J’ai récemment fait mon coming-out en tant que femme trans. La plupart de mes collègues ont été d’un incroyable soutien. Cependant, mon apparence ne correspond pas aux attentes des gens par rapport à ce qu’une femme devrait avoir l’air et devoir constamment répondre à des questions inconfortables est fatigant.

Nous avons des macarons avec nos pronoms et je porte celui avec le pronom « elle ». Quand les clients voient ça, ils pensent que c’est une blague: « Hein, c’est quoi ton vrai nom? » Je réponds simplement: « Oh, c’est bien mon nom. C’est comme ça que je m’identifie. » Parfois, les clients peuvent être très vulgaires et irrespectueux: ils posent des questions sur mes organes génitaux et ma vie sexuelle. Il y a eu ce gars désagréable; il parlait très fort à un autre employé. Il a fait un geste vers moi et a dit des choses comme: « Ce gars là-bas qui aime sûrement le sexe, les pénis, et tout le reste. » En tant qu’employée, je ne peux pas vraiment répondre aux clients, mais ça me gruge de l’intérieur.

Il y a eu un incident avec un homme, un collègue, qui m’a vraiment bouleversée. Avec du recul, j’aurais probablement dû en parler à la direction, mais comme je le connaissais, je ne pensais pas que c’était la bonne solution. Dès que je lui ai parlé de mon identité trans, il a immédiatement commencé à utiliser mes nouveaux pronoms, mon nouveau nom et tout, et il a été très gentil. Mais un jour, il me prend à part et me dit qu’il a fait des recherches. Il me demande ensuite: « Penses-tu faire l’opération? »

J’ai essayé de rester vague et j’ai dit: « Eh bien, je ne sais pas, je n’ai pas encore décidé si j’allais faire une chirurgie faciale ou quelque chose d’autre. » Il réplique: « Tu sais que ce n’est pas de ça que je parle. » C’était très malaisant. Il dit ensuite: « Je m’excuse de te dire ça, mais si tu fais ça, t’as un crisse de problème dans la tête. »

Je reconnais qu’il me parlait probablement de cette façon parce qu’il se faisait du souci pour moi, qu’il s’inquiétait de ce qui allait m’arriver et de ma santé. Mais je n’étais pas capable de me sortir ça de la tête. Alors, je l’ai confronté et lui ai dit de ne plus jamais me parler de ça et il a accepté de ne plus le faire. Il commençait à devenir mon ami, mais après que je l’ai confronté, il est redevenu très distant.

Je sais que les gens sont comme ça, mais je ne veux pas être constamment harcelée. C’est juste frustrant parce que je vais devoir gérer ça pour le reste de ma vie et que ça va probablement empirer avec le temps. À mesure que mon apparence devient de plus en plus ambiguë, je me sens un peu plus déprimée et apathique par rapport au fait que le monde ne changera jamais. Ça prend beaucoup d’énergie, mais je sais que ça va en prendre beaucoup plus si je m’en fais avec toutes les idées fausses et les suppositions que les gens ont sur mon genre. Je sais que peu importe où je vais, je vais probablement faire face à pas mal de transphobie.

Malgré tout, un bon nombre de personnes me soutiennent et sont heureuses pour moi, alors il y a beaucoup de bons côtés à avoir fait mon coming-out et à assumer pleinement qui je suis.