’est évident. Quitter votre emploi est la façon la plus rapide et la plus simple de mettre un terme au harcèlement et de sortir d’un milieu de travail malsain. Ça réduit immédiatement le risque que quelque chose de vraiment grave vous arrive. C’est le moyen le plus rapide de se débarrasser du problème et de passer à autre chose.

Pourquoi ne pas quitter votre emploi

Parce que vous ne devriez pas avoir à le faire. Pourquoi devriez-vous avoir à quitter votre emploi juste parce que quelqu’un d’autre a décidé de vous harceler?

Qui quitte son emploi afin de fuir le harcèlement

Principalement, deux types de personnes. Les gens qui travaillent dans des domaines dans lesquels il est normal de changer souvent d’emploi, et les gens qui font face à du harcèlement grave ou de longue durée.

Les domaines dans lesquels il est normal de changer souvent d’emploi

Dans certains domaines, changer souvent d’emploi est normal. C’est notamment le cas dans le secteur de l’accueil (comme les services de bar, le service aux tables et les services d’hébergement) et du commerce au détail, pour certains types d’emploi dans les domaines de la vente et du service à la clientèle ainsi que pour certains types d’emploi dans les domaines du soutien personnel ou à domicile (comme les préposés aux bénéficiaires ou les services d’entretien ménager).

Habituellement, ces emplois ne nécessitent pas vraiment de formation spécialisée, il y a beaucoup de postes disponibles qui sont assez semblables les uns aux autres et, souvent, les gens dans ces domaines obtiennent leur nouvel emploi par l’entremise de leurs amis. Ces conditions facilitent le changement d’emploi.

Pour les personnes qui occupent ces genres de postes, quitter son emploi peut être une décision assez facile. Elles quittent habituellement leur emploi rapidement sans donner de raison pour leur départ.

Les emplois où on fait face à du harcèlement grave ou de longue durée

Lorsqu’ils se font harceler, la plupart des gens ne quittent pas immédiatement leur emploi. Mais si le harcèlement est vraiment grave ou se produit sur une longue période, la plupart des gens vont éventuellement quitter leur emploi. C’est particulièrement vrai pour les emplois et les milieux de travail où il y a beaucoup de harcèlement, comme les industries où il y a beaucoup de clients masculins (comme l’industrie de l’accueil) ou les industries où la majorité des travailleurs sont des hommes (comme les domaines de la construction, des forces de l’ordre ou du développement de logiciels). C’est aussi vrai pour les personnes racialisées dans des milieux de travail dominés par les Blancs et les personnes 2SLGBTQIA+ dans des milieux de travail où elles sont en minorité.

Pour les personnes qui occupent ce genre de postes, démissionner peut être une décision très difficile. Au moment où elles démissionnent, elles sont plus susceptibles de donner à leur employeur la raison de leur départ (lorsque l’employeur ne la connaît pas déjà), et elles partent plus souvent en mauvais termes.

Comment savoir quand démissionner

Nous n’avons pas réussi à trouver d’études ou de sondages ayant demandé aux personnes qui avaient quitté leur emploi en raison du harcèlement comment elles s’étaient senties après. Mais si on se fie aux personnes que nous avons interviewées et aux histoires que nous avons lues, la plupart des gens ne regrettent pas d’avoir quitté leur emploi.

Certaines personnes, par contre, regrettent de ne pas avoir démissionné plus tôt.

Nous pensons donc que, si vous songez sérieusement à quitter votre emploi en raison du harcèlement, vous devriez probablement le faire. La question pour vous n’est donc pas de déterminer si vous voulez quitter votre emploi, c’est plutôt de déterminer la meilleure façon de quitter votre emploi par rapport à votre carrière.

Comment quitter votre emploi de façon à protéger votre carrière

Si vous voulez quitter votre emploi et que c’est facile pour vous, vous devriez simplement le faire. Trouvez-vous un nouvel emploi et quittez l’autre. Ne dites pas aux gens pourquoi vous démissionnez, faites juste inventer une excuse. De cette façon, vous pouvez quitter votre emploi en bons termes et personne ne parlera dans votre dos.

Si votre situation est plus compliquée, toutefois, quitter votre emploi sera nécessairement plus compliqué aussi.

Si c’est le cas, voici nos conseils.

Essayez de ne pas démissionner avant d’avoir trouvé un nouvel emploi

Si vous êtes inquiet pour votre sécurité, vous pourriez devoir quitter votre emploi sur-le-champ. Mais si c’est sécuritaire de rester, vous devriez essayer de tolérer votre emploi jusqu’à ce que vous en trouviez un nouveau. Voici un article qui explique pourquoi.

Commencez votre recherche d’emploi rapidement, avant le moment où vous pensez que vous devez le faire

Beaucoup de gens commencent seulement leurs recherches lorsqu’ils sont déjà au bout du rouleau. Nous vous encourageons donc à commencer vos recherches rapidement même si vous n’êtes pas encore certain de vouloir quitter votre emploi. Vous ne voulez pas chercher un emploi alors que vous êtes pressé par le temps ou très stressé parce que ce sera plus difficile de trouver un bon emploi. Alors, la minute à laquelle vous commencez à penser à quitter votre emploi, c’est là que, selon nous, vous devriez commencer à chercher un autre emploi.

Faites attention à ce que vous dites sur les raisons de votre départ

Ça peut être difficile de savoir quoi dire en entrevue sur les raisons pour lesquelles vous cherchez un nouvel emploi.

Avant d’accepter un nouvel emploi, assurez-vous de l’évaluer comme si vous n’étiez pas harcelé

Souvent, les gens à la recherche d’un nouvel emploi en raison de harcèlement sexuel finissent par accepter un emploi qui n’est pas aussi bon que celui qu’ils quittent. C’est moins bien payé, les avantages sont moins bons, ou certains aspects ne leur conviennent pas autant. Avant d’accepter votre nouvel emploi, prenez un peu de temps pour réfléchir à savoir si vous accepteriez ce poste si vous n’étiez pas harcelé.

Parlez à un avocat avant de démissionner

C’est très important. Si vous songez à quitter votre emploi en raison de harcèlement, votre employeur pourrait être légalement obligé de vous verser de l’argent s’il n’a pas fait assez pour faire cesser le harcèlement ou s’il vous a puni pour vous être plaint. Un avocat pourra vous aider à déterminer ça. Vous pouvez habituellement obtenir une courte consultation gratuite avec un avocat, et ça en vaut vraiment la peine.

Déterminez si vous voulez quitter non seulement votre emploi, mais aussi votre industrie

Si vous travaillez dans une industrie où il y a beaucoup de harcèlement, vous risquez d’être harcelé à votre prochain emploi comme vous l’êtes à votre emploi actuel. Une fois que les gens réalisent à quel point le harcèlement est monnaie courante dans leur industrie, il est très commun pour eux de décider d’abandonner complètement cette industrie. C’est tellement commun que nous avons écrit un article entier sur le sujet.

Une dernière remarque sur la honte et la culpabilité

Lorsque nous avons parlé avec les gens et lu leurs histoires, nous avons découvert que beaucoup de personnes ayant quitté leur emploi pour fuir du harcèlement sexuel s’étaient senties coupables par la suite. Elles avaient l’impression qu’elles auraient dû être « braves », qu’elles auraient dû se « tenir debout » et « se défendre ». Elles s’inquiétaient d’être des lâches et d’avoir laissé tomber les autres en démissionnant.

