Lorsque vous êtes harcelé sexuellement au travail, il peut être difficile de savoir quoi faire, ou même de savoir quelles sont les possibilités.

Dans cet article, nous décrirons vos trois principales options, ainsi que les avantages et les inconvénients de chacune. Nous vous dirons également qui a tendance à choisir chaque option et comment ça se passe pour ces personnes-là.

Lorsque vous êtes harcelé sexuellement au travail, il y a un million de choses que vous pourriez faire. Mais elles se résument toutes à une seule grande décision.

Vous allez faire l’une de ces trois choses:

  1. rester au travail sans faire de plainte officielle
  2. signaler officiellement ce qui arrive à une personne en position d’autorité
  3. quitter votre emploi et en trouver un nouveau

Avant d’examiner les avantages et les inconvénients de chaque choix, nous voulons vous dire quelque chose.

Vous devriez vous sentir à l’aise de faire confiance à votre instinct. Vous allez probablement prendre la bonne décision pour vous.

Comment le savons-nous?

Nous avons interrogé des centaines de personnes qui ont été harcelées sexuellement. Nous avons parlé à des dizaines d’autres. Nous avons lu des centaines, peut-être des milliers, d’histoires de personnes sur les médias sociaux et dans des livres, des articles et des études universitaires.

Nous avons appris que les gens gèrent le harcèlement sexuel de toutes sortes de façons. Nous avons aussi appris que la plupart des gens finissent par se sentir bien par rapport à ce qu’ils ont décidé de faire.

Les gens peuvent avoir des regrets. Mais ils ne regrettent pas souvent la façon dont ils ont géré le harcèlement. Ce qu’ils ont tendance à regretter, c’est le temps qu’ils ont passé à faire des recherches, à s’inquiéter et à angoisser avant de pouvoir prendre une décision.

Notre objectif avec cet article est de vous donner des renseignements afin que vous puissiez évaluer vos options. Nous voulons vous aider à passer plus vite à travers la phase de l’inquiétude et de l’angoisse, afin que vous puissiez aller de l’avant plus rapidement et en toute confiance.

Alors voilà. Voici vos options.

Option 1: Rester au travail et essayer de vivre avec la situation

C’est ce que la plupart des gens font, du moins au début, du moins pendant un certain temps.

Certains ne parlent de ce qui se passe à personne, mais prennent discrètement des mesures pour essayer d’assurer leur sécurité. Certains essaient d’avertir d’autres personnes de façon discrète. Certains parlent directement avec le harceleur pour essayer de l’arrêter. Certains se plaignent officiellement à leur boss. Certains essaient d’ignorer le harcèlement et se concentrent plutôt sur leur propre carrière et leurs propres objectifs.

Pourquoi essayer de rester au travail et de vivre avec la situation?

Si le harcèlement est relativement léger et ne se répète pas, ça peut être une très bonne stratégie. Vous pouvez garder votre emploi, et rien ne change vraiment pour vous sur le plan du travail.

Pourquoi ne pas faire ça?

Il y a toujours un risque que le harcèlement s’aggrave et que vous finissiez par être gravement blessé.

Même si ça ne se produit pas, si le harcèlement est grave ou dure longtemps, ça peut vraiment vous faire du mal. Et nous devons vous avertir: les dommages ne sont pas toujours évidents à voir sur le coup.

Le harcèlement—surtout lorsqu’il est grave ou qu’il dure très longtemps—peut vous causer toutes sortes de problèmes. Il peut faire en sorte que vous aimiez moins votre travail. Il peut vous distraire de votre travail d’une façon qui vous rend moins bon dans votre travail. Il peut vous rendre anxieux. Il peut vous amener à vous automédicamenter avec des drogues ou de l’alcool. Vous pouvez finir par vous sentir trahi, soupçonneux et cynique à l’égard des gens. Et si votre travail vous oblige à faire semblant d’être d’accord avec le harcèlement (par exemple, si vous êtes obligé de rire des « blagues » que font les gens, ou de supporter des insultes, ou d’être touché, ou de vous faire faire des avances à répétition, ou de vous faire demander des questions personnelles)—eh bien, cela peut vraiment vous épuiser.

C’est aussi injuste. Vous méritez un emploi sans harcèlement. Vous ne devriez pas avoir à juste prendre sur vous et à essayer de faire face à la situation tout seul.

Rester au travail, c’est ce que les gens font si le harcèlement semble trop léger pour que ça vaille la peine de quitter le travail ou de signaler, ou si l’emploi est à court terme et qu’ils partent bientôt de toute façon.

Les gens le font aussi s’ils ont l’impression qu’ils n’ont pas le choix. S’ils ne croient pas que le signalement donnera quelque chose de bon, et s’ils ne veulent pas se trouver un autre emploi, ou s’ils ne peuvent pas le faire—eh bien, dans ces circonstances, les gens essaieront souvent de rester et de se débrouiller avec leur emploi actuel.

Pour certaines personnes, ça fonctionne bien.

Mais c’est risqué. Certaines personnes le font, puis se rendent compte des années, ou même des décennies plus tard, que les effets cumulatifs du harcèlement nuisaient vraiment à leur santé mentale et à leur bonheur—beaucoup plus qu’elles ne s’en rendaient compte à l’époque. Bon nombre d’entre elles finissent par décider de démissionner ou de porter plainte, et certaines auraient aimé le faire plus tôt.

Option 2: Signaler le harcèlement

Nous utilisons le mot « signaler » ici pour désigner une plainte officielle. Le harcèlement sexuel au travail est illégal, et si vous portez plainte à une personne en position d’autorité, elle est censée faire cesser le harcèlement.

Selon la situation, il y a de nombreuses façons de porter plainte. Vous pouvez vous adresser à la police. Vous pouvez faire une plainte officielle à votre employeur. Vous pouvez vous plaindre à votre syndicat. Vous pouvez vous plaindre à un organisme de défense des droits de la personne. Vous pouvez traîner votre employeur devant les tribunaux. Vous pouvez rendre l’affaire publique.

Pourquoi signaler?

En théorie, c’est la chose la plus évidente à faire. Vous devriez être en mesure de signaler le harcèlement, et quelqu’un devrait intervenir et faire cesser le harcèlement.

Pourquoi ne pas le signaler?

Parce que souvent, ça ne fonctionne juste pas de la manière dont ça devrait, et ça peut en fait créer de nouveaux problèmes encore pires pour vous.

Si vous avez un bon employeur, le signalement peut très bien fonctionner. Vous le dites à quelqu’un, il fait cesser le harcèlement, et c’est tout.

Mais ce n’est pas ce qui se passe habituellement.

Souvent, ce qui arrive en réalité, c’est que vous portez plainte et que vous finissez par être étiqueté comme un fauteur de trouble ou un problème à cause de ça. Les gens à votre travail réagissent comme si le vrai problème n’était pas le harcèlement, mais vous, la personne qui le signale. (Ouais, on le sait. Ça fait chier.) Vous finissez par être puni. Votre employeur commence à mal vous traiter ou vous congédie.

Certaines personnes, si elles ne sont pas satisfaites de la façon dont leur employeur a géré leur plainte, iront plus loin—par exemple, en faisant une plainte auprès d’un organisme des droits de la personne ou en traînant leur employeur devant les tribunaux. Ce sont des processus chers et longs, et les chercheurs disent qu’ils peuvent être très difficiles pour votre santé mentale.

Qui signale?

Deux sortes de personnes. Les gens qui croient que leur employeur gérera bien leur plainte. Et les gens qui croient que le harcèlement est tellement grave qu’ils doivent le signaler, même s’ils pensent qu’il ne sera pas bien géré.

C’est vraiment pas beaucoup de gens.

Des chercheurs ont mené des centaines d’études et de sondages au Canada et dans d’autres pays depuis les années 1970, et ils ont tous constaté la même chose: la plupart des cas de harcèlement sexuel au travail ne sont jamais officiellement signalés. Ç’a toujours été vrai, et c’est encore vrai aujourd’hui, même après #MeToo.

Les gens qui signalent ont tendance à être plus âgés. Même si le harcèlement est plus fréquent dans la vingtaine et au début de la trentaine, les données américaines révèlent que l’âge moyen d’une personne qui signale est de 47 ans. Certains chercheurs pensent que c’est parce que les personnes plus âgées sont plus susceptibles de savoir comment signaler un incident ou d’être dans une situation où elles pensent qu’elles peuvent signaler sans être punies. D’autres pensent que c’est parce que les personnes plus âgées sont juste plus tannées et écoeurées parce qu’elles subissent du harcèlement depuis vraiment longtemps.