Nous comprenons pourquoi les gens se sentent comme ça. Mais nous aimerions vous proposer une autre façon de voir les choses.

La réalité, c’est que « vous tenir debout » et « vous défendre » n’est peut-être pas ce qui est le mieux pour vous. Il y a littéralement des décennies d’études et de sondages sur ce sujet précis. Parfois, signaler fonctionne bien pour la personne qui le fait. Mais le plus souvent, la personne qui signale est celle qui finit par se faire punir. Les chercheurs disent depuis des décennies que la décision de ne pas signaler est un choix rationnel et raisonnable.

Alors, voici ce que nous voulons que vous sachiez.

Il n’y a pas de façon « lâche » de réagir au harcèlement sexuel.

Il n’y a pas de raison pour vous d’avoir honte ou de vous sentir coupable.

Personne de raisonnable ne pense que vous devriez devenir un martyr pour ça. Personne ne veut que votre carrière, votre réputation et vos finances soient ruinées.

Vous avez le droit de faire ce qui est le mieux pour vous, et vous devriez vous sentir bien par rapport à ce que vous faites, peu importe ce que c’est.

Peu importe le choix que vous faites, c’est un choix courageux et honorable.


Avant de commencer, nous tenons à vous avertir: lire cet article pourrait vous fâcher parce que certaines des choses dont nous allons vous parler sont assez horribles.

Maintenant que vous avez été averti, nous pouvons commencer.

Qu’arrive-t-il si vous décidez de signaler le harcèlement?

C’est le choix le plus risqué. Signaler le harcèlement peut faire beaucoup de tort à votre carrière. Nous détestons l’admettre, mais c’est la vérité et vous devez le savoir.

Si vous avez un bon employeur, signaler le harcèlement ne vous causera probablement pas de problèmes. Votre employeur agira rapidement et avec sensibilité afin de vous protéger et de protéger le milieu de travail.

Mais ce n’est pas ce qui arrive habituellement. Pour la plupart des gens, le signalement est une expérience très négative.

Je me suis juste sentie tellement rabaissée, juste l’interrogatoire a été assez désagréable dans l’ensemble. J’ai fini par crouler sous l’émotion, et j’ai pensé à quitter mon travail sur-le-champ. 

Ancienne guide de musée, décrivant comment elle s’est sentie après avoir été interrogée par les ressources humaines de son ancien employeur en réponse à sa plainte pour harcèlement sexuel.

On m’a avertie que j’étais un problème et que j’étais la première personne à porter plainte contre cet instructeur-là, que si je continuais, je découvrirais probablement que d’autres écoles avaient entendu dire que j’étais un problème et qu’on finirait probablement par me faire échouer et par m’expulser de mon programme. Je suis encore étonnée de la vitesse à laquelle je suis passée d’une étudiante appréciée de mon programme à un paria.

Étudiante en droit anonyme, qui s’est plainte en raison du harcèlement sexuel de son instructeur, traduction d’une citation tirée de Going Public: A Survivor’s Journey from Grief to Action par Julie Macfarlane

C’est une chasse à la sorcière: vous devenez un bouc émissaire, la fille arrogante et fauteuse de troubles; vous devenez la fille qui ne fit pas.

Chef de service anonyme, qui a poursuivi son employeur pour congédiement déguisé et gagné, traduction d’une citation tirée de Complaint! par Sarah Ahmed

Voilà à quoi ça ressemble quand les choses tournent mal.

La personne à qui vous signalez le harcèlement sexuel pourrait être maladroite ou mal à l’aise

La personne à qui vous signalez le harcèlement pourrait avoir le sentiment que vous lui mettez plus de travail sur les épaules, ou que vous lui faites perdre son temps avec quelque chose qui n’est pas vraiment important.

Elle pourrait avoir peur parce qu’elle sait qu’il y a des lois à respecter et qu’elle pourrait être dans le trouble si elle ne gère pas le problème correctement. Elle ne sait peut-être pas exactement ce qu’elle a le droit de dire ou de faire, et elle pourrait avoir besoin de passer beaucoup de temps à documenter vos conversations et à s’informer auprès des ressources humaines ou d’un avocat sur la façon de gérer la situation.

Elle pourrait alors devenir maladroite ou mal à l’aise par rapport à la situation.

Les gens de votre milieu de travail pourraient répandre des rumeurs à votre sujet et vous juger

Votre signalement est censé être tenu aussi confidentiel que possible. Mais pour enquêter, votre employeur aura probablement besoin de parler avec le harceleur et les personnes susceptibles d’avoir été témoins du harcèlement. L’employeur pourrait aussi avoir à parler avec vos boss et les ressources humaines.

Il n’est pas rare que tout le monde à votre travail finisse par découvrir que vous avez signalé un cas de harcèlement. Quand ça arrive, au lieu d’avoir de la compassion et de se sentir mal pour vous, les gens vont souvent compatir avec le harceleur. Ils ont souvent l’impression que le harceleur se fait attaquer et accuser de façon injustifiée. Les gens décident que vous avez mal compris ou exagéré l’incident, et ils s’inquiètent de la possibilité que le harceleur soit puni injustement.

Entre-temps, les gens pourraient vous jugersévèrement. Ils pourraient vous blâmer pour avoir mal géré la situation, pour avoir causé des problèmes et des perturbations, ou pour les avoir « forcés à choisir un camp » entre vous et le harceleur.

Le tout est aggravé par le fait que les gens n’ont pas le droit d’en parler ouvertement parce que le sujet est censé rester confidentiel. Ça ouvre largement la porte aux rumeurs et au commérage.

Le harceleur pourrait essayer de ruiner votre réputation

Une fois que le harceleur aura découvert que vous l’avez signalé, il est extrêmement probable qu’il se mette à se défendre en vous traînant dans la boue et en convainquant ses amis de faire de même.

Il essaiera de vous dépeindre comme un menteur en qui on ne peut avoir confiance. Il pourrait dire que vous avez inventé l’incident de harcèlement pour des raisons personnelles, ou pour détourner l’attention du fait que vous ne faites pas bien votre travail. C’est très commun qu’un harceleur affirme que la personne harcelée a un problème de boisson ou une maladie mentale.

Les gens pourraient décider que vous êtes un fauteur de troubles et commencer à mal vous traiter

Les interactions entre vous et votre boss, qui pourraient auparavant avoir été amicales et chaleureuses, pourraient devenir plus froides et malaisantes. Votre boss pourrait vous punir pour avoir signalé le harcèlement. Vous pourriez avoir moins de quarts, ou des tâches moins intéressantes. C’est ce qu’on appelle des représailles et elles sont si communes que nous avons écrit un article complet à leur sujet.

Vos collègues pourraient arrêter de vous aider. Ils pourraient être moins disposés à échanger des quarts avec vous, ou à vous apprendre quelque chose que vous ne savez pas comment faire. Ils pourraient commencer à vous exclure socialement.

Les gens pourraient arrêter de vous faire part des possibilités qui s’offrent à vous, comme l’ouverture de postes auxquels vous êtes admissibles, ou les occasions de faire des heures supplémentaires ou de participer à un projet spécial.

Le tout pourrait avoir un effet boule de neige et commencer à vraiment nuire à votre carrière

Les gens pourraient arrêter de parler de vous de façon positive. Ils pourraient vous décrire comme une personne pénible, négative, toxique et avec qui il est difficile de travailler. Ils pourraient hausser un sourcil ou faire une grimace lorsqu’une autre personne se renseigne à votre sujet.

Votre carrière pourrait commencer à stagner ou à décliner. Vous n’obtenez plus de promotions; vous êtes peut-être même rétrogradé. Les gens présument que c’est parce que vous ne faites pas du bon travail.

Le commérage et les jugements pourraient commencer à déborder au-delà de votre organisation. Les membres de votre réseau professionnel pourraient devenir moins amicaux. Vous recevez moins d’invitations, et les gens commencent à vous traiter avec moins de respect. Si vous commencez à chercher un nouvel emploi, ça pourrait se passer moins bien que ce à quoi vous vous attendiez.

Le tout pourrait faire en sorte que vous aimiez moins votre travail et que vous commenciez à vous inquiéter pour votre carrière. Vous vous fâchez contre les personnes qui ne vous soutiennent pas. Vous commencez à prendre plus de journées de maladie, vous arrivez plus souvent en retard et vous évitez les activités sociales en lien avec le travail que vous aviez l’habitude d’aimer. Votre rendement commence à diminuer. Vous pourriez finir par être renvoyé, ou par quitter votre emploi en mauvais termes.

À qui le signalement cause le plus de tort?

Signaler le harcèlement est risqué pour tout le monde. Mais pour certaines personnes, le risque est encore plus élevé.

Nous allons prendre un peu de temps pour faire le tour de la question parce que nous pensons que c’est vraiment important.

Signaler le harcèlement risque davantage de nuire à votre carrière si:

  • vous travaillez pour une petite entreprise
  • vous travaillez dans un milieu de travail dominé par les hommes
  • vous êtes harcelé par un client
  • vous êtes nouveau dans l’industrie ou chez votre employeur
  • vous n’avez pas beaucoup d’amis au travail
  • vous occupez un emploi où le succès est difficile à mesurer
  • vous êtes une personne racialisée, surtout si vous êtes Noir ou Autochtone
  • vous appartenez à la communauté 2SLGBTQIA+
  • vous êtes dans la 20s ou la 30s

Plus vous cochez de cases, plus il y a de risques que signaler le harcèlement sexuel nuise à votre carrière.

Voici pourquoi.

Une petite entreprise pourrait mal gérer votre signalement

Les petits milieux de travail peuvent être particulièrement mauvais pour gérer les signalements parce que leurs gestionnaires sont moins susceptibles de comprendre la loi et d’avoir du soutien adéquat sur le plan juridique et des ressources humaines. Et si votre milieu de travail est petit, il y a aussi plus de chance pour que la personne responsable de mettre un terme au harcèlement connaisse le harceleur et soit son ami.

Un milieu de travail dominé par les hommes risque de mal gérer votre signalement

Les milieux de travail dominés par les hommes, comme les secteurs de l’extraction minière et gazière, et de la construction, les services de police, l’armée, les sciences et technologies, et l’ingénierie, ont des niveaux de harcèlement sexuel plus élevés. Si le harcèlement est généralement toléré dans votre milieu de travail, il y a moins de chances que votre signalement soit bien géré.

Si vous êtes harcelé par un client, votre signalement risque d’être mal géré

Votre employeur pourrait être réticent à vous protéger contre un client si le faire risque de coûter de l’argent à l’entreprise. (L’industrie de l’accueil est particulièrement connue pour sa tolérance élevée du harcèlement.) Et lorsque c’est un client qui vous harcèle, votre employeur pourrait ne pas savoir clairement ce qu’il a le droit de faire ou ce qu’il est tenu de faire en vertu de la loi.

Si vous êtes nouveau dans l’industrie ou chez votre employeur, le signalement pourrait mal tourner

Comme vous êtes nouveau, vous avez moins de pouvoir. Les gens ne vous connaissent pas depuis assez longtemps pour avoir appris à vous faire confiance. Sans compter qu’en tant que nouveau venu, vous pourriez ne pas encore bien comprendre les choses—comme les personnes à qui vous pouvez faire confiance au travail.

Si vous n’avez pas beaucoup d’amis au travail, le signalement pourrait mal tourner

C’est une mauvaise nouvelle pour les personnes introverties et celles qui préfèrent séparer leur travail et leur vie sociale. Si les gens parlent dans votre dos au travail, vos amis peuvent vous défendre. Ils peuvent aussi vous avertir pour que vous puissiez vous protéger. Si vous n’avez pas d’amis, vous êtes plus vulnérable.

Si votre succès au travail est difficile à mesurer, le signalement pourrait mal tourner

Il y a des emplois pour lesquels on peut facilement mesurer le succès en se basant sur les revenus, la vitesse ou l’exactitude. Mais pour la plupart des emplois, le succès est difficile à mesurer. Si c’est le cas pour vous, ce sera plus facile pour votre boss de vous punir en disant que votre travail n’est pas bien fait même si c’est faux.

Si vous êtes une personne racialisée travaillant dans un environnement où la majorité des gens sont blancs, le signalement pourrait mal tourner

La recherche montre que lorsque des personnes racialisées travaillant dans des milieux où la majorité des gens sont blancs signalent du harcèlement sexuel, les autres personnes réagissent souvent en les voyant comme étant ingrates ou déloyales. C’est particulièrement vrai si vous êtes Noir ou Autochtone parce que les personnes noires et autochtones sont déjà stéréotypées comme étant en colère et amères. Le signalement peut activer tous ces stéréotypes. Il est alors moins probable que votre signalement soit bien géré, et ça vous rend plus vulnérable par rapport aux dommages à la réputation.

Si vous êtes une personne 2SLGBTQIA+ dans un milieu de travail qui n’est pas 2SLGBTQIA+, votre signalement pourrait mal tourner

Comme pour les personnes racialisées, lorsque les personnes 2SLGBTQIA+ signalent du harcèlement sexuel, les autres personnes les voient souvent comme étant ingrates et déloyales. C’est aussi commun pour les personnes 2SLGBTQIA+—surtout les femmes trans, les personnes non binaires et au genre fluide, les personnes bisexuelles et les hommes gais—d’être stéréotypées comme des drama queens malhonnêtes et à qui on ne peut pas faire confiance. Les femmes butchs sont souvent stéréotypées comme étant agressives et menaçantes. Le signalement du harcèlement peut activer tous ces préjugés. Il est alors moins probable que votre signalement soit bien géré, ce qui vous rend plus vulnérable par rapport aux dommages à la réputation.

Si vous êtes dans la vingtaine ou la trentaine, votre signalement pourrait mal tourner

Plus vous êtes jeune, moins vous avez de chances que votre signalement soit pris au sérieux. C’est une question de crédibilité. Si vous êtes plus vieux, et avez des décennies d’expérience de travail, c’est plus difficile pour les gens de dire que vous êtes perdu ou que vous comprenez mal ce qui arrive. C’est aussi une question de pouvoir. Si vous êtes jeune, vous n’avez sans doute pas encore beaucoup de pouvoir dans votre milieu de travail, et c’est donc plus facile pour les gens d’ignorer votre signalement.

Qu’arrive-t-il si vous décidez de rester en poste sans signaler le harcèlement?