Les chercheurs disent que les gens qui signalent le harcèlement—et surtout ceux qui le font publiquement—ont tendance à le faire pour des raisons morales. Ils sont furieux. Ils ne pensent pas nécessairement que le fait de signaler le harcèlement sera utile. Ils ont juste l’impression qu’ils n’ont pas le choix sur le plan moral.

Option 3: Quittez votre emploi

Beaucoup de gens finissent par quitter leur emploi pour échapper au harcèlement. Une étude a révélé que, deux ans après avoir été harcelées, quatre personnes sur cinq travaillaient ailleurs.

Certaines personnes quittent carrément leur industrie. Si vous travaillez dans un domaine où il y a beaucoup de harcèlement—comme l’hôtellerie, ou dans un milieu majoritairement masculin comme la police, la construction ou le développement de logiciels—eh bien, vous voudrez peut-être juste sortir de là. Vous pourriez avoir l’impression que vous seriez mieux dans une industrie où vous n’avez pas à faire constamment face à du harcèlement.

Pourquoi quitter votre emploi?

Parce que ça fonctionne. Quitter votre emploi est la façon la plus rapide et la plus efficace de mettre fin au harcèlement. Ça vous éloigne du harceleur et d’un milieu de travail malsain. Vous pourriez vous retrouver dans un nouvel emploi—ou même dans une toute nouvelle carrière—où vous ne serez plus harcelé.

Pourquoi ne pas quitter votre emploi?

Parce que vous ne devriez pas avoir à le faire. Vous devriez pouvoir choisir votre travail en fonction d’autres raisons, comme les emplois disponibles, ce dans quoi vous êtes bon et ce que vous aimez faire. Vous ne devriez pas avoir à choisir votre travail en fonction de la probabilité que vous soyez harcelé en le faisant.

Autre mauvais côté au fait de démissionner: ça peut être étonnamment mauvais pour vous sur le plan financier. Vous vous souvenez de l’étude qui disait qu’il était courant que les gens aient un nouvel emploi après avoir été harcelés? Elle a constaté que, dans leurs nouveaux emplois, tous ces gens gagnaient moins d’argent.

Qui quitte son emploi?

Des gens qui ne sont pas très attachés à leur emploi actuel et qui peuvent facilement en trouver un autre. Des gens qui ont été harcelés pendant longtemps, ou qui vivent du harcèlement très grave, et qui n’arrivent pas à trouver un moyen d’y mettre fin. Les gens qui ne veulent pas signaler ce qui se passe parce qu’ils ne font pas confiance à leur employeur pour bien gérer la situation.


Alors, c’est tout. Ce sont vos options.

Nous tenons à le répéter: nous croyons que vous allez bien gérer ça. Vous vous connaissez et vous connaissez votre situation. Vous pouvez vous faire confiance pour gérer la situation de la façon qui vous convient le mieux.

Nous voulons vous dire une dernière chose: parfois, lorsque nous avons parlé avec des gens, ils nous ont dit qu’ils se sentaient coupables par rapport à la manière dont ils avaient géré le fait d’être harcelés. Ils avaient l’impression d’avoir fait le bon choix pour eux, mais ils se sentaient mal de ne pas avoir fait quelque chose de « courageux » ou qui aurait aidé d’autres personnes. Certaines personnes ont dit qu’elles avaient ressenti de la pression pour « se défendre » et « contre-attaquer », et elles se sentaient mal de ne pas l’avoir fait.

Si vous pensez de cette façon, nous vous supplions, s’il vous plaît, de lâcher prise.

Tous les choix sont courageux. Chaque décision est honorable.

Si vous avez besoin de la permission d’étrangers sur Internet pour vous dire que c’est correct de faire ce qui est bon pour vous, nous sommes ici pour vous donner cette permission avec enthousiasme.

Nous vous encourageons à vous concentrer sur vos propres besoins, intérêts, espoirs, rêves et objectifs.

Nous vous encourageons à prendre la meilleure décision pour vous.