C’est certainement le choix le plus sûr pour votre carrière. Tout le monde le sait, et c’est ce qui explique pourquoi si peu de gens signalent le harcèlement sexuel.

Mais ce n’est pas tout à fait sans risque.

Si vous décidez de rester en poste et d’essayer de tolérer le harcèlement sans le signaler, voici comment votre carrière pourrait être affectée.

  • Vous pourriez avoir l’impression que vous avez besoin de changer certains aspects de votre travail—comme vos quarts, vos projets ou d’autres habitudes de travail—pour éviter le harceleur. Ces décisions pourraient nuire à votre carrière. (Par exemple, si vous décidez de ne plus travailler seul jusqu’à des heures tardives, ou si vous refusez de travailler sur un projet en particulier.)
  • Vous pourriez être distrait au travail parce que vous vous inquiétez au sujet du harcèlement ou que vous essayez d’éviter le harceleur.
  • Vous pourriez vous isoler socialement au travail afin d’éviter de passer du temps avec le harceleur.
  • Si c’est votre boss qui vous harcèle, il pourrait vous punir pour avoir résisté au harcèlement. Il pourrait vous donner moins de quarts, ou vous attribuer des tâches moins intéressantes. Il pourrait commencer à dire que vous ne faites pas un bon travail même si c’est faux.
  • Vous pourriez être crispé, nerveux ou irritable au travail, et ça pourrait nuire à votre réputation.

Mais voici ce qui risque le plus de nuire à votre carrière:

Si le harcèlement se poursuit assez longtemps, ou s’il est assez sévère, votre santé mentale, émotionnelle et physique peut commencer à se détériorer au point d’affaiblir votre capacité à effectuer votre travail.

C’est quelque chose de très commun. Certaines personnes se lèvent un matin complètement incapables de se présenter au travail et incapables de travailler pendant des semaines, des mois ou même des années. C’est quelque chose qui les surprend. Elles croient qu’elles s’en sortent bien, puis un jour, elles réalisent que ce n’est pas le cas. Vous ne voulez pas que ça vous arrive.

Qu’arrive-t-il si vous quittez votre emploi

Si vous êtes harcelé au travail, quitter votre emploi pourrait avoir des effets positifs sur votre carrière. Nous détestons l’admettre parce que vous ne devriez pas avoir à quitter votre emploi—mais c’est la réalité.

Quitter votre emploi vous permet de vous éloigner du harcèlement et d’éviter les dommages à votre réputation. Personne ne vous traîne dans la boue, personne ne vous juge et personne ne vous punit. Vous pouvez obtenir une bonne référence, et les gens parleront de vous en bien après votre départ. C’est bon pour votre carrière et c’est une excellente raison pour quitter votre emploi.

Mais nous devons vous avertir: lorsque les gens quittent leur emploi afin de fuir le harcèlement, ça ne se passe habituellement pas si bien que ça pour eux. C’est très commun, en fait, qu’une personne finisse avec un emploi pire que l’ancien. Les gens passent souvent un moment au chômage ou sous-employés. Certaines personnes n’arrivent jamais à remettre leur carrière sur les rails.

C’est un gros sujet, alors nous avons écrit un article qui lui est consacré.

Les leçons à retenir

La recherche indique que, lorsque les gens sont harcelés sexuellement au travail, leur carrière sera très probablement affectée. Beaucoup de gens s’en sortent avec des dommages permanents à leur carrière.

Nous voulons nous arrêter une minute pour souligner à quel point c’est injuste.

Vous vous occupiez de vos affaires, vous faisiez votre travail, et quelqu’un a décidé de vous harceler. L’idée que vous ayez à payer pour ça, que c’est votre carrière qui devrait en subir les conséquences? C’est vraiment révoltant. C’est injuste, et nous sommes désolés.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des choses que vous pouvez faire pour vous protéger. Lisez notre article sur comment rester concentré sur vos objectifs et protéger votre carrière.


Attention

Ceci n’est pas un avis juridique! Ce que vous obtenez ici, ce sont juste des renseignements juridiques généraux. Ils ne remplacent pas les conseils d’un avocat au sujet de votre situation en particulier. Si vous avez besoin d’un avis juridique, nous vous encourageons à trouver un avocat qui pourra vous aider. Consultez Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui.

La plupart des gens ne le font pas. En fait, très peu de gens le font.

Pourquoi?

C’est un processus long et lent. Si vous embauchez un avocat pour vous aider, ce sera cher, et si vous ne le faites pas, vous devrez faire beaucoup de travail vous-même.

Et le résultat n’est parfois pas très satisfaisant.

Certaines personnes espèrent qu’à la fin du processus, on leur dira que oui, elles ont été harcelées et que ça n’aurait pas dû arriver. Mais c’est rarement ce qui arrive. La majorité des plaintes ne se rendent jamais jusqu’à une décision finale. Le reste des plaintes sont réglées par la médiation ou rejetées, abandonnées ou retirées.

Alors pourquoi les gens décident de déposer une plainte?

Certaines personnes veulent se présenter devant la cour et dévoiler la vérité au public. Même si leurs chances de gagner sont faibles.

Si c’est ce que vous voulez, le Tribunal des droits de la personne pourrait être un bon choix.

Le processus peut être plus court que celui d’un tribunal civil. Vous avez le droit de vous représenter vous-même, ce qui signifie que vous n’avez pas à payer un avocat. Et c’est un processus un peu moins antagoniste que celui d’un tribunal civil.

Le Tribunal des droits de la personne du Nunavut et ce qu’il fait

Le Tribunal des droits de la personne du Nunavut est l’organisme qui reçoit les plaintes en matière de droits de la personne et qui enquête à leur sujet. Il aide les personnes à régler leurs plaintes à travers la médiation. Si une plainte ne peut être résolue, le Tribunal tient une audience. Le Tribunal traite les cas de discrimination et de harcèlement.

Le personnel du Tribunal travaille en vue de résoudre les plaintes. Si votre plainte relève de la compétence du Tribunal, il l’acceptera. Il vous encouragera ensuite à résoudre la plainte à travers la médiation. Si ça ne fonctionne pas, le Tribunal tiendra une audience, écoutera les deux parties et décidera si vous avez fait l’objet de discrimination et/ou été harcelé sexuellement ou non. S’il décide que vous avez fait l’objet de discrimination ou été harcelé sexuellement, il pourrait ordonner à l’autre partie de fournir une quelconque réparation.

À propos du Tribunal des droits de la personne du Nunavut

  • Chaque année, environ neuf personnes déposent une plainte auprès du Tribunal indiquant qu’elles ont subi de la discrimination ou qu’elles ont été harcelées en raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre et/ou de leur expression de genre.
  • Le Tribunal se prononce rarement sur une plainte. Entre 2011 et 2017, le Tribunal ne s’est prononcé que sur deux plaintes et aucune de celles ci n’était liée au harcèlement sexuel. La majorité des plaintes déposées auprès du Tribunal sont réglées par médiation, retirées ou rejetées.
  • Lorsque le Tribunal décide qu’une personne a fait l’objet de discrimination ou a été harcelée, il lui accorde parfois un montant d’argent à titre d’indemnisation pour les pertes financières, et les torts et l’atteinte à la dignité qu’elle a subis.
  • Il n’y a techniquement aucune limite au montant que le Tribunal pourrait accorder. Toutefois, dans les deux cas où le Tribunal a rendu une décision, il a accordé une indemnité se situant entre 19 000 et 20 000 $.
  • Il faut habituellement entre 11 et 14 mois à compter du dépôt de la plainte pour que le Tribunal décide si la plainte devrait être rejetée ou envoyée en médiation. Ensuite, il faut habituellement un autre cinq à sept mois à compter du moment où les parties acceptent de participer à la médiation pour qu’elles signent une entente de règlement.
  • Source: Rapports annuels du Tribunal des droits de la personne du Nunavut

Pourquoi envisager de déposer une plainte auprès du Tribunal

Si vous décidez de déposer une plainte auprès de la Commission, voici quelques avantages que vous pourriez tirer du processus:

  • C’est une occasion de dire au harceleur que ce qu’il a fait est inacceptable.
  • Vous pourriez récupérer l’argent que vous avez perdu en raison du harcèlement—vous n’avez peut-être pas pu obtenir un projet spécial ou une promotion, ou vous avez peut-être été congédié.
  • Vous pourriez récupérer votre emploi ou obtenir une référence pour un nouvel emploi.
  • Vous pourriez demander que votre employeur apporte des changements à votre milieu de travail qui toucheront tout le monde et pas seulement vous, comme améliorer les politiques et les formations liées au harcèlement sexuel.
  • C’est possible d’obtenir un certain montant d’argent en reconnaissance du tort que vous avez subi sur le plan émotionnel à la suite du harcèlement.

Avantages et inconvénients de déposer une plainte auprès du Tribunal

Pros

  • Le Tribunal possède de l’expertise en matière de harcèlement et de discrimination. Tout ce qu’il fait, c’est gérer des plaintes pour discrimination, incluant le harcèlement.
  • Le Tribunal a le pouvoir de dire que oui, vous avez vécu du harcèlement, et que ce qui vous est arrivé était inacceptable. 
  • Le Tribunal peut ordonner toutes sortes de réparations qu’un tribunal pourrait ne pas être en mesure d’accorder.
  • Si vous décidez de plutôt vous adresser à un tribunal civil, vous pourriez devoir payer les frais judiciaires de l’autre partie si vous perdez votre cause. Avec le processus du Tribunal, ça ne peut pas arriver. Vous n’aurez jamais à payer les frais judiciaires de l’autre partie.
  • Le processus du Tribunal peut être plus rapide que bien d’autres processus judiciaires. Son processus prend habituellement environ un an, du début à la fin, alors que d’autres processus judiciaires peuvent prendre plusieurs années. Le Tribunal vise à compléter ses enquêtes dans un délai de 180 jours.

Cons

  • Même s’il est moins complexe que d’autres processus judiciaires, le processus du Tribunal demeure difficile. Il y a beaucoup de paperasse à remplir, beaucoup de dates limites à respecter et beaucoup de règles à suivre.
  • Très peu de gens finissent par se faire dire par le Tribunal qu’ils ont été harcelés et que ce qui leur est arrivé était inacceptable. Certaines plaintes sont rejetées après l’enquête, alors que plusieurs sont réglées par médiation.
  • Les montants accordés par le Tribunal sont assez petits. Il accorde normalement un montant pour les dommages-intérêts généraux, plus une indemnité pour les dépenses effectuées ou le salaire perdu en raison du harcèlement. Ce montant pourrait être plus élevé pour les travailleurs précaires.
  • Si vous optez pour le processus du Tribunal, vous pourriez fermer la porte à d’autres options légales.
  • Même si le Tribunal vous accorde de l’argent ou d’autres choses, ça ne veut pas dire que vous les obtiendrez. Il peut être difficile de forcer l’employeur ou le harceleur à vous donner l’argent prévu par l’ordonnance du Tribunal, ou ce sur quoi vous vous êtes mis d’accord en médiation.
  • Comme dans tout processus judiciaire, vos adversaires tenteront de miner votre crédibilité et de vous faire mal paraître. Vous pourriez finir par avoir l’impression qu’on ne vous croit pas ou qu’on ne vous soutient pas.
  • Certains experts estiment que c’est une mauvaise idée pour les personnes qui ont subi du harcèlement sexuel de se lancer dans un processus judiciaire, quel qu’il soit. Ça peut être extrêmement stressant de passer à travers une procédure légale durant laquelle vous pourriez avoir à revivre vos expériences de harcèlement sexuel. Vous devriez obtenir des conseils professionnels pour déterminer si aller de l’avant avec une plainte pourrait nuire à votre santé mentale.
  • L’autre partie ne paiera pas vos frais judiciaires même si vous gagnez.

Le Tribunal acceptera t il ma plainte?

  • Vous avez deux ans à compter du moment où le harcèlement s’est produit pour déposer votre plainte auprès du Tribunal. Si le harcèlement s’est produit plus d’une fois, la date limite est de deux ans à partir du dernier incident de harcèlement. Dans certaines situations, le Tribunal acceptera des plaintes tardives si vous pouvez prouver que le retard était de bonne foi et que la plainte tardive ne causera pas de tort important à l’intimé.
  • Vous pouvez déposer une demande auprès du Tribunal si vous travaillez au Nunavut ou si le harcèlement s’est produit au Nunavut, sauf si vous travaillez dans un milieu de travail sous réglementation fédérale. Consultez Suis-je un travailleur sous réglementation fédérale? (Et pourquoi c’est important). Votre statut de travailleur n’est pas important—si vous êtes un travailleur temporaire ou saisonnier, un bénévole ou un stagiaire, un entrepreneur indépendant, un travailleur étranger temporaire ou un résident permanent, vous pouvez quand même déposer une plainte. Si vous êtes syndiqué, vous devriez discuter avec votre syndicat et/ou un avocat pour savoir si vous devriez plutôt suivre la procédure de règlement de griefs du syndicat. Consultez Travailler avec votre syndicat and Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui.
  • Le harcèlement dont vous parlez dans la plainte doit être lié à un motif de discrimination en vertu de la Loi (sexe, orientation sexuelle, identité de genre et expression de genre, entre autres motifs). Si le harcèlement que vous avez vécu n’est pas lié à un motif de discrimination, votre plainte ne sera pas traitée.
  • Si vous avez déjà entamé un processus auprès d’un tribunal civil, le Tribunal attendra probablement que le dossier soit clos avant de traiter votre plainte. Il y a quelques exceptions à cette règle: si vous retirez votre requête auprès du tribunal civil ou si votre cause au civil concerne une autre question que celles incluses dans votre plainte auprès du Tribunal des droits de la personne. Par exemple, si la cause au civil ne concerne qu’un salaire impayé.
  • Votre plainte pourrait être repoussée si vous avez déposé une plainte auprès de la Commission de la sécurité au travail et de l’indemnisation des travailleurs. L’exception est si la demande auprès de la Commission de la sécurité au travail ne traite pas de la même question. Consultez Devriez-vous présenter une demande d’indemnisation des travailleurs?
  • Même si vous avez un dossier ouvert auprès d’une autre instance, vous n’avez tout de même que deux ans après le dernier incident pour déposer une plainte auprès du Tribunal. Vous pouvez déposer votre plainte avant la date limite puis demander au Tribunal d’attendre la résolution de l’autre processus avant de traiter votre plainte.
  • Si vous gagnez votre autre cause, le Tribunal pourrait décider de ne pas examiner votre plainte si l’autre cas traitait des mêmes questions. Si l’autre cas traitait de différentes questions, vous pourriez l’expliquer au Tribunal et vous pourriez toujours être en mesure de procéder devant le Tribunal.
  • Si vous perdez votre autre cause et que vous estimez que l’autre processus n’abordait pas les mêmes questions relatives aux droits de la personne, vous pouvez expliquer votre point de vue au Tribunal. Il décidera alors si la question a été réglée ou non.
  • Vous pouvez déposer une plainte contre toute personne qui vous harcèle sexuellement au travail—votre employeur, un collègue, un superviseur, un client ou un entrepreneur. Dans votre plainte, vous pouvez aussi inclure le nom de l’entreprise ou de l’organisation pour laquelle vous travaillez ou travailliez. Même si votre employeur ne vous a pas harcelé, il est responsable de vous protéger contre le harcèlement sexuel et les environnements qui permettent le harcèlement. Consultez Comment signaler le harcèlement sexuel à votre employeur.
Attention

Il est très commun que le Tribunal rejette les plaintes. Votre plainte pourrait être rejetée parce qu’elle a été déposée trop tard, parce qu’elle dépasse la compétence du Tribunal, parce qu’elle est déjà traitée par une autre instance, ou parce que le Tribunal estime que vous n’avez pas de chance raisonnable de gagner. C’est important de faire attention lorsque vous déposez votre plainte afin d’éviter qu’elle ne soit simplement rejetée.

Qui fait quoi?

Plaignant

Lorsque vous déposez une plainte auprès du Tribunal, vous êtes le plaignant. Ça signifie que vous êtes la personne qui dépose une plainte affirmant qu’elle a été harcelée sexuellement.

Intimé

L’intimé peut être toute personne qui vous harcèle ou qui vous a harcelé au travail—votre boss, un collègue, un client ou même un entrepreneur. Il peut y avoir plusieurs intimés. Vous pouvez déposer une plainte à la fois contre la personne qui vous a harcelé et contre votre employeur pour ne pas vous avoir protégé.

Représentant

L’intimé et vous-même avez le droit d’être représentés par un avocat tout au long du processus du Tribunal, quoique vous pouvez aussi vous représenter vous-même. Si vous êtes représenté par un avocat, le Tribunal communiquera généralement seulement avec lui, et ce sera sa responsabilité de vous garder informé.

Médiateur

Si vous acceptez de passer par la médiation, le Tribunal vous aidera, vous et l’intimé, à parvenir à un règlement avec un membre du Tribunal, un médiateur indépendant ou un aîné de la communauté agissant à titre de médiateur. Le travail de cette personne est d’expliquer le processus de médiation à vous et à l’intimé, d’écouter vos histoires et d’essayer de vous aider à conclure une entente. Elle est censée se comporter de façon neutre: elle n’est pas censée prendre parti, ou favoriser vous ou l’intimé. Elle peut vous expliquer pourquoi votre cause est faible ou solide, mais elle ne peut pas prendre de décision à savoir si votre plainte est justifiée ou non. Son but est d’essayer d’arriver à une solution sur laquelle les deux parties peuvent s’entendre afin d’éviter que votre cause ne fasse l’objet d’une audience.

Décideur

Si votre cause fait l’objet d’une audience, le décideur vous écoutera, vous et l’intimé, et décidera si votre plainte est justifiée ou non. Très peu de cas se rendent jusqu’à l’étape de l’audience. Si le décideur détermine que votre plainte est justifiée, il pourrait aussi ordonner à l’intimé de faire toutes sortes de choses, comme vous donner de l’argent à titre d’indemnisation pour ce que vous avez vécu.

Ce que vous aurez à prouver

  • Si le Tribunal recommande que votre affaire fasse l’objet d’une audience, vous devrez convaincre le décideur qu’il y avait plus de 50 % de chances que ce que vous dites qui vous est arrivé s’est vraiment produit et qu’il s’agissait de harcèlement fondé sur l’un des motifs énumérés dans la Loi. C’est ce qu’on appelle le fardeau de la preuve selon la « prépondérance des probabilités ». Le Tribunal s’appuiera sur la norme de la « personne raisonnable » pour déterminer si le harceleur aurait dû savoir que son comportement n’était pas le bienvenu. Cette norme consiste à examiner la situation selon ce qu’une personne raisonnable dans votre position aurait pensé et selon ce qu’une personne raisonnable dans la position du harceleur aurait pensé de la situation. La personne n’a pas besoin d’avoir eu l’intention de vous harceler pour satisfaire à cette norme.
  • Vous aurez l’occasion de raconter votre histoire—ou de témoigner—de soumettre des documents et d’appeler des témoins afin de prouver votre cause. Le harcèlement sexuel se produit souvent lorsqu’il n’y a pas de témoins. Toutefois, le Tribunal tiendra compte de votre témoignage (votre déclaration quant au déroulement des événements et à leurs répercussions sur vous) même s’il n’y a pas de documents ou de témoins pour appuyer ce que vous dites. Vous pourriez avoir à prouver votre cas principalement en racontant votre histoire durant l’audience et en expliquant ce qui s’est passé.
  • Habituellement, il faut plus d’un incident pour qu’il s’agisse de harcèlement. Mais parfois, un incident est si grave qu’il correspond à la définition de harcèlement sexuel. Souvenez-vous que le fait que vous n’ayez pas dit « non » ou « arrête » ne signifie pas que ce que l’intimé a fait n’était pas du harcèlement sexuel. De nombreuses raisons peuvent expliquer pourquoi vous pourriez ne pas vous être senti à l’aise de protester lorsque le harcèlement s’est produit, comme un rapport de pouvoir inégal entre vous et votre boss, ou la crainte d’être puni si vous aviez dit quelque chose à un client important.

Autres considérations importantes

  • Les audiences devant le Tribunal sont normalement publiques. Dans la plupart des cas, les renseignements personnels au sujet des causes et de leurs parties pourraient être accessibles au public et consultables dans des bases de données publiques sur Internet. Dans certains cas, le Tribunal permet aux parties de demander une interdiction de publication, qui est une ordonnance interdisant à l’intimé ou à une autre personne de publier votre nom ou certains détails en lien avec votre cause.
  • Lorsque le Tribunal rédige et publie une décision, cette dernière inclut normalement le nom complet des parties. Mais il ne publiera que les initiales des parties âgées de moins de 18 ans. Si vous ne voulez pas que votre nom complet soit publié et que vous pouvez fournir une bonne raison pour ça, vous pouvez demander à l’arbitre de n’utiliser que vos initiales dans la décision publiée. C’est ce qu’on appelle « l’anonymisation ». Vous pouvez demander l’anonymisation de la décision à tout moment après avoir déposé votre demande. La décision sera prise au cas par cas.
  • Si vous avez besoin que des changements soient apportés au processus du Tribunal, informez-en le personnel dès que possible. Vous pouvez demander des mesures d’adaptation pour des besoins médicaux, des pratiques religieuses ou des besoins linguistiques. Vous pourriez avoir à fournir des renseignements supplémentaires, comme des documents médicaux.

Résultats possibles

La Loi sur les droits de la personne du Nunavut énumère les réparations que le Tribunal peut ordonner à la fin d’une cause pour harcèlement sexuel si vous gagnez. De nombreux facteurs affectent le type et le montant des réparations que vous recevrez. Un de ces facteurs pourrait être votre degré de vulnérabilité et l’importance du déséquilibre des pouvoirs entre vous et le harceleur. Il y a deux catégories de réparations.

Indemnités financières

  • Les dommages-intérêts généraux servent à vous indemniser lorsqu’il y a perte ou atteinte relativement à votre dignité, à vos sentiments et à votre respect de soi.
  • Les dommages-intérêts spéciaux servent à vous indemniser pour les pertes de salaire, ou pour les choses que vous avez eu à vous payer en raison du harcèlement, comme une thérapie. Les dommages-intérêts spéciaux peuvent comprendre des coûts que vous continuerez à avoir, comme les coûts de vos futurs rendez-vous avec un thérapeute.

Indemnités non financières

  • Les réparations de conformité future, ou d’intérêt public, peuvent être des choses comme la modification des politiques de votre milieu de travail. Vous pourriez, par exemple, demander que le harceleur suive une formation concernant les politiques sur le harcèlement sexuel.
  • Les indemnités non financières peuvent également comprendre des choses comme exiger que votre employeur vous donne une lettre de recommandation, ou qu’il fasse ce qu’il faut pour vous retrouver un emploi, au même lieu de travail ou dans un autre. Elles pourraient même comprendre le transfert de votre harceleur à un autre service.

Lors d’une audience, le décideur peut seulement ordonner des réparations prévues par la Loi. Dans le cas d’une médiation, une entente peut comporter n’importe quelles conditions ou réparations sur lesquelles vous et l’intimé vous êtes entendus. Toutefois, le médiateur essaiera habituellement d’aider les parties à décider des réparations en expliquant ce que le Tribunal peut faire et la décision à laquelle il arriverait probablement si une audience était tenue. Apprenez-en plus sur les processus de médiation et d’audience en lisant ce qui suit plus bas.

Le processus du Tribunal, étape par étape

Attention

Le processus du Tribunal est complexe et nous ne présenterons pas chaque étape ici. Vous pouvez trouver des renseignements détaillés au sujet de la procédure complète sur le site Web du Tribunal.

Ici, nous vous fournissons les points saillants afin de vous aider à décider si faire une plainte est le bon choix pour vous. S’il est possible d’aller de l’avant avec une plainte en se représentant soi-même, il s’agit d’une tâche très longue et ardue qui peut avoir des répercussions sur votre santé mentale. Obtenir de l’aide juridique pourrait vous aider à passer au travers de ce processus.

Vous pouvez appeler le Tribunal pour discuter de vos options. Il a été conçu pour aider les gens à déposer leur plainte et pour protéger les droits de la personne. Le personnel du Tribunal est formé pour vous aider avec ce processus. Un agent des droits de la personne du Tribunal des droits de la personne du Nunavut est disponible pour vous aider au 1 866 413-6478.

Vous pourriez être en mesure d’obtenir des renseignements et de l’aide juridiques ici:

  • La Commission des services juridiques du Nunavut, qui est située à Gjoa Haven, au Nunavut (1 867 360-4600), et qui exploite trois cliniques juridiques:
    • Kivalliq Legal Services, Rankin Inlet (1 866 606-9400)
    • Kitikmeot Law Centre, Cambridge Bay (1 866 240-4006)
    • Maliiganik Tukisiiniakvik Legal Services, Iqaluit (1 866 202-5593)

Pour demander de l’aide auprès de ces cliniques, appelez l’une d’entre elles ou composez le numéro sans frais de droit civil (1 866 240-4006, poste 3). Vous pouvez également envoyer un courriel; vous aurez une entrevue au téléphone dans les quelques jours suivants. Ces services sont offerts aux demandeurs admissibles.

Présenter votre demande

Le formulaire de notification que vous devez remplir pour déposer une plainte est disponible en ligne sur le site Web du Tribunal, ainsi qu’un guide pour remplir le formulaire. Vous pouvez soumettre votre demande par la poste, par courriel ou par fax. Vous pouvez demander au Tribunal de vous en envoyer une copie par la poste si vous avez de la difficulté à les télécharger ou si vous n’avez pas accès à un ordinateur ou à une imprimante. Communiquez avec le Tribunal pour obtenir de l’aide pour remplir les formulaires en composant le 1 866 413-6478 ou en écrivant à [email protected].

L’agent des droits de la personne du Tribunal peut vous aider à remplir les formulaires et vous expliquer le processus. Il écoutera votre histoire et vous posera des questions au sujet des événements, de l’effet que le harcèlement a eu sur vous, des réparations que vous demandez et pour savoir si vous êtes intéressé ou non par la médiation. Vous devez présenter une demande dans un délai de deux ans après la dernière fois que le harcèlement s’est produit.

Après votre rendez vous

Le Tribunal enverra la notification à l’intimé et ce dernier disposera d’un délai de 60 jours pour envoyer une réponse. Vous recevrez une copie de la réponse.

À ce stade, le personnel du Tribunal lira la notification et la réponse pour s’assurer que le harcèlement énoncé dans la plainte est fondé sur l’un des motifs prévus par la Loi. Le personnel du Tribunal proposera probablement un règlement des différends au moyen de la médiation. Si vous et l’intimé n’êtes pas en mesure de régler la plainte par médiation, la plainte passera au processus d’audience.

ProcessusÀ quoi ça ressemble
Une fois votre notification déposée, le Tribunal l’examine et souhaite la reporter parce qu’une autre procédure est en cours.Vous pouvez demander au Tribunal de ne pas reporter votre audience et le Tribunal rendra une décision finale. Le processus et la date limite pour demander au Tribunal de ne pas reporter la décision seront compris dans l’avis envoyé par le Tribunal.

Médiation

La médiation est le processus par lequel vous essayez de régler votre cas en arrivant à une entente avec l’intimé. Les deux parties doivent accepter de participer à la médiation. Ce processus ne vise pas à déterminer si vous avez été harcelé sexuellement en vertu de la Loi. C’est une façon d’encourager les parties à régler leur différend sans avoir à passer par une audience durant laquelle une autre personne déterminera si la loi a été enfreinte. Un règlement n’est conclu que si les deux parties sont d’accord. On ne peut pas vous obliger à accepter un règlement.

Le Tribunal peut aider les parties à participer à une médiation à tout moment avant la tenue d’une audience. Le personnel du Tribunal vous parlera de la possibilité d’une résolution rapide aux différentes étapes du processus. La médiation est aussi possible après que l’intimé eut fourni sa réponse. La plupart des cas sont réglés grâce à la résolution rapide ou à la médiation. Seul un petit pourcentage de cas se rend jusqu’à une audience.

Aucune des parties ne choisit le médiateur. Le Tribunal désignera un membre, un médiateur indépendant ou un aîné de la communauté pour agir à titre de médiateur dans votre cas. Le médiateur est une partie neutre qui ne se rangera d’aucun côté avant, pendant ou après le processus. Il travaille avec les deux parties en cause afin d’essayer de trouver une résolution qui convient à tout le monde. Vous pouvez fournir des renseignements ou des documents à un médiateur et lui demander de les tenir confidentiels vis-à-vis l’autre partie.

Ce processus est optionnel, mais il est fortement encouragé par le Tribunal. Rappelez-vous qu’en acceptant un règlement à l’étape de la médiation, votre cause ne fera pas l’objet d’une audience. Le Tribunal ne rédigera pas de décision publique. Mais ça veut aussi dire que votre affaire sera réglée plus rapidement et que vous n’aurez pas à parler de ce qui vous est arrivé durant l’audience ou à répondre à des questions à ce sujet.

Au Nunavut, la médiation a habituellement lieu par téléconférence ou par vidéo.

Après la médiation

ProcessusCe que vous pourriez avoir à faire
Signature de l’entente de règlementSi vous avez conclu une entente, signez l’entente. Ce règlement pourrait comprendre une clause de confidentialité ou une entente de non divulgation séparée.
Signalement de vos inquiétudes à propos de votre médiateurSi vous avez un problème avec votre médiateur, vous pouvez en parler au Tribunal. Il examinera votre demande si votre médiateur a fait preuve de discrimination ou s’il s’est comporté de façon inappropriée, mais pas si c’est seulement parce que vous n’aimez pas le style de médiation du médiateur. Vous aurez besoin d’expliquer les raisons derrière vos inquiétudes (qui, quoi, quand, où), les mesures qui devraient être prises selon vous pour régler le problème, et le résultat que vous souhaitez obtenir.
Application de l’ententeEnvoyer une lettre de demande disant à l’intimé de se conformer à l’entente de règlement.

Communiquer avec le Tribunal et lui dire que l’intimé ne se conforme pas à l’entente de règlement.

Déposer une requête auprès de la Cour de la justice du Nunavut afin de faire respecter la partie de l’ordonnance concernant un versement en argent. Votre entente est un document ou un contrat légal, et l’intimé doit respecter ce qui y est dit. Il s’agit d’un processus complexe et vous devriez obtenir l’aide d’un avocat pour faire ça.

Se préparer à l’audience

Si votre plainte n’est pas réglée, le Tribunal décidera si votre cas fera l’objet d’une audience ou non. Votre notification fera partie des documents du Tribunal, tout comme la réponse de l’intimé.

Le Tribunal communiquera avec vous pour vous demander des renseignements, des documents ou des listes de témoins à différentes étapes du processus. On vous enverra les formulaires que vous aurez à utiliser à chaque étape du processus ainsi que les dates limites pour les soumettre.

Chaque fois que vous préparez l’un des formulaires ou documents, assurez-vous de l’envoyer à l’intimé et au Tribunal.

Choses à faireChoses que vous pourriez vouloir faire
Identifier les personnes qui pourraient servir de témoins dans votre affaire. Communiquer avec elles et prendre en note ce qu’elles savent.Obtenir des assignations à témoigner de la part du Tribunal et les envoyer aux témoins.
 
Échéance: Avant l’audience
Préparer vos questions et vos preuves, et être prêt à raconter votre histoire à l’audience.
Le Tribunal organisera une conférence préparatoire durant laquelle toutes les parties discuteront de l’audience et tenteront de simplifier les prochaines étapes.Demander à l’avance toute mesure d’adaptation dont vous avez besoin, par écrit.
 
Échéance: Bien avant l’audience

La conférence préparatoire à l’audience

La directrice générale du Tribunal organisera une conférence préparatoire durant laquelle toutes les parties discuteront de l’audience et tenteront de simplifier les prochaines étapes. La conférence décrira le déroulement de l’audience. Elle sera organisée une fois que le Tribunal aura reçu tous les documents.

Vous devriez penser à l’avance aux problèmes que vous voulez soulever durant la conférence téléphonique en passant en revue les documents et les déclarations des témoins que vous aurez reçus de la part de l’intimé. Par exemple, l’intimé pourrait essayer de convoquer à l’audience un témoin qui n’a rien à voir avec le harcèlement sexuel que vous avez subi. Vous pourriez être intimidé par cette personne, ou vous pourriez simplement ne pas vouloir que cette personne participe au processus. C’est le genre de problème dont vous pourriez parler et qui pourrait être réglé durant cette conférence téléphonique.

L’audience

Votre audience se déroulera probablement par vidéo ou par téléconférence, ou elle peut être tenue en personne dans un bureau ou une salle de réunion. Les décideurs sont parfois appelés « arbitres », « membres » ou « comité ».

Si vous n’avez pas déjà pris part à un processus de médiation, le membre offrira probablement à vous et à l’intimé une dernière chance d’y avoir recours. Si vous êtes déjà passé au travers d’un processus de médiation sans succès ou si vous ne voulez pas faire ça, l’audience commencera. Les deux parties présenteront leur exposé préliminaire au début de l’audience expliquant l’objet de l’audience. Le Tribunal recevra les documents et entendra les témoins, qui parleront de ce qu’ils savent au sujet de vos allégations de harcèlement sexuel. À la fin, il y aura des observations finales expliquant ce qui a été déposé en preuve et ce que vous demandez au Tribunal.

À la fin de l’audience, l’arbitre examinera l’ensemble des éléments de preuve présentés par vous et l’intimé avant et pendant la tenue de l’audience. Il peut prendre plusieurs mois avant de présenter une décision écrite.

La décision

Le Tribunal vous enverra sa décision par la poste ou par courriel. Si vous avez un avocat, il en obtiendra une copie. La décision peut être publiée sur le site Web du Tribunal.            

La décision de l’arbitre expliquera comment il a examiné les faits et comment il a appliqué la Loi sur les droits de la personnedu Nunavut et d’autres cas ayant fait l’objet d’une décision de la part du Tribunal à votre situation. Il indiquera s’il donne raison ou non à votre plainte et si vous avez été harcelé sexuellement aux yeux de la Loi ou non. Si vous avez gain de cause, la décision de l’arbitre indiquera les réparations que vous recevrez.

Si vous êtes heureux de cette décision et des réparations accordées, vous aurez à vous assurer que l’intimé respecte les ordres donnés dans la décision. Si l’intimé ne fait pas ce qu’on lui a ordonné de faire, vous pouvez prendre des mesures pour faire respecter la décision. Si vous n’êtes pas satisfait de la décision et vous pensez que le Tribunal n’a pas respecté la loi en prenant la décision, vous pouvez demander à un autre tribunal de réviser la décision du Tribunal dans le cadre du processus de révision judiciaire.

ProcessusCe que vous pourriez avoir à faire
Faire respecter la décisionSi l’intimé ne fait pas ce qu’il est tenu de faire en vertu de l’entente de règlement, vous pouvez prendre les mesures suivantes:

Envoyer une lettre de demande lui disant de se conformer à la décision.

Communiquer avec le Tribunal et lui dire que l’intimé ne se conforme pas à la décision.

Déposer une requête auprès de la Cour de la justice du Nunavut afin de faire respecter la partie de l’ordonnance concernant un versement en argent. Votre entente est un document ou un contrat légal, et l’intimé doit respecter ce qui y est dit. Il s’agit d’un processus complexe et vous devriez obtenir l’aide d’un avocat pour faire ça. Consultez Comment trouver un avocat et faire affaire avec lui.
Révision judiciaireSi vous pensez que le Tribunal n’a pas respecté la loi en prenant sa décision, vous pouvez demander à un autre tribunal de réviser la décision.